Verrières de toit, les promesses d'une lumière naturelle
Produit de niche pour les uns, produit tendance pour les autres, la verrière attire les convoitises. Économie d’énergie, lumière naturelle, le produit s’inscrit dans l’air du temps…
284 vitrages en toiture
Le bâtiment Linux à Limonest (69) qui abrite le siège de Blédina (groupe Danone) inauguré en début d’année est coiffé d’une verrière de 284 vitrages triangulaires de dimensions différentes.
L’ouvrage baigne le coeur du bâtiment de lumière. « Typiquement, ce projet a été doté de verre à contrôle solaire, avec un facteur solaire très bas (ipasol 25-17), compte tenu des étés très chauds de la région et de la taille de la verrière », commente Valérie Vandermeulen, responsable communication et marketing d’AGC.
Linux, le siège de Blédina à Limonest (69) Architecte : Soho Atlas Architectes © Guillaume Perret AGC Glass Europe
«En volume, ce marché se développe surtout dans le secteur tertiaire, mais nous observons que les puits de lumière ont de plus en plus de succès auprès des particuliers », constate Sébastien Joly, responsable marketing de Riou Glass.
Le verre rSun 41-22 de Riou Glass a été développé spécifiquement pour les verrières © Riou Glass
La verrière se pose dans le neuf ou dans l’existant. Ainsi, indique Gilles Michau, gérant des Verrières du Nord, « nous réalisons 60 % de notre chiffre d’affaires dans le neuf, 40 % en réhabilitation, soit en dépose totale d’une verrière à remplacer, soit en implantation d’une verrière jusqu’alors inexistante ». Alors que le spécialiste propose des services de SAV exclusivement sur ses produits, il s’interroge sur l’opportunité d’élargir cette offre.
Au niveau des matériaux, Gilles Michau constate un certain engouement pour l’acier : « j’ai repris l’entreprise il y a huit ans ; à l’époque, l’essentiel de la production était en aluminium, aujourd’hui, l’acier représente 50 % de notre CA ».
Une hausse qu’il explique par les qualités intrinsèques du matériau : « la structure offre une plus grande finesse et une plus grande résistance mécanique, or avec des profils très fins, nous répondons aux demandes des architectes, d’autant que nous concevons et soudons les profils à la demande ».
Le dôme du ZooParc de Beauval
Le groupe CMF met en oeuvre un dôme de 10 000 m² de surface vitrée avec six couronnes de ventilation dans le bâtiment en cours de construction au ZooParc de Beauval. Le dôme abritera la réception du public ainsi qu’un espace dédié à la présentation de reptiles. L’enjeu ? Assurer la gestion climatique, en faisant baisser la température intérieure malgré la couverture 100 % vitrée !
Le dôme du ZooParc de Beauval, actuellement en construction © groupe CMF
Du tertiaire au residentiel
Dans le tertiaire, l’engouement est suffisamment notable pour que Velux, historiquement positionné sur le marché résidentiel, propose une solution dédiée. « Velux met son expertise au service du marché tertiaire, des écoles, des bâtiments commerciaux avec une solution innovante car préfabriquée, qui conserve toute sa fiabilité en termes d’étanchéité et qui est facile à poser », indique Chloé Brismontier, chef de produit Velux.
Le Centre commercial Villebon 2 : construction d’une extension équipée de 10 verrières doubles et 7 verrières linéaires signées Velux - Maître d’ouvrage : Immochan Architecte : BEG et Atelier Duchiron - Installateur : SMD Duchiron © Velux
Lancée depuis plusieurs années, la solution de Velux reçoit un bon accueil. « Les architectes apprécient son design, d’ailleurs nous l’avons conçu avec des architectes qui n’ont pas hésité à nous challenger sur ce point, la motorisation est invisible, puisqu’intégrée dans le raccord d’étanchéité à l’extérieur, ce qui plait à la maîtrise d’ouvrage, également sensible à la fiabilité de l’étanchéité », ajoute-t-elle.
Bref, le produit répond à des attentes. L’Atelier Bailleul, fabricant de verrières mixtes bois/aluminium, qui commercialise ses produits à des particuliers et à des couvreurs, a également pris soin d’intégrer l’étanchéité à la structure, entre la verrière et la toiture. « Le raccord est déjà posé lorsque la structure conçue sur-mesure, sort de notre entreprise », indique Jérôme Bailleul, gérant.
Verrière en toiture à Pantin (93) réalisée par l’Atelier Bailleul © Atelier Bailleul
Réservée aux résidences haut de gamme dans le secteur de l’habitat, la verrière en toiture perce aussi le marché des particuliers. « Il s’agit d’une cible spécifique, sensible à l’environnement, au confort et qui a besoin de conseils », témoigne Jérôme Bailleul.
