Femmes de tête dans le monde du verre et de la menuiserie
Les femmes de tête dans l’industrie du verre et de la menuiserie manifestent les avancées et changements de paradigmes, à l’instar de 3 exemples de femmes dirigeantes particulièrement inspirantes.
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« Les femmes sont les bienvenues chez Riou Glass » - Christine Riou Ferron, présidente de Riou Glass
Nommée présidente de Riou Glass en 2022, Christine Riou Feron a rejoint le clan très fermé des femmes dirigeantes d’entreprise dans l'industrie. Elle évoque à la fois son parcours et la place qu’occupent les femmes chez Riou Glass…
© Riou Glass - Baignée dans l’aventure entrepreneuriale familiale depuis toujours, Christine Riou Feron a développé une passion pour les affaires et la stratégie et a succédé à son père Pierre Riou à la présidence du groupe en 2022
« Avez-vous toujours su que vous tiendriez un jour des fonctions directoriales chez Riou Glass ? »
Étant née pratiquement en même temps que l’entreprise, il m’apparaissait évident – oserais- je dire naturel – que je participerai un jour à l’aventure, même si j’ignorai sous quelle forme. Au cours de ma jeunesse, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de passer des étés sur les sites Riou Glass, au contact de différents outils : je connais bien le process industriel. Ensuite, les expériences successives que j’ai menées à l’extérieur de l’entreprise m’ont permis d’explorer les métiers du service, mais ceux-ci ne m’ont pas épanouie.
L’industrie m’attirait davantage. La matière que nous transformons – le verre – est un matériau noble. Notre gamme est très large et comprend de très nombreux produits. Nous avons déjà fait beaucoup de choses, mais il en reste énormément à accomplir et c’est aussi cela qui m’a attirée. J’ai rejoint discrètement l’entreprise en 2011, aux côtés de mes parents et de mon frère à la direction générale. En parallèle, j’ai aussi repris des études pour être mieux à même d’organiser les pans de la gestion de l’entreprise tout en vivant un réel partage d’expériences aux côtés de mes parents et des équipes.
« Êtes-vous représentative de l’évolution de la place des femmes à la direction des entreprises ? »
Si les femmes dirigeantes de société sont encore assez rares, il y en a de plus en plus. Nous travaillons dans un secteur plutôt masculin. Il faudra encore du temps avant de voir un équilibre s’instaurer entre les hommes et les femmes à la tête des entreprises, dans l’industrie et dans le bâtiment.
« Quelle place tiennent les femmes dans votre entreprise ? »
En production, les femmes représentent 12 %, mais nous sommes plus de 25 % si l’on tient compte de l’ensemble des emplois féminins dans l’entreprise, notamment dans les secteurs administratifs et commerciaux. À la production, les femmes occupent souvent des postes nécessitant des qualités de précision et de minutie, notamment les opérations de cadrage ou d’assemblage des croisillons… Les tâches manuelles qui apportent des fonctions décoratives aux vitrages sont aussi volontiers confiées aux femmes.
Pour l’heure, il n’y a pas encore de directeur de site ou de responsable de production femme dans les 15 usines métropolitaines de Riou Glass, mais quelques-unes sont cheffes d’équipes et leur présence est forte dans tous les processus QHSE et d’amélioration continue. Si une femme devait, un jour, diriger l’un de nos sites, je serai vigilante pour faire en sorte qu’elle se sente bien accueillie dans sa fonction. Je tiens à préciser cependant, que nous ne constatons aucun fait de sexisme dans nos différentes unités.
« Le recrutement plus large des femmes vous apparaîtil comme une solution pour faire face à l’absence de certains profils dans l’industrie ? »
Les difficultés à trouver les bons profils ne se posent pas avec la même acuité dans toutes les régions. Par exemple, il se peut que nous ayons des difficultés à recruter pour certains postes à Pouilly-en-Auxois sans que cela ne soit le cas en Normandie. Lorsque nous recrutons, nous choisissons les meilleurs profils, sans volonté de privilégier une femme ou un homme.
« L’égalité salariale homme - femme est-elle effective chez Riou Glass ? »
Chez nous, la rémunération salariale s’établit en fonction du poste, de la compétence et de l’ancienneté. A compétences égales, il n’y a pas d’écarts de salaire entre les femmes et les hommes. Nous allons continuer à recruter des femmes. De nouveaux profils féminins apparaissent, comme l’ingénieure en amélioration continue, poste qui n’existait pas il y a encore quelques années dans notre industrie. Sur trois de nos sites, ce sont des jeunes femmes qui les occupent. De même, les postes de chargés d’affaires et de commerciaux de terrain se sont féminisés ces dernières années. Il y a encore 10 ans, ils étaient exclusivement masculins, signe que la miroiterie ou la transformation du verre attirent aussi les femmes.
