Le BBC 5 ans après : où en est-on ?

Le BBC 5 ans après : où en est-on ?

Labels et réglementations thermiques se succèdent, cherchant à améliorer le confort dans le bâtiment en réduisant les consommations d’énergie, voire en le rendant autonome…




Entrée en vigueur en 2013 et remplaçant la RT 2005, la RT 2012 a corrigé les imperfections du Bâtiment Basse Consommation (BBC). Cinq ans après l’entrée en vigueur de l’obligation de « construire » BBC, pour Sylvain Gaudard, responsable communication de Profialis, le constat est sans appel : « depuis l’entrée en application de la RT 2012, le marché de la menuiserie s’est recentré vers des solutions globalement plus performantes. Nous avons assisté à la diminution des fenêtres Uw≥1.6 (24 % en 2012,16 % en 2017, tous matériaux confondus), à la quasi disparition des fenêtres Uw≥2.0 (0.1% en 2017) et à l’augmentation des fenêtres Uw<1.2 (5 % en 2012, 8 % en 2017, tous matériaux confondus) ».

 

Un bilan positif donc. « Le BBC est entré dans les moeurs », confirme Olivier Dirringer, directeur commercial de Rehau France. « Nous constatons une augmentation globale des demandes de certifications BBC à travers les années, laquelle traduit très probablement une prise de conscience des enjeux climatiques, mais aussi des bénéfices financiers qui découlent de la norme.

 

Les labels Effinergie 2017 ont notamment bénéficié d’une forte croissance dans le secteur tertiaire au cours des 6 derniers mois.Ainsi, 39 bâtiments, regroupant 415 000 m² sont concernés par un des labels de l’association Effinergie », ajoute Marion Vincenot, chargée de communication AluK. Le BBC a permis au secteur d’évoluer. « La profession était focalisée sur le coefficient U, aujourd’hui elle s’intéresse à d’autres notions, comme la transmission naturelle et le facteur solaire, une révolution pour nous », confie Sébastien Joly, directeur marketing-communication chez Riou Glass.

 

La RT 2012 a encouragé le secteur à raisonner différemment. « En réalité, le bâtiment a retrouvé un peu de bon sens, alors que les premières maisons BBC se résumaient à un cube recouvert d’un bardage, percé d’ouvertures de petites dimensions, au motif que le vitrage est moins isolant qu’un mur, bref une ineptie totale », ajoute Sébastien Joly. La RT 2012 a mis un coup d’arrêt à ce mode constructif et replacé les apports des baies vitrées sur le devant de la scène : lumière naturelle, chaleur, apport solaire. Aujourd’hui, les produits disponibles jonglent entre la transmission lumineuse et le facteur solaire pour améliorer le confort des occupants, tout en réduisant la consommation d’énergie.

 

Ecoconception et développement durable, axe majeurs d'innovation

 

Lors du discours de clôture de la 44e édition du Zak World of Façades, cycle de rencontres entre professionnels, Jacques Llados, directeur général de Schüco SCS a souhaité revenir sur 4 axes majeurs d’innovations :

  • La notion de progrès qui doit invariablement prendre en compte les gens et leurs cultures,
  •  Le digital qui permet aujourd’hui de soutenir l’évolution des process de fonctionnement et d’optimiser la performance des bâtiments,
  • L'innovation légitimée par la vision à long terme de l'écoconception,
  • Le développement durable qui implique la responsabilité de tous.

 

Jacques Llados,directeur général Schüco SCS © Schüco

 

2. Quels sont les axes de perfectibilité ?

 

Les menuiseries sont calées sur les exigences réglementaires, les concepts sont au top, les performances dépendent au final de la fabrication  des produits et de la mise en oeuvre. En fin de chantier, les tests in situ vérifient l’étanchéité et les performances. « L’étanchéité représente encore une difficulté, mais les entreprises de pose se sont vraiment perfectionnées pour anticiper les défauts et diminuer les déperditions », commente Olivier Dirringer.

 

Fenêtre et porte-fenêtre Profialis Référence, capotage extérieur aluminium laqué gris 7016 © Profialis

 

3.Quelles sont les difficultés rencontrées surles chantiers ?

 

Sur le terrain, le BBC souffre du manque de concertation entre les différents acteurs. Ce qui fonctionne lors d’un appel d’offres sous contrôle d’un bureau d’études n’existe guère sur un chantier isolé. Or, le BBC nécessite une approche globale.

 

« Les industriels devraient se rapprocher pour définir quelles associations de produits donnent quels résultats », souffle Christophe Deleporte, directeur commercial de Lakal France. Mais chaque acteur préfère avancer ses propres pions. D’un autre côté, les entreprises continuent de construire des pavillons en parpaings recouverts de crépis.

