Quand l’IA s’invite dans les entreprises…

VMA

16/02/2025 0

Article mis à jour le 16/02/2025

Alors que le président Macron annonce 109 milliards d’euros d’investissements pour l’intelligence artificielle (IA) en France, nous avons interrogé les entreprises du secteur sur leurs projets…

Organisation, process, produit, l’IA s’impose à tous les niveaux.

« Le monde doit œuvrer pour une IA au service de l’être humain »

— Daron Acemoglu, Prix Nobel d’économie 2024

Le sommet mondial sur l’intelligence artificielle (IA) qui s’est tenu au début du mois de février à Paris a témoigné de l’engouement suscité par ces technologies, accessibles à tous via les plateformes comme ChatGPT ou Le Chat, outil conversationnel lancé récemment par la startup française Mistral AI. Après une période de découverte en 2023, une première phase de mise en application en 2024, Valérie Cottereau, directrice générale d’Artefacto, agence de réalité augmentée, réalité virtuelle et vidéo, veut croire que « 2025 sera l’année de l’accélération avec l’utilisation de véritables assistants virtuels, personnalisés par compétence ». Dans son agence, le sujet a été mis à l’honneur et chaque métier s’interroge sur les outils à adopter. « Nous passons à l’action, les premières expériences en matière de restitution d’images restent à améliorer car la qualité graphique n’est pas suffisante, néanmoins nous pouvons envisager d’utiliser un moteur IA pour générer un environnement vraisemblable », explique-t-elle. L’IA vient également à la rescousse du développement « en soutien sur la documentation du code ». Demain, elle pourrait se mettre au service de l’expérience client. « Nous projetons de créer notre propre moteur IA basé sur nos solutions, notamment afin d’identifier les produits que les clients de nos clients plébiscitent afin d’aider ces derniers à optimiser la production », confie Valérie Cottereau.

L’IA, vecteur de transformation

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Dans le secteur de la menuiserie, les entreprises technologiques font partie des plus avancées sur le sujet. Ainsi, déclare Guillaume Deudon, chief digital officer (CDO) de Somfy, « dans notre feuille de route, l’IA apparaît comme un vecteur de transformation de nos process et manières de travailler, de l’expérience client et de nos produits ; le projet est si important qu’un comité de pilotage a été mis en place au plus haut niveau avec des participants issus du comité exécutif ». L’IA commence à s’immiscer dans le quotidien des collaborateurs Somfy. « Nous avons déployé des solutions d’IA génératives en interne afin de venir en aide aux collaborateurs du marketing, du juridique ou des RH sur des tâches de traduction et de rédaction par exemple », ajoute-t-il. Dans ce cas, « il s’agit d’une technologie mise en œuvre de manière privée, à usage interne, préservant nos informations propriétaires », prévient-il. Autre l’exemple, l’IA est mise au service de la Supply Chain afin d’optimiser la gestion des stocks. « Grâce à une IA (basée sur du machine learning), nous gagnons en vitesse de réponse, ce qui a l’avantage d’améliorer la satisfaction client, également la qualité et précision », poursuit-il.

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Chez DSI, éditeur de logiciels dédiés à la menuiserie extérieure, Nicolas de Mol, directeur général, assure « utiliser l’IA dans les outils de développement pour gagner du temps et débloquer certains problèmes, mais de manière très raisonnée ». Pour autant, « à court terme, nous n’avons pas de projet IA concernant Chacal », indique-t-il.

3 questions à

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Karthik Ramasamy, Chief Analytics chez Guardian Glass

Comment envisagez-vous l’IA chez Guardian Glass ?

L’intelligence artificielle générative émerge et évolue rapidement, et les perspectives continueront de se transformer. En tant que collaborateurs de Guardian Glass, nous sommes encouragés à adopter le changement de manière durable. Nous sommes incités à rechercher des opportunités pour approfondir nos connaissances et mettre en œuvre des cas d’usage créateurs de valeur dès qu’ils se présentent.

Y a-t-il des projets en cours ?

Guardian Glass travaille avec une priorité : comprendre les technologies disponibles, faire progresser nos solutions éprouvées et renforcer nos pratiques de sécurité.

Nous développons actuellement un nouvel outil d’IA générative, "Technical Co-pilot", conçu pour faciliter la navigation dans les aspects techniques du verre. Cet outil sera intégré à notre site web. Technical Co-pilot a pour objectif d’offrir à nos clients une interface de discussion (chat) simple et intuitive, dédiée au processus de fabrication du verre. Il permettra d’identifier la meilleure configuration pour un projet et de recommander des solutions répondant à leurs besoins.

Quelle est la valeur ajoutée de Technical Co-pilot ?

