Portes d’entrée, un marché qui se referme

La dernière étude TBC Innovations sur le marché des portes d’entrée à fin 2024 met en exergue le repli d’une activité touchée par un secteur de la construction fragilisé et la frilosité des acheteurs.
TBC Innovations vient de publier sa nouvelle étude de marché sur les portes d’entrée en France, actualisée tous les ans. Face à la question de l’impact de l’activité économique ralentie sur la croissance du marché des portes d’entrée résidentielles en France, la société de Conseil et d’Etudes spécialisée dans l’Innovation pour le bâtiment a mené son enquête annuelle en novembre 2024 auprès de 450 professionnels, mesuré et analysé leur activité sur les 10 premiers mois de 2024, ainsi que leur carnet de commande pour la fin de l’année. TBC Innovations s’est associée à son partenaire de longue date, institut spécialisé dans les sondages téléphoniques, pour réaliser cette étude quantitative auprès de 450 acteurs de la pose et de la commercialisation de portes en France.
Un secteur fragilisé : le marché des portes d’entrée, durement touché par la chute de la construction de maison et la frilosité des ménages en rénovation
Après une année 2023 déjà marquée par un net repli du marché des portes d’entrée, les professionnels du secteur alertent sur une dégradation encore plus marquée de leur activité en 2024. La crise profonde qui secoue la construction de la maison neuve en France continue de peser lourdement sur les marchés des menuiseries, et tout particulièrement sur celui des portes d’entrée.
Par ailleurs, la frilosité persistante des ménages en matière de rénovation dans un contexte économique et politique incertain, amplifie la tendance baissière du marché des portes d’entrée. La contraction du marché s’est maintenue en 2024, pour passer en dessous de la barre symbolique des 500 000 unités, avec seulement 450 000 portes posées en 2024.
La rénovation en panne, face à la frilosité des ménages
En 2024, la rénovation est restée le principal débouché du marché français des portes d’entrée de maison, avec 75 % des portes installées. Toutefois, la dynamique de ce segment montre des signes d’essoufflement, accentuant les difficultés du secteur déjà fragilisé par la crise du neuf.
Si le marché de la rénovation bénéficie toujours du taux réduit de TVA à 5,5 %, de nombreux signaux d’alerte indiquent un net ralentissement de l’activité. Le niveau des transactions immobilières dans l’ancien poursuit sa régression, limitant encore davantage les opportunités de rénovation. En 2024, les transactions immobilières dans l’ancien ont atteint un point bas, marquant une troisième année consécutive de baisse des ventes. Environ 775 000 transactions ont été enregistrées contre 872 000 en 2023, et 1 176 000 en 2021.
Si les propriétaires de maison restent sensibles aux enjeux de sécurité ainsi qu’à l’isolation énergétique et acoustique, l’attentisme gagne du terrain, freinant le remplacement des portes d’entrée. Les particuliers adoptent une posture plus prudente et hésitent à s’engager dans des projets de rénovation. Ce net ralentissement fragilise le marché des portes qui voit son principal moteur de croissance s’essouffler.
2024, une année désastreuse pour l’activité en neuf
L’année 2024 marque un véritable effondrement du marché des portes en construction neuve. Après un net repli en 2023, la crise s’aggrave, plongeant le marché dans une situation critique. Il affiche une perte de plus d’un tiers de son volume depuis 2019. Les perspectives restent tendues pour le marché des portes d’entrée en 2025. L’année 2024 est marquée par un recul sans précédent des mises en chantier et des permis de construire de maisons.
Selon la base statistique Sit@del2 du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, les mises en chantier de maisons individuelles ont régressé de -28 % en 2024 pour tomber à seulement 67 600 maisons commencées. Cette tendance suit la chute observée pour les ventes de maisons en diffus. Selon le Pôle Habitat FFB, le marché des maisons en diffus est tombé à 50 800 ventes en 2024, soit 45 000 maisons en moins qu’en 2022.
L’année 2026 pourrait marquer une reprise pour le marché des portes, portée par une dynamique de relance en neuf. En effet, la mise en place du PTZ pour l’achat de maisons individuelles neuves, à partir du 1er avril 2025, devrait progressivement stimuler la demande et favoriser un regain d’activité.