 

« Il va falloir du temps pour que l’évangélisation se produise, la construction est une question de maîtrise d’ouvrage, un vrai travail d’information et de discussion qui se doit d'être réalisé », ajoute Christophe Deleporte.

 

4. Comment se comportent les produits ?

 

« Au départ, le coulissant posait problème au niveau de la perméabilité à l’air, or le coulissant est un produit qui permet de bénéficier d’un maximum de surface à l’intérieur tout en favorisant la surface vitrée. Nous avons réussi à rassurer les maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre quant à l’efficacité du coulissant pour trouver l’équilibre entre les apports lumineux et la perméabilité à l’air », assure Marion Villard, responsable marketing Technal.

 

5. Quelle place pour la protection solaire ?

 

« Lakal étant plutôt positionné sur la rénovation, nous ne sommes pas fortement impactés par le BBC. Néanmoins, nous participons à des chantiers dans le neuf avec deux produits : PTR (volet roulant intégré dans l’isolation par l’extérieur) et Isotop (volet ou BSO).

 

En quantité, les ventes ont été multipliées par six entre 2014 et 2017, la demande est soutenue », relève Christophe Deleporte. Il existe pour autant de fortes disparités régionales. « Nous observonsqu’au sud de Lyon, la demande s’affaiblit, ce qui est sans doute une erreur, car le BSO traite du confort d’été et évite le recours à la climatisation, donc contribue à limiter la consommation d’énergie », ajoute-t-il. « Les produits étant largement au niveau, le BBC ne livrera ses véritables atouts que si les chantiers se coordonnent ».

 

Naissance d'un système verrier intelligent : Halio, mis en oeuvre à Bruxelles

 

Halio et Extensa annoncent une première mondiale dans la rénovation de la gare maritime de Tour & Taxis © AGC

 

La rénovation de la gare maritime à Bruxelles, ancienne gare de marchandises de Tour & Taxis, a démarré en 2016. Souhaitant redonner vie à cet édifice qui témoigne d’un savoir-faire belge et d’une activité économique intense, Extensa a choisi Halio, le système verrier qui se teinte intelligemment, pour couvrir ses façades.

 

Cette collaboration stratégique permet ainsi à Halio International, récemment créée (joint-venture d’AGC Glass Europe, producteur de verre plat et de Kinestral Technologies, Inc., concepteur et fabricant de Halio), de signer un projet de grande envergure. La gare maritime de 40 000 m² a vocation à faire profiter ses occupants des dernières avancées en matière de "mieux vivre, mieux travailler" au sein d’un bâtiment dont le programme est varié : espaces de vie et de travail, commerces, événements. Le système verrier Halio permet de moduler la lumière entrant dans une pièce de vie ou un espace de travail, faisant passer les vitrages d’un état très clair à très foncé, en moins de 3 minutes.

 

« Avec Halio, vitrage intelligent, la fenêtre s’adapte réellement au bâtiment », commente Valérie Vandermeulen, responsable marketing et communication d’AGC France. Sur le site de Tour & Taxis, Halio doit permettre à la fois d’atténuer l’éblouissement lorsque la lumière venant des grandes baies vitrées est trop intense et de rejeter la chaleur vers l’extérieur lors des journées chaudes. Avec la volonté d’Extensa de s’inscrire dans le principe d’économie circulaire, Halio a été préféré, pour les façades latérales, à l’utilisation de stores additionnels. En les remplaçant, Halio permettra à ses occupants de conserver à tout moment de la journée une vue sur l’extérieur environnant, sans la moindre contrainte visuelle.

 

6. Quelles disparités entre les matériaux ?

 

Il semble que face au BBC et aux nouveaux enjeux, les matériaux n’aient pas tous percés avec le même succès. Dans le secteur du PVC, les avis sont ainsi mitigés. Pascal Coutié, directeur commercial d’Aluplast, estime que « le nombre de bâtiments BBC équipés de fenêtres en PVC n’est pas assez important. En France, le PVC a perdu ses lettres de noblesse, alors que l’aluminium s’est emparé du sujet BBC malgré ses difficultés techniques ; nos assembleurs suivent peu ce type de chantier »,regrette-t-il.

 

Les produits, pourtant, sont à leur plus haut niveau. Les profilés mixtes dotés d’une âme PVC sont appropriés. « Dans les autres pays d’Europe, en Allemagne, en Belgique ou en Autriche, le PVC est utilisé pour équiper les bâtiments à haute performance énergétique », indique Pascal Coutié. D’où la question posée à la profession : « comment revaloriser le PVC ? », interroge le porte-parole d’Aluplast. L’industriel décline des gammes PVC capotées aluminium, qu’il est possible de filmer avec des tons bois notamment.

