Le CSTB doit adapter le secteur du bâtiment au changement climatique
Jeudi 30 mai, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a organisé la deuxième édition de ses Journées de la Recherche.
Enjeu prioritaire : l’adaptation des bâtiments au changement climatique. Une urgence dans l’intérêt des populations.
© Manza Studio - Président du CSTB, Étienne Crépon l’affirme : « Nous vivons plus de 80 % de notre temps dans un environnement bâti. Il est donc absolument indispensable que ce cadre bâti s’adapte aux événements climatiques extrêmes »
Organisée au siège de l’assureur SMA BTP à Paris, la Journée de la Recherche 2024 a été suivie en présentiel ou en distanciel par plus de 600 participants. Parmi eux, des représentants de la communauté scientifique, des acteurs de la construction et de l’aménagement, des collectivités… Au fil de la journée, ils ont découvert les résultats de travaux de recherche menés par le CSTB et ses partenaires. Tous ont la volonté de partager et de mettre en application leurs données pour accompagner concrètement le secteur du bâtiment dans ce défi majeur des transitions énergétique, environnementale et sociale, dans l’intérêt des populations et du “bien vivre ensemble”.
Le CSTB a consacré l’un de ses quatre Domaines d’actions stratégiques Recherche au défi de taille que représente le changement climatique pour les bâtiments et les villes. Celui-ci comporte deux projets : l’atténuation et l’adaptation. C’est ce second volet que le CSTB a mis à l’honneur le 30 mai.
L’adaptation au changement climatique englobe l’ensemble des démarches d’ajustement au climat actuel et attendu, ainsi qu’à ses conséquences, en atténuant ses effets préjudiciables. Les travaux de Recherche du CSTB visent à accompagner le développement et le déploiement de ces démarches pour le bâtiment, au service de l’humain.
Mobiliser l’écosystème du bâtiment et la recherche
Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu ne pouvait être présent. Il a adressé une vidéo aux participants pour pointer toute l’importance de la science et de la création de la connaissance pour éclairer et accompagner les politiques publiques : « Pour tenir nos engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030, la France s’est dotée d’une stratégie de planification écologique qui identifie, secteur par secteur, des objectifs de décarbonation à tenir et les leviers qui nous permettront d’y parvenir. Dans cet effort national, le secteur du bâtiment génère 23 % des émissions et il représente 43 % de nos consommations énergétiques. Sa décarbonation est donc un chantier primordial ».
Mais pour le ministre, la décarbonation du bâtiment « n’est qu’une des deux jambes de notre politique ». En parallèle, il est impératif d’adapter les bâtiments et les modes de vie aux conséquences du dérèglement climatique qui a commencé.
Christophe Béchu compte sur le CSTB pour accompagner cette transition et pour faire remonter des idées auprès de l’exécutif. « Le rôle du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment est précisément de pouvoir agir en mobilisant l’ensemble d’un écosystème et celui de la recherche ».
S’adapter aux événements climatiques extrêmes
Président du CSTB, Étienne Crépon a rappelé que nous vivons plus de 80 % de notre temps dans un environnement bâti : « Il est donc indispensable que ce cadre bâti s’adapte aux vagues de chaleur, aux événements climatiques extrêmes et qu’il trouve des solutions au retrait-gonflement d’argile (NDLR : ce sujet touche 11 millions de maisons individuelles en France sur 16). Autant de thèmes sur lesquels le CSTB doit permettre d’éclairer la filière de la construction ».
Afin de créer des connaissances et de mieux les partager, la direction de la Recherche et du Développement du CSTB est devenue la direction de Recherche et de l’Innovation. C’est elle qui transfèrera les connaissances à l’ensemble de la filière du bâtiment.
Nommé tout récemment au poste de directeur de la Recherche et de l’Innovation du CSTB, Julien Hans et ses collaborateurs pourront s’appuyer sur le projet QSE, destiné à livrer des indicateurs de confort transversaux mesurés à la fin des chantiers. Ils permettront de dire si oui ou non, l’on considère que ce bâtiment est dans une logique de confort transversal en mesurant l’acoustique, l’éclairage, la qualité de l’air et la thermique.
© Manza Studio - Prenant l’image d’une montagne à gravir, Julien Hans, le directeur de la Recherche et de l’Innovation du CSTB a résumé les travaux à mettre en œuvre entre chercheurs et professionnels de la construction pour éviter le pire face au réchauffement climatique
« Concernant le sujet de la rénovation, impossible pour nous de ne pas mentionner la Base de données nationale des bâtiments, parce que pour traiter le parc existant, il nous faut être dans la cible bâtiment par bâtiment et capable de développer des stratégies en ciblant parfaitement les ouvrages qui doivent être rénovés », a souligné Julien Hans.
La matinée s’est poursuivie autour de trois présentations : “Confort thermique d’été : de la physiologie à l’indicateur réglementaire”, “Entre inconfort et risque sanitaire : quelle vulnérabilité des logements aux futures vagues de chaleur ?” et “Modéliser les ilots de chaleur urbains pour accompagner l’adaptation du cadre urbain”. Une table ronde s’est ensuite déroulée sur le thème : “S’adapter aux vagues de chaleur : des stratégies individuelles et collectives”. L’intervention d’un grand témoin, Jean?Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement (EHESS/CNRS) s’est produite juste avant le déjeuner.
Avoir une meilleure connaissance de la vulnérabilité des biens
L’après-midi a permis de dresser un état des lieux des connaissances et de la recherche autour d’autres sujets fondamentaux s’agissant de l’adaptation au changement climatique et ses conséquences : “La Prospective comme outil d’adaptation”, “La qualité de l’air intérieur en 2050”, “Le retrait-gonflement des sols argileux”, “Le risque vent extrême en zones cycloniques françaises”. Une table ronde dédiée à “L’estimation des besoins et coûts de l’action comme de l’inaction” a ponctué les travaux.
© Manza Studio - La table ronde de la matinée avait pour thème “S’adapter aux vagues de chaleur : des stratégies individuelles et collectives”. Plusieurs intervenants ont partagé leurs connaissance, avec (de g. à dr.) : Hakim Hamadou, Ademe ; Valérie Pernelet-Joly, Agence nationale de santé publique ; Lydie Laigle, CSTB et Baptiste Roux-dit-Riche, animateur
Étienne Crépon a conclu : « Le changement climatique est désormais incontournable. Face à cette évolution majeure, nous ne pourrons plus, dans nos travaux quotidiens, ne pas intégrer d’une manière ou d’une autre, chacun à notre niveau, qu’il va falloir transformer les conditions de vie de nos concitoyens et que nous devons en tenir compte. L’un de nos objectifs est ainsi de permettre aux acteurs d’avoir une parfaite connaissance de la vulnérabilité de leurs biens et de la pérennité de leurs performances notamment, face aux futurs aléas. De sorte qu’ils puissent disposer des informations nécessaires pour adapter, en conséquence, leurs manières de concevoir, rénover, construire ou exploiter les villes et les bâtiments. Nous devons changer de paradigme ».
Photo ouverture © Manza Studio - “Changement climatique : rendre possible l’adaptation du secteur du Bâtiment”, tel était le thème de la 2e Journée de la Recherche du CSTB que 600 personnes ont suivi, le jeudi 30 mai dernier, en présentiel ou à distance