L’intelligence artificielle arrive dans les ateliers

groupe-biesse-shutterstock

Si quotidiennement, l’intelligence artificielle s’impose petit à petit dans nos vies, l’univers de la menuiserie ne fait pas exception.




Encore peu développée, celle-ci devrait rapidement trouver sa place pour offrir de nouvelles perspectives aux acteurs de la filière. Ergonomie, prédiction des pannes ou encore hausse de la productivité, l’IA peut jouer un rôle majeur dans l’évolution des métiers du verre et de la menuiserie, et notamment dans le fonctionnement des ateliers de production. Point sur l’impact de l’IA dans la filière vers ces prochaines années.

 

‘‘ L’ère de l’industrie 5.0 ’’

 

edgetech-aip-rene-muller

© René Müller - Chez Edgetech, travailler avec l’intelligence artificielle représente un atout indéniable pour l’identification des risques ou d’éventuels disfonctionnements des machines

 

L'industrie 4.0. Un mot barbare ou presque qui indique un nouveau tournant dans la manière de produire. Avec en toile de fond des outils digitaux toujours plus performants et l’arrivée de l’intelligence artificielle qui pourrait bouleverser l’ordre établi. Fabrice Keller, area manager chez Edgetech-Super Spacer pose le débat en prévoyant déjà le rôle que pourrait avoir l’IA : « demain, l’intelligence artificielle fera de la conception et de la modélisation ». Nul ne doute que l’intelligence artificielle a déjà un impact dans le monde du bâtiment. Et cela ne fait que commencer. Les possibilités immenses et quasiment sans limites qu’elle offre vont forcément lui permettre de s’imposer toujours plus au quotidien. « Si l’on commence par penser architecture des bâtiments, le BIM permet déjà de modéliser l’ensemble d’un bâtiment ; très prochainement, cette modélisation va se faire de manière automatique », prévoit Fabrice Keller. L’IA doit permettre une meilleure gestion des projets avec une planification plus fine en identifiant notamment un certain nombre de risques. Troisième élément à prendre en compte et non des moindres, la maintenance. Pour Fabrice Keller, l’intelligence artificielle va apporter un vrai plus dans ce domaine. « Grâce à l’IA, la maintenance des machines va être facilitée car elle pourra être prédictive, ce qui va avoir une réelle incidence sur le coût de cette maintenance ». Enfin, l’aspect sécurité n’est pas non plus à négliger avec une possibilité de détecter les objets dangereux dans une usine afin d’éviter tout accident. L’optimisation énergétique est aussi une possibilité offerte par l’IA grâce à la récolte des données du bâtiment qui vont être analysées pour optimiser la consommation énergétique du site. « Le taux d’automatisation des machines va continuer de s’accroître », prédit Fabrice Keller, « avec la volonté d’optimiser leur fonctionnement et donc de réduire les coûts, et en engendrant moins d’erreur dans un cycle de production, assurant par exemple la bonne matière au bon endroit ». 

 

Uniquement des avantages 

 

Outre l’aspect production, toute la logistique se trouve impactée par la mise en place d’outils ou de machines intelligentes conçues dans un processus d’amélioration continue avec la possibilité de s’adapter aux conditions de circulation des flux par exemple. Automatisation, traitement et utilisation des données, autant de notions qui peuvent effrayer… Pas de quoi, selon Fabrice Keller : « je pense que nous pouvons nous attendre uniquement à des avantages à travailler avec l’intelligence artificielle. Celle-ci va ajouter de la transparence et offrir de nouvelles possibilités de développer des solutions innovantes avec beaucoup de flexibilité pour les fabricants. Ainsi, on peut imaginer qu’il sera possible par exemple d’avoir des vitrages différents en fonction de l’orientation cardinale et déterminés par l’IA. Nous sommes à un virage qu’il faut prendre et la gestion intelligente des bâtiments qui se met en place va, par ricochet, venir s’installer dans les ateliers de fabrication ».  

 

sedak-iso-glas-linie

Maintenance prédictive, optimisation de la productivité… les transformateurs verriers s’équipent avec l’IA pour de meilleures performances

 

Une vision optimiste de Fabrice Keller qui ne l’empêche pas de poser quelques bémols. À commencer par la difficulté de trouver du personnel formé à ce type d’outil. Pour autant, dans une logique environnementale et durable qui est devenue obligatoire, l’intelligence artificielle doit permettre d’optimiser la  production en utilisant moins de ressources grâce à l’optimisation des données. Des données qui sont disponibles depuis très longtemps, mais mal exploitées, ce que l’IA va permettre. 

 

Une réponse au manque de main d’œuvre ?

 

Souvent mise en opposition avec l’humain, l’intelligence artificielle pourrait en réalité être une réponse à un problème récurrent dans l’univers du bâtiment : la problématique du recrutement et d’une main d’oeuvre qualifiée. Jean-Luc Prunier, directeur du développement services chez Biesse France, acquiesce : « dans de nombreuses entreprises, il y a un problème de compétence de la ressource humaine avec peu de techniciens disponibles sur le marché. On constate donc une évolution des profils avec des jeunes techniciens qui sont moins spécialisés dans l’usinage, l’utilisation de la plaqueuse ou de la scie. De plus en plus, les entreprises sont amenées à recruter des collaborateurs-trices aux multicompétences, plus polyvalents. Pour les accompagner, il va être très utile de disposer des bons outils et de l’intelligence artificielle. Pour autant, il ne faut pas oublier que l’IA sans l’intervention humaine, cela ne peut pas fonctionner. L’IA est un outil qui accompagne, qui facilite les choses ».