 

De son côté, Sylvain Gaudard estime que « le BBC n’a pas déclenché une révolution dans le PVC, qui était déjà au niveau. La plage de performance exigée par le BBC est largement à la portée du PVC (avec des vitrages courants). On observe aujourd’hui une évolution vers des solutions globalement plus performantes. Le PVC est prêt à accompagner la tendance. Le standard passif est beaucoup plus exigeant (Uw≤0.8). En 2017, 85 % des fenêtres passives sont en PVC, le reste du marché passif est occupé par les mixtes, l’aluminium et le bois sont absents de cette application », précise-t-il.

 

7. Quel Avenir ?

 

« Les contours de la RT 2020 sont encore flous, mais le PVC a tellement d’avance que nous sommes sereins », affirme Olivier Dirringer. Il semble que le label E+ Csera le standard de demain. « Aujourd’hui, les gammistes et les fabricants se tournent vers d’autres sujets comme l’écologie, car les produits ont atteint les performances qu’on attendait d’eux », indique Aurélien Briscadieu, chargé de marketing et communication de Sepalumic.

 

Olivier Dirringer, directeur commercial Rehau France © Rehau

 

D’ailleurs, « l’aluminium est hyper bien positionné en matière de recyclabilité et de cycle de vie des produits », se félicite Marion Villard. Alors que le BBC concerne l’enveloppe du bâtiment, les prochaines réglementations devraient s’intéresser aussi à son aménagement. Quelles incidences pour le secteur ?
« Nous devons nous pencher sur le cycle de vie du produit dès sa fabrication, en nous interrogeant sur l’emballage par exemple », ajoute Marion Villard.

 

Autre dossier sur la table, et non des moindres : « l’utilisation de l’aluminium recyclé à 65 % dans la production de profilés ; nous travaillons à la correspondance exacte des caractéristiques afin de ne pas dénaturer le produit fini », ajoute Marion Villard.

 

Reste que les innovations ne concernent que les produits hauts de gamme. « Il existe des solutions techniques permettant d’atteindre un niveau élevé de performances énergétiques, mais comme les autres matériaux, l’aluminium a ses limites. La question qui se pose aujourd’hui est d’ordre économique et concerne le prix acceptable par le marché », s’interroge Bertrand Lafaye, responsable marketing opérationnel et communication Kawneer. Le pari de la préservation de l’environnement ne sera réellement gagné que lorsque les prix pratiqués se seront démocratisés.

 

Des mousses d'étancheité certifiées pour les maisons passives

 

Tremco illbruck, spécialiste de l'étanchéité et du collage lance un nouveau produit, le TP652 illmod Trio+, mousse de polyuréthane à cellules ouvertes imprégnée de résine synthétique stable (sans cire ni bitume) pour menuiseries posées en tunnel et concentrant plusieurs fonctions en un produit : étanchéité à l'air, à la pluie battante, isolation thermique et phonique, et perméabilité à la vapeur d'eau régulée. Ce produit repose sur une nouvelle technologie brevetée de tremco illbruck (Step Technologie) qui répond aux exigences de l'habitat passif, de la construction neuve BBC RT 2012 et de la rénovation.

 

© Tremco Illbruck

 

La mousse d’étanchéité multifonction Iso-Bloco One a obtenu le certificat "Composants certifiés pour les maisons passives" dans la catégorie "Système d’étanchéité de l’air et raccords de fenêtres" du Passivhaus Institut il y a deux ans. « Ce produit convient à la pose de fenêtre en tunnel », précise Frank Müller, directeur commercial France d’ ISO-Chemie.

 

Pour rappel, Iso-Bloco One est une « mousse imprégnée toute-en-un », conforme aux spécifications de la Classe 1 de la norme NF P 85-570 et au DTU 36.5. Avec garantie à l’extérieur d’une étanchéité à la pluie battante supérieure à 1 000 pascals, isolation thermique et acoustique fiable au milieu, ainsi que 100 % d’étanchéité à l’air et à la vapeur d’eau à l’intérieur grâce à une faible valeur "a" de près de zéro : un aspect qui revêt une signification particulière en cas de déploiement dans une maison passive.

 

Iso-Bloco One, 1ère mousse d’étanchéité certifiée par le Passivhaus Institut © Iso Chemie

 

V.M.


Source : verre-menuiserie.com

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