Deux axes. La formation individuelle sous la forme de séance de coaching à distance, en visio, se développe. Nous travaillons ainsi en tête-à-tête lors de session d’une heure à une heure trente.

En centralisant l’ensemble de nos connaissances du verre en un seul endroit, Technical Co-pilot répondra efficacement aux questions des clients, son utilisation se voulant très simple ; sa valeur ajoutée est de réduire le temps de réponse à leurs questions et de permettre des discussions adaptées à un contexte et des contraintes spécifiques.

Définir les cas d’usage

« L’IA est un sujet encore récent, très peu démocratisé dans notre secteur menuiserie, store, fermeture. Mais c’est bien sûr un sujet d’innovation que nous étudions, les équipes de notre service produit restent en veille sur son avancée et ses applications potentielles pour nos clients », affirme Fabrice Guérin, directeur marketing-communication et RSE du Groupe Elcia. « En interne, nous avons commencé à déployer des tests. L’IA pourrait par exemple faire gagner du temps à nos formateurs ProDevis dans la rédaction de leurs compte-rendu, ou encore proposer des premières maquettes aux personnes qui conçoivent des présentations ou des documents », souligne-t-il.

Avant d’adopter l’IA, il semble que les industriels de la menuiserie doivent se préparer. Ainsi, témoigne Benjamin Bénabès, directeur data et systèmes d’information d’Atlantem : « Nous avons lancé un programme de data groupe depuis deux ans pour sécuriser notre gestion patrimoniale de la donnée, c’est un prérequis à toute stratégie IA. À date, nous mettons en place une plateforme technique de pilotage et gouvernance de la donnée, sur laquelle nous devons connecter l’ensemble du système d’information d’Atlantem pour structurer la donnée, la traiter et la mettre à disposition des métiers ». L’IA a besoin d’être alimentée et les cas d’usage exigent des données propres et sécurisées.

Pour Grégoire Cauvin, fondateur de Mesureo, et créateur de solutions d’IA appliquées à la menuiserie extérieure et protection solaire, « les industriels commencent à déployer l’IA dans leur organisation, mais ils ont besoin d’être accompagnés lors d’une phase de préanalyse afin de comprendre les points de contraction et de friction et de définir des cas d’usages ». Il cite en exemple la saisie et l’enregistrement des commandes : « La solution développée par Mesureo est capable de fluidifier ces flux et de réduire les coûts ». Et martèle : « L’IA doit être considérée comme un outil au service de gains de productivité et de ROI ». Autre exemple, « les callbot intelligents déployés dans les services clients apportent un premier niveau de réponse, préqualifient le problème posé au SAV et orientent l’appel vers un conseiller le cas échéant », avance-il. L’IA aurait donc vocation ici à faire monter les conseillers en compétence et à se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée. Ces agents conversationnels sont également mis en œuvre pour accompagner les nouvelles recrues.

Mesureo dédie son expertise en intelligence artificielle au marché de la menuiserie extérieure et de la protection solaire

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© Mesureo - « Aujourd’hui, seules 12 % des entreprises ont intégré l’I.A à l’échelle mondiale. Et selon Accenture, elles affichent une croissance supérieure de 50 % par rapport à leurs concurrents », informe Grégoire Cauvin, fondateur de Mesureo

Pour Grégoire Cauvin, fondateur et CEO de Mesureo, l’IA transforme les usages et les outils au service des hommes et non l’inverse.

En copartenariat avec un laboratoire de recherche en data sciences, Mesureo a pour vocation de jeter un pont inédit entre tous les acteurs du second œuvre avec l’intégration de solutions d’intelligences artificielles génératives favorisant leur productivité en commençant par un audit approfondi de l’entreprise et de ses données en détectant les domaines où l’IA peut leur apporter le plus de valeur ajoutée. « L’avenir de la menuiserie est à la redéfinition des processus de commande et à la maîtrise des normes techniques dans un métier où plus de 75 % des produits sont fabriqués sur mesure », résume Grégoire Cauvin. Simplifier les process en créant des passerelles inédites interconnectant tous les logiciels métiers de l’entreprise et l’ensemble des parties prenantes du marché de la menuiserie, tel est l’objectif de Mesureo avec Mesureo Connect-i, Mesureo Agent conversationnel Métier-i Mesureo OCR-i (Reconnaissance Optique de Caractère) et
Mesureo Configurateur-i.

Meilleures expériences

Les algorithmes intelligents permettent à Somfy de capter et analyser la data et proposer des scénarios afin de piloter les ouvertures de la maison individuelle. « Notre télécommande Amy^® io, embarque un algorithme intelligent et un capteur qui détecte l’élévation de température et baisse les volets », détaille Guillaume Deudon.