 

groupe-biesse-e-services

© Groupe Biesse - Les e-services se dématérialisent au profit d’un plus grand accompagnement des professionnels utilisateurs

 

Une valeur ajoutée pour la qualité de vie au travail

 

Souvent mise en opposition avec l’humain, l’intelligence artificielle peut en réalité s’avérer un véritable allié de l’homme, notamment pour valoriser  sa qualité de vie au travail. Les contrôles et alertes étant plus performants, la sécurité et la vigilance sont mieux assurées pour les opérateurs, ce qui limite les risques d’accidents. De même, l’IA peut s’emparer de multiples tâches annexes peu valorisantes et chronophages (gestion des stocks, saisie des données…). Une vraie opportunité pour les opérateurs qui peuvent se concentrer réellement à leur cœur de métier avec plus d’attention.

 

groupe-biesse-sofia

© Groupe Biesse - Alliant compétence et expérience humaine à l’automatisation totale et à l’interconnexion des productions, Sophia IOT ouvre un nouveau cap dans l’expérience IA

 

groupe-biesse-sofia-shutterstock

© Groupe Biesse - Tout en identifiant les besoins au plus près des attentes de ses clients industriels, avec Sophia IOT, le Groupe Biesse (notamment pour sa division verre Intermac), modifie l’activité de l’entretien et réparation des équipements grâce à une digitalisation analytique et anticipatrice en temps réel ;  une fonctionnalité permet de chatter en direct avec ses techniciens de la hotline

 


L’IA : des fonctionnalités aux pieds agiles

Atouts technologiques et stratégiques, la plateforme IoT de Biesse, ce sont également des fonctionnalités comme le cycle de Test, le SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition) ou le système de supervision industrielle traitant en temps réel un grand nombre de mesures et dont le contrôle à distance permet d’envoyer une alerte automatiquement en moins de 5 minutes à un hotliner Biesse lors d’un arrêt machine (Machine Down). 

Sophia IOT permet également de monitorer des indicateurs de production en proposant l’accès à différents KPI (Key performance Indicator), comme le taux de disponibilité d’un équipement, le taux d’efficacité et d’efficience pour mieux piloter la machine ou encore les pertes de temps liées au changement d’outil.  « Grâce aux informations envoyées par la plateforme,  nos services sont capables de prendre  en charge la panne en moins d’une heure », rappelle Jean-Luc Prunier, directeur du développement service France Biesse Group.  

— Anne Boulay


 

Une opportunité pour produire "mieux"

 

L’utilisation de l’intelligence artificielle trouve aussi un réel intérêt face aux enjeux environnementaux. Elle permet de rationaliser l’usage des matières premières, d’optimiser la gestion des ressources et la gestion des déchets, de réduire la consommation énergétique des bâtiments et des sites de production… Elle apparaît donc comme une aide précieuse à l’heure de la transition énergétique. Même constat du côté de la qualité car l’IA minimise l’imprévu grâce à des contrôles automatisés et une surveillance en temps réel de la production permettant de garantir (ou presque) l’absence de défauts. 

 

sedak-automation

© AIP/René Müller - L’intelligence artificielle s’intègre à la technologie avancée d’équipements de pointe toujours plus sophistiqués, analysant notamment l’usure et prévoyant le remplacement de pièces détachées

 


L’intelligence artificielle en résumé

L’intelligence artificielle (IA) fait référence à un processus d’imitation de l’intelligence humaine par des machines et systèmes informatiques. Ce processus se caractérise par sa capacité à apprendre, à raisonner et à s’autocorriger. Tout ceci fonctionne grâce à la création et à l’application d’algorithmes qui vont traiter des données. 


 

Biesse France a franchi le pas avec Sophia IOT

 

Depuis 2019, Biesse France utilise l’intelligence artificielle sur ses machines avec sa solution nommée Sophia IOT. Jean-Luc Prunier,  directeur du développement services chez Biesse France fait le point sur les avantages, mais aussi les évolutions futures offertes par ce système.

 

sophia-iot 

© Groupe Biesse

 

‘‘ L’IA sans intervention humaine ne peut pas fonctionner ’’,

Jean-Luc Prunier, directeur du développement services chez Biesse France

 

Les ateliers et usines doivent bénéficier à plein de l’utilisation de toutes ces données récoltées. Jean-Luc Prunier, directeur du développement services chez Biesse France le constate déjà depuis 2019 : « cela fait 4 ans que toutes nos machines disposent de la solution Sophia IOT et sont donc équipées de capteurs, permettant grâce à une application, d’afficher leur état en permanence et en temps réel ». Il est ainsi très simple de pouvoir vérifier, à l’aide de ces indicateurs fournis par la machine, sa puissance, son voltage, sa position. Des données qui transitent par le Cloud. « À partir de là, un algorithme étudie ces données pour analyser si le fonctionnement est normal », explique Jean-Luc Prunier, « si ce n’est pas le cas, nous recevons des alertes et nous pouvons prévenir le client. » De même, lorsque la machine est à l’arrêt, celle-ci va automatiquement générer un ticket d’incident. 

