... nous a ouvert les portes de son usine dans le Bade-Wurtemberg, les 17 et 18 juin derniers. Découverte d’une entreprise familiale en constante innovation.

© Kasto - Karl Stolzer a fondé l’entreprise en 1844, la nommant en prenant les deux premières lettres de son prénom (Ka) et les trois premières de son nom (Sto) = Kasto

Fondée en 1844 à Achern, Kasto est l’une des plus anciennes entreprises familiales d’Allemagne. Elle naît de la volonté de Karl Stolzer qui, après avoir étudié à l’école de construction mécanique d’Esslingen, se lance comme charpentier. En 1900, Kasto produit des scieries pour le bois et des machines pour les moulins à farine et à huile, des roues hydrauliques et des métiers à tisser. Durant toute la première moitié du 20^e siècle, elle se spécialise dans les machines à scier le bois. 1947 marque un tournant : Kasto produit sa toute première scie pour les métaux et met au point le mouvement de coupe en forme d’arc, bientôt breveté. C’est un succès.

© Kasto - Armin Stolzer, l’actuel propriétaire et directeur général de Kasto et sa famille ont finalisé l’acquisition de Kasto en 2012. Ils incarnent les 5^e et 6^e générations familiales à la tête de l’entreprise. (De g. à dr.) Jonathan Riegel, Stephanie Riegel-Stolzer, Armin Stolzer, Ruth Stolzer, Sönke Krebber et Nicole Krebber-Stolzer

En 1964, le siège de Kasto quitte Achern – où il est resté durant 120 ans – pour s’installer à Gamshurst, commune toute proche, où il se trouve aujourd’hui (mais Kasto mentionne toujours Achern comme ancrage).

Au fil des années, Kasto développe de nouvelles solutions de sciage pour couper tous les types d’alliages métalliques : les premières scies circulaires apparaissent en 1972, suivies des premières scies à bande en 1975. Cinq ans plus tard, le premier centre de sciage à commandes numériques (CNC) est commercialisé. En 1999, le Kasto tec est présenté. Quinze ans plus tard, en 2014, la machine à volume Kasto win est lancée.

Des solutions de sciage et de stockage pour l’industrie

© Kasto - Les systèmes de haut rayonnage en nid d’abeille entièrement automatiques du type Kasto Unicompact offrent de la place pour des milliers de cassettes de stockage. Kasto a mis au point un système de stockage de l’énergie excédentaire provenant des mouvements verticaux et des processus de freinage des transstockeurs. Cette énergie est récupérée puis réinjectée pour faire fonctionner la machine, permettant de conséquentes économies

Mais les ingénieurs maisons proposent aussi des solutions pour le stockage. Dès 1972, Kasto présente le premier système entièrement automatique pour le stockage de barres, suivi du premier système aérien, en 1986. Suivront la première tour de stockage (1988), le premier système de stockage en nid d’abeille (1994) et le premier système de stockage pour les feuilles de métal (2005). Le lancement du système de tour d’entrée de gamme Kasto ecostore, en 2016, permet aux entreprises de s’offrir des solutions de stockage financièrement plus accessibles.

L’ouverture de l’ère du logiciel

© Kasto - Pour découper ses composants métalliques, SEW Eurodrive a acquis 8 systèmes de sciage circulaire Kasto variospeed et une scie à ruban Kasto tec SC 4. Un système de sciage central Kasto avec 1 500 emplacements est relié au transstockeur Unicompact par la solution fractionnée de Kasto

Si Kasto fabrique ses machines, elle développe aussi ses propres logiciels pour les animer. 1986 marque un nouveau tournant avec le lancement du système de gestion d’entrepôt (WMS) développé en interne pour contrôler les systèmes de stockage et de récupération automatisés (ASRS) et gérer les stocks. Douze ans plus tard, le premier système de gestion d’entrepôt Kasto basé sur Microsoft Windows est au point. En 2014, survient l’introduction de Kasto logic, la solution WMS actuelle, puis en 2018, la solution Kasto logic mobile pour gérer les entrepôts manuels.

Le début de l’ère de la manutention

Les activités de Kasto s’élargissent encore en 2005, avec Kasto sort, la solution robotique intégrée pour trier les pièces coupées des machines à scier. L’année suivante, le manipulateur de tôles Kasto pour la tôlerie est commercialisé. En 2013 sonne l’heure de la première installation du système de distribution de faisceaux, nommée Kasto rail. Enfin, en 2023, la tour de tri Kasto est mise sur le marché. Deux lancements marquent l’année 2024 : celui de la solution de préparation de commandes robotisée Kasto pick bar, suivi de l’Unitower CNC.

Grâce à ses innovations permanentes - elle a enregistré plus de 170 brevets à ce jour - et à son dynamisme, Kasto a réussi à devenir le leader mondial du sciage des métaux et des systèmes de stockage pour les barres et les feuilles de métal.

