Stockage et logistique : vers plus d’automatisation
Pour gagner en productivité, augmenter les cadences, réduire les délais, tout en veillant à instaurer davantage de sécurité dans les ateliers, les industriels passent à l’automatisation du stockage.
« Actuellement, de nombreuses entreprises investissent pour rendre la manutention plus flexible et organiser les flux tendus dans les ateliers », constate Alexandre Giraud, responsable commercial chez Ryko. Selon la taille des entreprises et leurs budgets, ces équipements sont manuels, semi-automatiques ou 100 % automatisés. Néanmoins, affirme Alexandre Giraud, « l’automatisation du stockage des profilés se développe ».
En France, la problématique du stockage est particulière compte tenu de la variété des profilés. Sur le terrain, tous les acteurs du secteur ne sont pas encore équipés, ce marché est en devenir.
Transitique de stockage © Tecauma
Mais il est porté par l’évolution des menuiseries et les nouveaux process – comme le collage du vitrage – qui exige un système de stockage automatique. Bernard Lunven, chef des ventes d’Ohra, évoque « une progression des demandes d’installations automatiques chez les fabricants de profilés et les gros industriels, avec pour ces derniers, une attention particulière portée au stockage du produit fini ».
Le taux d’équipement en France serait en retard par rapport à celui de nos voisins allemands, autrichiens ou suisses qui ont investi très tôt afin de pallier le manque de place dans les ateliers. Les avantages de l’automatisation sont connus : elle améliore la rentabilité de l’entreprise et la qualité des produits finis. Si la robotisation réclame des budgets élevés, « elle s’accompagne d’une diminution des coûts de manutention, d’une réduction des besoins en surface de stockage et d’une amélioration de la qualité, puisque les profilés prélaqués ne risquent plus d’être abîmés », affirme Bernard Lunven.
Les PME, de leur côté, s’équipent en rayonnage manuel, alimenté par des chariots élévateurs frontaux ou multidirectionnels, selon la taille de l’entreprise.
Différentes zone de stockage
L’automatisation est efficace. D’ailleurs, les entreprises qui se sont déjà équipées en redemandent ! Car elles ont tendance, pour augmenter leur capacité de production quotidienne, à vouloir encore accélérer le rythme de sortie des produits. « L’automatisation du stockage correspond au passage en mode industriel, les capacités sont démultipliées, passant de quelques dizaines de fenêtres par jour à quelques centaines », commente Christian Touchais, consultant stockage Kasto.
Le fabricant adapte ses produits à la demande en ajoutant des alvéoles. « Nous accompagnons nos clients dès le début de leur réflexion, au moment où ils pensent à agrandir leurs locaux pour analyser quel nid d’abeille est le plus adapté en fonction du nombre de civières à stocker », indique Christian Touchais.
Dans les usines, plusieurs zones de stockage doivent être prévues. C’est du moins le conseil de Gervais Gendre, chef de marché menuiseries et ouvertures chez Tecauma, concepteur de lignes de production automatiques, « pour gagner du temps, de l’espace, et une meilleure visibilité sur le déroulement de la production », estime-t-il. En début de ligne, Tecauma propose des transstockeurs spécifiques.
En sortie de centre d’usinage, « nos clients optimisent la matière en regroupant plusieurs commandes dans des casiers qui sont acheminés vers la ligne de montage. Un stockage temporaire est ainsi organisé entre l’usinage et l’assemblage », poursuit Gervais Gendre. Le stockage temporaire concerne toutes les phases de montage (serrage, vissage, etc.). C’est notamment pour ces phases intermédiaires de production, entre la découpe et l’usinage, que Comall a bâti une offre.
Carr 600 pour le stockage et la manutention des menuiseries en cours ou finies © Comall
« Nous développons des chariots de stockage pour accueillir les profils débités et les acheminer vers le montage puis l’assemblage », confirme Catherine Crestey, porte-parole de la marque. « Les chariots sont fabriqués en acier soudé et thermolaqué. Les zones de contact sont recouvertes d’un matériau antichoc et antirayure. Ils sont équipés de quatre roues directionnelles pour faciliter le déplacement, dont deux roues autobloquantes pour le stockage », précise-t-elle. Le stockage des cadres s’effectue de préférence à la verticale pour les dormants et indifféremment à la verticale ou à l’horizontale pour les ouvrants.