Des particuliers impliqués et influencés dans leur choix de porte d’entrée
Les ménages envisageant le remplacement de leur porte d’entrée sont fortement influencés par plusieurs canaux d’information. Leur choix est guidé par les recommandations de leur entourage, les recherches effectuées sur internet, les communications des fabricants, les réseaux sociaux ainsi que les visites dans des showrooms.
D’après les professionnels interrogés dans le cadre de l’enquête, plus de 80 % des particuliers qui les sollicitent ont déjà une idée précise de leur future porte d’entrée. Qu’il s’agisse du matériau, du style de design ou de la couleur, ces clients arrivent avec des préférences bien définies, façonnées par les sources d’informations auxquelles ils ont eu accès en amont de leur projet.
La porte d’entrée, un élément de signature esthétique de la maison
Les professionnels confirment que les principaux critères de choix des particuliers pour le remplacement de leur porte d’entrée reposent avant tout sur l’esthétique et les matériaux. L’aspect visuel joue un rôle déterminant, les acheteurs recherchant une porte qui s’intègre harmonieusement à leur habitation tout en reflétant leurs goûts personnels.
Le choix des matériaux est également un facteur clé, influençant à la fois l’apparence, la durabilité et les performances de la porte en matière d’isolation thermique et acoustique.
La tendance des portes d’entrée au design contemporain se confirme et s’affirme année après année. Les particuliers privilégient des modèles aux lignes épurées, reflétant un style moderne et élégant.
Les portes d’entrée avec design contemporain représentent 61 % des portes en 2024. Les professionnels du secteur constatent que la demande se porte majoritairement sur des portes pleines, agrémentées d’inserts en inox ou en bois, apportant une touche de raffinement tout en restant sobres. Par ailleurs, l’harmonisation globale de l’esthétique extérieure est une préoccupation croissante des acheteurs qui souhaitent coordonner la forme et la couleur de leur porte d’entrée avec celles de leur porte de garage, de leur portail et de leur clôture dans une cohérence visuelle et une identité forte pour leur maison.
Sécurité et connectivité : la porte d’entrée à l’ère de la maison intelligente
Le second critère de choix mis en avant par les professionnels interrogés lors de l’enquête de 2024 est la sécurité de la fermeture. Une porte d’entrée doit offrir une protection optimale contre les intrusions. Pour répondre à cette exigence, plusieurs éléments de sécurité sont privilégiés, notamment les serrures multipoints, les vitrages feuilletés, les renforts anti-effraction, ainsi que les systèmes connectés, tels que les serrures motorisées et le contrôle d’accès via smartphone.
Dans une société où les objets connectés se multiplient, la porte d’entrée s’inscrit dans cette évolution technologique. Les modèles connectés sont désormais intégrés à des solutions de box domotiques et à des applications mobiles permettant un pilotage intelligent de l’habitat. Grâce à ces technologies, il est possible de déverrouiller les portes à distance, de les synchroniser avec un système d’alarme et de gérer les accès en temps réel. Autant de fonctionnalités qui simplifient la vie des particuliers tout en renforçant la sécurité de leur foyer.
Méthodologie de l’étude TBC Innovations
Cette étude propose les chiffres clés du marché des portes d’entrée en France ,comprenant notamment le volume de portes d’entrée posées en maisons individuelles et en logements collectifs en 2024, la répartition par matériau, par design, par niveau de gamme… Les consultants TBC analysent les évolutions du bâtiment et leurs impacts sur le marché, et proposent ainsi des scénarios d’évolution du marché à l’horizon 2028.
450 acteurs ont été interrogés, après avoir été sélectionnés par tirage aléatoire, en respectant des quotas par zone géographique. Les interviews ont porté sur l’activité de l’année 2024 :
- 250 entreprises de pose et fourniture-pose : menuisiers poseurs indépendants, menuisiers assembleurs partenaires de réseaux de gammistes PVC et/ou aluminium, concessions d’enseigne et agences, entreprises partenaires de réseaux de fabricants industriels ou de groupements d’achats.
- 100 distributeurs : négoces matériaux, GSB généralistes, GSB menuiseries et réseaux spécialisés
- 100 acteurs de la conception de bâtiments neufs : constructeurs de maisons individuelles et promoteurs
© Euradif -Cintrel
L'auteur de cet article