© Riou Glass - La pose des intercalaires dans les vitrages isolants est une tâche qu’exercent les femmes chez Riou Glass
« Faites-vous passer un message d’ouverture de vos métiers aux femmes auprès des écoles et des organismes de formation ? »
Non, pas particulièrement. Cela peut paraître étrange sachant que je suis moi-même une femme, mais cela tient à mon éducation : jamais mes parents n’ont établi de différences dans la manière de nous considérer, mon frère et moi. Aussi, lorsque l’on évoque le plafond de verre auquel se heurtent les femmes, je ne me sens pas particulièrement concernée : l’égalité de traitement homme-femme m’est naturelle et je n’ai pas l’impression d’être porteuse d’un message spécifique envers les femmes.
Bio expresse…
Christine Riou Feron est la fille de Pierre et Christiane Riou, les fondateurs de l’entreprise Riou Glass. Après une expérience chez l’américain Lincoln Electric, l’un des leaders mondiaux d’équipements et de consommables de soudage, où elle a occupée différentes responsabilités, notamment au sein de la direction industrielle de la filiale française, elle rejoint l’entreprise familiale fin 2011.
Promue directrice générale adjointe en 2016 avec pour mission la gestion et la consolidation des ressources transverses (RH, juridique, IT, finance et contrôle de gestion), elle devient en juillet 2018 vice-présidente de Riou Glass, puis présidente en 2022 lors de la passation de Christiane et Pierre Riou de l’ETI familiale à leurs enfants après plus de 40 ans de gouvernance.
Diplômée d’un master en management de la NEOMA Business School, Christine Riou Feron connait aussi bien les grands groupes que les entreprises de taille intermédiaire. Ses différentes fonctions occupées au sein de Riou Glass lui ont donné une connaissance fine de l’entreprise et de son marché.
Christine Riou Feron incarne la seconde génération des dirigeants Riou Glass. Elle écrit de nouvelles pages de l’histoire commencée par ses parents en 1979, en développant l’entreprise avec les mêmes valeurs : esprit familial, qualité et savoir-faire.
‘‘ L’agilité et des racines bretonnes contre vents et marées ’’ - Emmanuelle Cadiou, présidente de Cadiou Industrie
© Cadiou - Le site de Cadiou Industrie à Locronan
Cap à l’Ouest, en Bretagne plus précisément, pour rencontrer la proactive présidente de Cadiou Industrie, Emmanuelle Cadiou, dont le pragmatisme, l’intégrité et la sensibilité féminine font écho à la forte identité de sa région du Finistère, avec pour horizon quotidien de l’entreprise, l’emblématique baie de Douarnenez. Les noms font déjà rêver, entre mer d’Iroise, presqu’île de Crozon et Cap Sizun, avant de monter à bord d’une histoire familiale aux valeurs ciselées depuis 1973 et même antérieurement, puisque Ronan Cadiou, âgé de 24 ans, reprend l’entreprise de menuiserie bois de son père à Locronan.
© Cadiou - Emmanuelle Cadiou, présidente de Cadiou
Emmanuelle Cadiou, présidente de Cadiou, nourrit une culture d’exploration et de partage d’expériences pouvant affronter le pire pour construire le meilleur. En 2007, c’est donc à sa fille Emmanuelle Legault et à ses gendres Jean-François Legault et Anthony Bihan que revient le gouvernail de ce navire aujourd’hui devenu amiral. Avec un équipage de plus de 750 collaborateurs, Cadiou hisse haut les voiles, numéro 1 du portail en 2023 avec un savoir-faire nationalement reconnu. Alors quand les crises débarquent – Covid doublé d’une cyberattaque mi-juin 2020, puis les pénuries de matériaux et crise énergétique – l’entreprise fait front, s’arcboute à une forte solidarité en interne puis repart de l’avant : « nous avons traversé tous ces événements comme une course au large, en essuyant les tempêtes, mais en prenant toujours le recul nécessaire pour agir en conséquence. L’adversité me motive », défie Emmanuelle Legault qui y trouve matière à trouver de nouvelles idées, tout en stabilisant des fondations endurantes et puissamment consolidées.
La sérénité à l’épreuve, finalement, c’est en partie le résumé de la dynamique chevillée au corps de Cadiou Industrie qui cartographie les risques sur la mappemonde de son large champ d’actions et de ses convictions en termes de gouvernance. Démarche RSE avant l’heure, engagement territorial, écoconception très impliquée, « notre raison d’être est de façonner des espaces de vie extérieurs fonctionnels et harmonieux », synthétise la présidente. « Nous nous engageons à coopérer avec notre écosystème afin de créer des solutions intelligentes et évolutives adaptées à chacun, à chaque mode de vie et à chaque environnement ». Et de rajouter, « nous sommes à l’écoute des signaux, devançons les problèmes, débattons en toute transparence et basons notre évolution sociétale comme le développement de nos produits et de nos solutions à travers la confiance et la responsabilité individuelle et collective. Nos meilleurs ambassadeurs sont nos salariés et la satisfaction de nos clients professionnels et celle de leur clientèle ».