 

Des résolutions de problèmes plus rapides

 

Autant d’atouts assurant ainsi un diagnostic préétabli et favorisant donc la rapidité d’intervention pour résoudre tout incident. « Avec ce système Sophia IOT, nous réduisons par deux le temps de résolution par téléphone pour trouver la panne. Un réel avantage pour le client car sa machine va être immobilisée moins longtemps. Nous augmentons par ailleurs la productivité globale de la machine de plus de 10 % ». 

 

Pour accompagner ses clients, Biesse a parallèlement créé un contrat d’assistance premium qui garantit la réactivité au moindre problème. Jean-Luc Prunier nous en dit plus : « grâce à l’application Sophia IOT, nos clients utilisateurs peuvent directement intégrer des photos pour identifier le problème. Ils peuvent aussi, à travers l’application, accéder à des statistiques informant de leur utilisation de la machine pour une meilleure optimisation. Des informations leur sont adressées en permanence. Autre intérêt, l’accès à l’entretien préventif grâce à l’algorithme envoyé aux hotliners indiquant les opérations de maintenance à réaliser ». 

 

Depuis 2019, le système a évolué avec une augmentation sensible du nombre d’indicateurs venant renforcer encore plus la fiabilité du système. Lorsque l’on parle d’intelligence artificielle, il ne faut pas oublier que le système doit apprendre, et plus il a accès à des données, plus il apprend. « Nous envisageons de passer un cap en 2024-2025 », confie Jean-Luc Prunier, « en permettant à nos clients l’accès direct à ces données, ce qui permettra d’être dans une démarche plus prédictive, c’est la prochaine étape. De même, nous développons des machines dotées d’une maintenance intelligente pour que nos clients puissent s’autodépanner. Grâce à des vidéos tutoriels notamment ».

 

Faire accepter l’outil aux entreprises

 

Autre volet à prendre en compte, l’acceptation de l’outil par les utilisateurs, explique Jean-Luc Prunier : « l’IA ce sont des changements, du personnel à former parce qu’il faut par exemple que le hotliner accepte d’être accompagné par quelqu’un de virtuel dans la résolution des problèmes. De même, il faut faire accepter les KPI (Key Indicator Performance ou indicateurs de performance d’une entreprise) à nos clients partenaires, pour lever l’impression d’être contrôlé. Le message à faire passer est vraiment que l’IA reste une aide qui va faciliter le quotidien et n’est pas là pour contrôler ». 

 

Biesse France continue d’améliorer son système, d’autant que l’IA va être enrichie par sa propre expérience, par son vécu. « Rappelons qu’une machine génère environ 60 000 lignes de données par jour », confie Jean-Luc Prunier. « Il faut donc savoir gérer toutes ces données. À ce titre, nous avons développé notre algorithme avec Accenture et Microsoft Azur et celui-ci évolue au fur et à mesure. Nous avons fait le choix de créer nos propres plateformes pour rester maître de la solution ». Avec des évolutions à attendre notamment sur la périodicité des données. Sophia IOT procède à des analyses sur 24 h, mais pourrait aussi  décomposer certaines tranches horaires face à la demande. La principale nouveauté, Jean-Luc Prunier nous la dévoile : « nous avons une autre plateforme qui concerne les pièces détachées et celle-ci va bientôt être interconnectée. Ainsi, le professionnel pourra acheter sa pièce directement en ligne en cas de besoin. Nous pouvons même imaginer une commande automatique selon le niveau d’usure d’une pièce ».

 

Jean-Luc Prunier constate  un véritable intérêt pour l’IA aujourd’hui, beaucoup plus factuel qu’il y a encore 5-6 ans. « L’on parle aujourd’hui d’industrie 4.0, voire 5.0, et nos clients sont prêts à passer le cap, rassurés par la réactivité des dépannages en cas de problème. Force est de constater également qu’au fil du temps, nos partenaires animent leurs équipes avec les indicateurs du système ».

 

— Franck Guidicelli

 

Photo ouverture © Groupe Biesse - L’intelligence artificielle devient réalité, équipant chaque année un peu plus les ateliers des industriels du verre et de la menuiserie


Source : verre-menuiserie.com

Laissez votre commentaire

Saisissez votre Pseudo (votre commentaire sera publié sous ce nom)

Saisissez votre email (une alerte sera envoyée à cette adresse pour vous avertir de la publication de votre commentaire)

Votre commentaire sera publié dans les plus brefs délais après validation par nos modérateurs.

Articles qui devraient vous intéresser

Newsletter
Restez informés !
Abonnez-vous à notre Newsletter.
 
Dernière revue
N° 315 - OCTOBRE-NOVEMBRE 2024

  magazine  

Produits


Nouveautés Produits