L’actuel propriétaire et directeur général de Kasto, Armin Stolzer, emploie 700 salariés – dont 500 dans l’usine d’Achern – répartis dans 7 pays. En plus de l’Allemagne, Kasto dispose en effet de six succursales dans le monde – en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suisse, à Singapour et en Chine – pour commercialiser ses produits et ses services. L’entreprise s’appuie également sur un réseau de 40 partenaires revendeurs dans le monde entier. En 2023, Kasto a généré un CA de 149 M€ avec ses différentes entités.

Visite de l’atelier en compagnie d’Armin Stolzer

Incarnant la 5^e génération de la famille fondatrice et parlant bien le français, Armin Stolzer, le directeur général de Kasto, nous pilote à travers l’usine. Il nous guide à travers la salle d’exposition où l’on découvre plusieurs scies à métaux, scies à ruban et scies circulaires. Puis il s’arrête près des vitrines où sont exposés les nombreux trophées obtenus par Kasto, tels que le Red Dot Design Award, l’AMB Award, le Handling Award et le prix du produit de l’année 2024 de la production industrielle. « L’entreprise remporte régulièrement des prix. Le fait de nous comparer à nos concurrents nous permet de vérifier que nous occupons bien notre rang, à la fois sur le plan de l’innovation, de la qualité et de la réactivité par rapport au marché » souligne le dirigeant.

Dans le showroom, une démonstration illustre les différentes solutions de logiciels mises au point par Kasto pour piloter ses machines. Devant la soft tower, l’on découvre une scie circulaire pouvant faire jusqu’à 150 mm de diamètre, couplée à un robot Kasto sort, très flexible, qui range les pièces coupées par la scie dans différentes boîtes avant leur stockage dans la Kasto Tower. « Ces pièces peuvent être reprises quand c’est nécessaire pour être remises en production » commente Armin Stolzer.

Dans la salle de démonstration, plusieurs machines se côtoient. Certaines sont adaptées aux coupes biaises, d’autres aux coupes droites. Quelques-unes sont dédiées à la menuiserie, d’autres aux charpentes métalliques. Une machine automatique a jusqu’à 400 mm de capacité en coupe biaise (0°, 60°). Kasto fabrique le plus possible en interne les pièces de ses machines. Dans l’atelier de production sont installés plusieurs centres d’usinages de différentes tailles. L’un d’eux mesure 15 m de long et permet de fabriquer toutes les pièces longues nécessaires pour le stockage. « Usiner nos pièces assure une grande réactivité en faveur de nos clients. Lorsqu’il arrive que quelque chose casse chez eux, nous sommes en capacité de réagir vite », relève Armin Stolzer.

Près de 90 ingénieurs au bureau d’études

Kasto verticalise le développement de ses machines, depuis la conception technique, la fabrication et jusqu’au développement des logiciels de commandes. Le client qui achète une machine Kasto devient en quelque sorte le partenaire de cette entreprise qui entre, de fait, dans l’intimité de sa production. « Nous avons près de 90 ingénieurs maison dans notre bureau d’études. Ce sont eux qui déterminent, en lien avec nos clients, toute l’organisation du stock et de l’inventaire, des commandes, la technologie de coupe de nos machines. Face à telle qualité de matériel, la machine sait automatiquement définir la profondeur de coupe, laquelle s’effectue avec une micro pulvérisation afin de nettoyer l’air, évitant que les particules de métal ne reviennent en contact avec la scie, ce qui pourrait perturber la qualité du sciage », précise Armin Stolzer.

Dans l’unité de production mécanique de Kasto, la nouveauté nommée Unitower CNC est en cours de test. Cet équipement a été développé en vue de créer un stockage tampon pour le chargement automatique de machines CNC de grandes dimensions. L’Unitower CNC approvisionne en permanence les machines CNC en pièces préparées sur palettes, les montages de ces pièces s’effectuant en parallèle sur des postes de travail distincts.

© Kasto - Kasto offre des solutions complètes à ses clients d’une seule source : des systèmes de stockage aux machines à scier, en passant par les logiciels et un service efficace

« L’Unitower CNC présente plusieurs atouts pour l’utilisateur : les temps d’arrêt coûteux sont éliminés. L’ensemble du système peut être utilisé sans personnel, par exemple la nuit, et il offre un espace de stockage maximal pour un encombrement réduit. Nous proposons une connexion entièrement automatique de l’Unitower CNC à plusieurs machines, ce qui permet d’augmenter considérablement la productivité. La préparation ergonomique s’étend aux pièces lourdes : la charge utile est de 5 t par compartiment de stockage. Enfin, nous réalisons l’intégration logicielle avec n’importe quel système ERP », développe le directeur général de Kasto.