Carr 230 : chariot pour le stockage ou la manutention des profils débités, entre le poste de débit et le poste d’assemblage © Comall
Du poste de montage au poste de vitrage, les menuiseries sont transférées via des convoyeurs. En fin de ligne, les menuiseries à expédier sont regroupées et stockées à la verticale sur des navettes. « Lorsqu’un lot est complet, il est envoyé à la palettisation dans le bon ordre, ce qui permet d’obtenir un encours de palettes réduit », précise Gervais Gendre.
Cette organisation est surtout soutenue par un système d’information calé au millimètre. « Nous développons un logiciel de gestion en lien avec l’ERP, dès qu’une palette est complète, l’ERP reçoit l’information et lance l’expédition. L’échange d’information est essentiel, notre solution favorise la gestion du stock et le suivi de production, deux fonctions appréciées par nos clients », commente Gervais Gendre. Le système, évolutif, peut intégrer des équipements supplémentaires et simplifie le dialogue homme-machine.
Ohra propose également des solutions intégrées, rayonnages, robots et programmes informatiques compris. « L’enjeu principal étant d’assurer la protection du produit et de fournir un rayonnage à la résistance irréprochable », rappelle Bernard Lunven.
Stockeur et classeurs pour le verre
Dans le secteur du verre, Daniel Kolopp, directeur d’Hegla France, constate également « une augmentation conséquente du nombre de références qui implique, soit de prévoir davantage de positions dans le stock, soit de recourir au stockage mobile afin de récupérer de la surface disponible ».
Les produits évoluent peu, mais la manutention, elle, doit tenir compte de la taille des vitrages qui s’agrandit. Les opérateurs ne peuvent plus supporter le poids de vitrages XXL, d’où les tables qui sont approvisionnées automatiquement. « Nous automatisons le flux de la dépose, de l’ordre jusqu’à la ligne de vitrage isolant », explique-t-il. Aujourd’hui, « en France la présence des opérateurs reste de mise, car ils surveillent la ligne, mais dans certains pays, comme en Pologne par exemple, il existe des systèmes de tri 100 % automatiques », ajoute-t-il. La tendance est moins à l’évolution des produits qu’à la modernisation de l’utilisation des classeurs.
Système de management de stockage installé par Bottero en 2018 © Bottero
Nous devons répondre à deux types de demandes », résume Eric Mercier, responsable commercial Bottero France, qui n’est pas fabricant de classeurs, mais travaille en étroite collaboration avec des spécialistes : « primo, celles des petits miroitiers qui ont besoin de rationaliser parce qu’ils gèrent un nombre de références de plus en plus importants et doivent avoir du stock pour tenir des délais plus courts que par le passé ». La réponse idéale passe, selon cet expert, par des classeurs semi-au tomatiques. Secundo, celle des industriels qui cherchent à automatiser l’approvisionnement au niveau de la découpe. « Bottero a signé un gros projet avec la SA Michel Deschanet qui mène en 2019 un projet d’automatisation de toutes les phases de la production de vitrage isolant », se félicite Eric Mercier. Du déchargement des camions de verre, au stockage (100 références), à la coupe du verre grâce à des lignes de dernière génération, jusqu'à l'assemblage final en double et triple vitrage, tout le process sera automatisé, soit 96 positions de stockage automatisé.
D’autres projets, plus modestes, sont menés avec l’installation de classeurs semi-automatiques, des investissements à la portée des TPE.
Classeur 2 niveaux - Axitec © Axitec
Axitec propose également des solutions de stockage qui s’inscrivent dans un projet global d’aménagement de poste et de rationalisation de l’espace de travail. Le fabricant axe sa valeur ajoutée sur sa capacité à concevoir des solutions sur-mesure pour faire face à une concurrence étrangère forte. « Il est ainsi possible de personnaliser la configuration du stockeur, avec par exemple quelques pupitres à 2 niveaux pour stocker uniquement les chutes, de modifier les cotes pour s’intégrer dans des espaces restreints, ou encore d’étudier des équipements en kit pour l’export maritime », précise Mélanie Chauvet, chargée de marketing et de communication chez Axitec.
Ce fabricant propose en outre des ensembles complets, incluant le levage (par exemple potence), la préhension (palonnier à ventouses) et le stockeur. Pour plus d’harmonie dans l’approche.
Kasto préserve l’environnement
Christian Touchais, consultant chez Kasto, milite avec le fabricant allemand pour des équipements plus propres © Kasto
Avec son transstockeur à récupération d’énergie, Kasto se positionne comme un acteur attentif aux enjeux environnementaux.
L’énergie libérée par l’un des moteurs du transstockeur lors du freinage est mise à disposition de l’autre moteur, tandis que le surplus peut être réinjecté dans le réseau ou demeure dans le magasin de stockage jusqu’à son utilisation. |
V.M.