Pour ce spécialiste, l’avenir appartient aux verrières qui s’ouvrent, car le concept sert la tendance du vivre dedans dehors. « Ce produit devrait notamment séduire les citadins qui manquent d’espace, nous leur proposons une verrière coulissante qui se stocke dans l’épaisseur du toit lorsqu’elle est ouverte », ajoute-t-il.
Le choix du vitrage
Les verres de contrôle solaire sont aujourd’hui adoptés. Ils ont bénéficié d’un gros travail de prescription qui porte ses fruits. Le choix du "bon" vitrage est primordial. « Et il dépend de nombreux paramètres comme le rapport volume d’air et surface vitrée, la localisation géographique de l’ouvrage et son exposition, l’inclinaison du toit, la perception humaine des températures », explique Jérôme Bailleul.
Le ratio entre la lumière naturelle souhaitée et le facteur solaire en dépend. « Il n’y a pas besoin de beaucoup de transmission lumineuse en toiture, en revanche, il faut tenir compte de l’environnement, de l’orientation du bâtiment et des éventuels masques », ajoute Isabelle Pirès, chef de marché Tertiaire Saint-Gobain Glass Bâtiment France. Le cas échéant, une protection solaire additionnelle pour éviter l’éblouissement peut être prévue, qui influence aussi le choix du vitrage.
Quoi qu’il en soit, « un mauvais choix pourrait s’avérer désastreux en termes de confort, et nos gammes permettent de répondre à tous les besoins, d’une protection modérée à une très forte protection (Xtrem 50-22), recommandée pour des grandes surfaces vitrées, marexposées sud. Un puits de lumière de petite dimension, par exemple, peut se contenter d’un vitrage Xtrem 70-33, car il fait entrer la lumière tout en repoussant les deux tiers de l’énergie solaire », ajoute Isabelle Pirès.
L’électrochrome et ses fonctionnalités d’occultation, auraient également une carte à jouer sur le marché de la verrière, puisqu’il permet d’éviter l’usage d’une protection solaire.
La question centrale est d’éviter la surchauffe. En toiture, les contraintes sont plus importantes qu’en façade, les températures y sont plus élevées, les profils doivent être ventilés pour éviter la condensation. Certes, les verres de contrôle solaire repoussent l’énergie, mais le groupe CMF va plus loin dans la démarche.
Metropolitan à Paris, bureaux équipés de verrières, un chantier réalisé par les Verrières du Nord en 2017 Maître d’ouvrage : SCI Delorme Architecte : Studios Architecture, vitrage électrochrome SageGlass © Verrières du Nord
Historiquement positionné dans le domaine des serres, puis de la jardinerie, cette entreprise a développé une gamme de profilés aluminium avec pour objectif de gérer le confort thermique dans les lieux recevant du public. « Nous souhaitons mettre notre maîtrise de gestion du climat et notre savoir-faire en matière de ventilation naturelle au service du confort des personnes », indique Eric Laget, directeur commercial et marketing du groupe CMF.
Le CEA Tech a présenté les résultats de tests réalisés in situ. « Cette étude démontre les effets bénéfiques des atriums bioclimatiques sur le confort en été (5 ou 6 ° en moins) comme en hiver (11 à 12 ° en plus). En outre, le taux de renouvellement d’air est très performant (en moyenne + de 30 vol/h) », relève Eric Laget.
Verres feuilletés et autonettoyants
Le double vitrage utilisé en verrière est composé d’un verre feuilleté pour garantir la sécurité des occupants.
Pilkington SunCool™ Dynamic, contrôle solaire dynamique pour assurer une protection solaire à l’intérieur des bâtiments © Pilkington
Aujourd’hui, les verriers poussent également leurs solutions autonettoyantes. « La verrière est par définition difficile d’accès, la couche facile d’entretien, comme Planibel Easy, y trouve toute sa place, d’autant que dans le secteur tertiaire, elle contribue à réduire les coûts de nettoyage », argumente Valérie Vandermeulen. Même discours chez Riou Glass : « tous nos verres de contrôle solaire peuvent embarquer en face, une couche autonettoyante », précise Sébastien Joly.
Le premier agent agit avec les rayons U.V. pour dégrader les particules organiques que l’eau de pluie chasse. « Beaucoup sont encore sceptiques quant à l’efficacité du système, mais ça fonctionne vraiment bien, nous avons eu des retours de notre premier chantier – la piscine de Bezon – et les utilisateurs sont satisfaits, la verrière reste propre », assure Philippe Grell, Pilkington. Un point positif de plus !
V.M.