Face à l’assemblage de la Kasto Tec, Armin Stolzer pointe : « Il s’agit de la machine la plus rigide, la plus performante et la plus durable que nous produisons pour le marché ». Ici, Kasto a tout fait pour réduire les vibrations dans la tête de la scie en recourant à du béton polymère. Des éléments renforcent le guidage de la lame et évitent les vibrations du retour de lame. Cette machine fait l’objet d’améliorations continues depuis 1999. C’est l’atout de Kasto adressé au marché pour les grandes productions.

Un projet phare mené avec SEW Eurodrive

Kasto a dernièrement mené une très grande réalisation chez l’un de ses clients, la Süddeutsche Elektromotoren Werke (SEW Eurodrive), une entreprise familiale d’envergure mondiale, leader dans les systèmes d’entraînement et d’automatisation (22 000 collaborateurs dans le monde pour un CA de 4,5 Mds€ en 2023).

Armin Stolzer nous conduit à Graben-Neudorf chez son client. Dans le hall de fabrication Nord où Kasto et SEW ont aménagé, sur environ 4 000 m² se dresse un magasin de stockage en nid d’abeille de type Unicompact avec deux portiques opérationnels et 5 140 emplacements pour des cassettes pesant jusqu’à trois tonnes. Et couplé à un centre de sciage de type Kasto center avec 1 500 emplacements pour des barres individuelles.

Les experts en technique de sciage et de stockage de Kasto ont été confrontés à l’une des plus grosses commandes de l’histoire de l’entreprise. Et ils ont relevé le défi qui consistait à démagnétiser et séparer 15 tonnes de paquets de produits longs en acier, puis à transporter les tubes et les barres de 3 ou 6 m de long et d’un diamètre de 22 à 260 mm vers les 8 systèmes de sciage circulaire haute performance Kasto variospeed ou vers une scie à ruban Kasto tec SC 4. 

© Kasto - Dans l’usine Kasto d’Achern, la nouvelle Unitower CNC est testée. Conçue pour les pièces lourdes, elle offre une charge utile de 5 t par compartiment de stockage. Connectée automatiquement à plusieurs machines, elle permet d’augmenter considérablement la productivité

Une fois découpés, les segments sont préparés pour la fabrication, le tout de façon entièrement automatique et quasiment sans intervention humaine, l’ensemble du système pouvant fonctionner avec seulement 3 ou 4 opérateurs. Car toutes les scies sont équipées d’une solution de tri robotisée Kasto sort, d’un système d’enlèvement et de nettoyage des copeaux et d’une intégration AGV Kasto flow go. Enfin, les scies sont reliées aux systèmes de stockage, soit par une solution Kasto pick split, soit directement avec le centre Kasto par une station de chargement rapide Kasto.

À Heidelberg, Armin Stolzer nous fait découvrir son autre nouveauté : le Kasto pick bar installé au sein de la société VBE qui propose une vaste gamme de produits dans les domaines des barres et tôles d’acier, de l’acier de forme, des tubes, des éléments de construction et de l’acier à béton. Le Kasto pick bar est une solution entièrement automatisée pour la préparation de commandes de matériel en barres à partir d’une cassette, le contenu de celle-ci étant enregistré en 3 dimensions avec plus de 9 millions de points de mesure. Les robots du Kasto pick bar sont capables de saisir les tubes ou les profilés un par un, grâce à des ventouses ou à des aimants. Ils peuvent fonctionner jusqu’à 24 h/24 et 7 j/ 7, sans personnel et tout automatique.

« Le Kasto pick bar convient à une grande variété de matériaux. Il augmente la sécurité des opérateurs en prenant en charge les travaux manuels risqués avec du matériel lourd ou long. C’est une solution indépendante et intelligente, sans programmation, ni apprentissage de la part de l’utilisateur », indique Armin Stolzer.

Depuis le tout début de l’aventure Kasto, 140 000 machines ont été produites. Les plus vendues sont les scies alternatives. Leur valeur unitaire oscille entre 30 000 et 50 000 €. Certaines atteignent de 150 000 à 200 000 € en fonction de leurs caractéristiques et de leurs accessoires. Quant aux transstockeurs commandés à Kasto, ils s’élèvent le plus souvent entre 7 et 10 m, pouvant atteindre jusqu’à 25 m, et soulèvent des cassettes pesant de 1 à 7 tonnes. Actuellement, il faut compter entre 6 à 8 semaines pour assembler totalement un transstockeur et de 12 à 14 mois pour la réalisation complète d’une machine. « La tendance actuelle est à l’automation et à une très grande productivité », résume Armin Stolzer. Et Kasto entend continuer à se tailler de belles parts de marché dans son domaine.
À 180 ans, une entreprise durable ! 

Photo ouverture © Kasto - Le siège allemand de Kasto à Gamshurst (Achern) ; un nouvel immeuble de bureaux et une extension de la production ont été réalisés en 2010.  Au cours des trois dernières années, Kasto a investi plus d’1 M€ pour réduire sa consommation d’énergie de 25 % en 2023 comparativement à 2016