Un succès dû notamment à une organisation souple et une hiérarchie légère sans process de validation clivant et labyrintique. Comme les codes du mode de vie outdoor dont s’est emparé l’industriel sous toutes les coutures, du portail au garde-corps et au jardin (brise-vues, cache climatisation…), l’harmonisation épouse le design et les contraintes techniques, en logeant l’innovation dans tous les détails. Et il reste toujours de nouveaux éléments à extraire des cartons, comme le lancement de sa marque de garde-corps MajusKule en 2022 créée spécialement pour le marché de l’habitat collectif.
Ouverte à son environnement, l’entreprise familiale, qui poursuit des investissements continus et s’est distinguée très tôt par son implication sociétale visionnaire avec des recrutements sans CV dès 2012, basé sur les aptitudes avec formation en interne via son atelier école, offrant un parcours d’intégration pour les nouveaux collaborateurs, etc. Une intégration inclusive qui attire les compétences et où le turn over n’existe quasiment pas, un exploit à l’heure d’une nouvelle pénurie..., celle des candidats.
Actrice et créatrice avec ses équipes de sa vie d’entrepreneure, Emmanuelle Cadiou, qui se réseve la capacité à faire pivoter tel produit vers telle orientation au dernier moment, offre, en toute humilité, les leçons d’un capitaine au long cours qui porte loin sa vision jusqu’en 2025, arrimant à des points phares le temps de façonner deux chantiers incluant des objectifs clairs de cocréation collective pour mettre l’Homme et l’amélioration continue au cœur des évolutions, mobiliser les potentiels, engager toutes les parties prenantes pour optimiser une qualité d’exception, tout en pratiquant l’ industrie la plus vertueuse possible.Un écosystème fluide et inspirant, prêt à essuyer les embruns…
‘‘ Explorer le courage, l’authenticité et les forces collectives ’’ - Angélique Longeray, directrice générale de Somfy France
© Somfy France - Angélique Longeray, directrice générale de Somfy France
Pour Angélique Longeray, directrice générale de Somfy France,inspirante et cocréatrice d’un monde industriel et professionnel ouvert aux changements de paradigme : « les crises accélèrent les transformations et poussent à agir ». Dans ce groupe qu’on ne présente plus et qui accompagne le changement par nature, « l’adversité pose des questions pratiques pour chercher de nouvelles solutions ».
Trouver des marges de manœuvre, tout l’art de Somfy qui œuvre aux transitions digitales et énergétiques. « Il nous revient en tant que manager de donner le cap et diffuser de l’énergie positive en faisant interagir le collectif, à la fois toutes nos équipes, nos fournisseurs et bien sûr nos clients, envers lesquels l’écoute est primordiale et notre priorité », poursuit la dirigeante qui prône d’avancer au rythme des sujets avec de courtes réunions journalières ou hebdomadaires, la politique des petits pas engrangeant les grandes actions.
Les investissements importants du groupe, et notamment la nouvelle usine ultramoderne au Portugal, l’attestent – pour rappel, un bâtiment de 25 000 m² certifié LEED Gold (Leadership in Energy and Environmental Design) sorti de terre en 2024 à Porto, ou encore le nouveau pôle logistique dans l’Ouest de la France en 2025, décuplant de nouvelles capacités additionnelles en sus du site de Bonneville (Haute-Savoie) – viennent solutionner avec de nouvelles chaînes d’approvisionnement des problématiques soulevées par la pénurie des matériaux entre autres. Et avec une promesse forte, outre la contractualisation renforcée tout au long de la supply chain avec visibilité et anticipation et des stocks reconstitués cette année, 70 % des moteurs Somfy auront été fabriqués à fin 2023, dans un site digitalisé.
Des actions très structurantes qui ont émergé en partie par la reconnaissance des failles durant la tension et rupture d’acheminement des matériaux, et dont s’emparent avec résilience et authenticité l’équipe dirigeante, les chefs de projets, designers, acheteurs, ingénieurs… du groupe.
Angélique Longeray le souligne, « l’amélioration de nos services et de nos produits passe par la prise de décisions générée par l’authenticité et la faculté à échanger en toute transparence. La sincérité des interactions humaines anime depuis toujours les valeurs du groupe et s’aligne à une démarche collaborative engageante et surtout mobilisatrice et inclusive ». Des axes de progrès facilitateurs, où les remises en question deviennent ici source d’innovation : « la période très difficile que nous avons traversé en 2022 a été très apprenante à plus d’un titre et avec humilité, nous a permis de rebondir et de trouver de nouvelles alternatives. La culture du Développement Durable intrinsèque à Somfy favorise la réparabilité face aux écueils, mais aussi l’accueil de nos ambitions à travers notre plan à 3 ans "One Way" jusqu’en 2025. Lequel nous permet de l’intérieur de transformer les circonstances et contingences extérieures ».
Repenser les usages, les process, la fabrication et le cycle de vie des produits Somfy relève in fine d’une vision écoresponsable de la croissance, d’un état d’esprit et d’une conviction qui permet de traverser les turbulences avec sérénité et avec l’appui engagé des actionnaires du groupe.
« Nous avons un rôle modèle à jouer, et c’est passionnant ! », conclut Angélique Longeray.
© Riou Glass - Christine Riou Feron, présidente de Riou Glass