Somfy cherche également à améliorer l’expérience client via ses sites Internet. « Nous projetons d’utiliser l’IA pour nous aider à pousser des recommandations personnalisées ».

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AlloTools a injecté de l’IA dans ses configurateurs. « L’IA représente à nos yeux une opportunité transformative capable d’accompagner la digitalisation de nos clients car elle peut contribuer à améliorer la performance des fabricants et revendeurs, ainsi que l’expérience des utilisateurs finaux ; par exemple notre outil MyAssistant révolutionne la manière de chiffrer et de configurer un projet en 3D », commente Audrey Ehrhardt-Conter, responsable marketing et communication d’AlloTools, éditeur de configurateurs 3D full-web sur mesure avec chiffrage pour les fabricants de menuiserie, fermeture, protection solaire. Une interaction plus intuitive et plus rapide devient possible grâce à la commande vocale. « L’assistant virtuel MyAssistant se décline en deux versions, une pour les consommateurs et une pour les professionnels », précise-t-elle. La version "grand public", intégrée sur le site Internet du fabricant ou du revendeur permet au consommateur d’exposer son besoin à l’oral ou en rédigeant un prompt (instruction fournie à un système d’IA). L’outil affiche directement le produit souhaité. « L’internaute n’a plus qu’à cliquer pour générer une demande de devis que le revendeur reçoit automatiquement », révèle Audrey Ehrhardt-Conter. La version BtoB est plus technique : « MyAssistant s’intègre aux configurateurs qui ont déjà des règles de fabrication, les commerciaux peuvent créer leur projet plus rapidement, sans risque d’erreur, y compris en dictant un brief à l’oral », annonce-t-elle. Pratique.

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Dans le Groupe Elcia, pas d’avancée majeure. Fabrice Guérin estime entre autres que « l’IA pourrait apporter des fonctionnalités complémentaires au devis, comme nous l’avons fait avec l’intégration de la 3D dans nos solutions, qui permet aujourd’hui de simuler le rendu de futurs travaux. L’IA pourrait apporter une aide manifeste pour automatiser les tâches répétitives et chronophages sans valeur ajoutée pour l’humain ». À ce stade, « l’IA fait partie de nos pistes de réflexion. Nous aurons probablement à nous rapprocher d’un expert de ce type de technologie pour enrichir notre savoir-faire », concède-t-il.

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Chez HerculePro, Olivier Bernard, directeur commercial, l’énonce sans détour : « Nous avons fait de l’IA une priorité dans notre R&D, en considérant qu’elle vient pour seconder l’homme et non le remplacer. Plusieurs projets sont déjà en place : notre équipe utilise l’outil Copilot IA pour optimiser certaines tâches de programmation, les textes sont parfois vérifiés par ChatGPT, et nous avons introduit un avatar IA baptisé Mégara, en hommage à la mythologie d’Hercule. Ce personnage virtuel intervient dans des vidéos explicatives et des présentations de nouvelles fonctionnalités, offrant un contenu plus interactif et engageant pour nos utilisateurs ». Concernant les bibliothèques techniques et tarifaires des fabricants, rappelle-t-il, « HerculePro a toujours opté pour une présentation adaptée aux spécificités de chaque offre, évitant les formats standardisés qui facilitent les comparaisons mais limitent la personnalisation. Nous sommes un peu victime de cette stratégie et pensons que la solution viendra des industriels. L’enjeu consiste à utiliser l’IA pour comprendre ces contraintes techniques et tarifaires, mais aussi pour concevoir une solution qui ne devienne pas trop complexe pour ses utilisateurs ». Un travail de longue haleine.

Technal utilise l’IA pour la reconnaissance de profilés

Le département R&D de Technal communique sur le travail mené avec la startup Gips Vision en lien avec l’IoT Valley pour déployer un process d’identification des formes et de traçabilité de profilés à l’aide d’IA. Leurs travaux reposent sur la reconnaissance des formes de profilés à l’unité dès le laquage grâce à l’IA. L’enjeu étant pour Technal d’envoyer le bon profilé à la bonne entreprise, y compris lorsqu’il est difficile de les identifier à l’œil nu. Concrètement, à la sortie du laquage, les profilés sont reconnus par des caméras et identifiés par des QR Codes afin d’automatiser le tri. L’intégration de ce système de reconnaissance basé sur l’IA devrait être intégré dans le process de production courant 2025.

— Véronique Méot

Photo ouverture © Mesureo - Mesureo fait débarquer le futur dans le monde de la menuiserie et de la protection solaire avec des outils d’Intelligence Artificielle dédiés au cœur des organisations… pour simplifier et valoriser toute la chaîne de valeur

Source : verre-menuiserie.com

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