Un architecte dans la ville

...  pour relier et créer des espaces à forte identité, en résonance avec nos nouveaux modes de vie et les normes internationales. Nous le retrouvons dans son agence à Casablanca pour évoquer son expérience au travers de quelques exemples emblématiques.

‘‘ Écouter la ville ’’

© Agence Amazirh Architectes - L’école dernière génération des Sciences de l’Ingénieur à Tanger avec sa façade VEC et paramétrique

Diplômé de l’École d’architecture de Paris Val-de-Seine, puis chef de projet dans plusieurs agences d’architecture parisiennes, avant de créer son Agence Amazirh Architectes conjointement avec sa femme en 1998 à Casablanca, Anass Amazirh devient directeur technique & qualité pour Urbis park Covivio, puis maître d’ouvrage délégué œuvrant en tant qu’accompagnateur pour les investisseurs et foncières. Revenu s’installer dans la capitale économique et plus grande ville du Maroc, l’architecte mène avec son équipe d’une dizaine de personnes, des chantiers tertiaires ou résidentiels dans son pays ou en Europe. La diversité de son expérience et de ses conceptions architecturales – qu’il s’agisse pour les plus récents, du nouveau pont du boulevard Mohamed VI à Casablanca, de la piscine Sidi Youssef Ben Ali avec bassin semi-olympique, du réaménagement de la décharge de sidi Moumen en une réhabilitation végétalisée et durable ou encore du campus vertical pour l’École Marocaine des ingénieurs EMSI Tanger ou d’une villa de maître à Mohammedia… – lui offre matière à accorder l’évolution des usages à une nouvelle urbanité et d’offrir son inspiration au désir d’habitats et de modèles constructifs fonctionnels, créatifs et pérennes.  

À l’instar de l’école de dernière génération des Sciences de l’Ingénieur à Tanger pour Honoris United Universities, où la façade VEC et paramétrique du bâtiment travaille ici la verticalité avec les profilés aluminium Sepalumic « et des blocs béton en aplomb préfabriqués sur place, et non en boîte en panneaux composites en aluminium », souligne Anass Amazirh. « Ici, nous avons fait accepter une façade détramée spécifique clairement identifiable ». 

© Agence Amazirh Architectes - Anass Amazirh crée son agence à Cassablanca avec son épouse architecte en 1998, et propose depuis sa vision, entre design et sensibilité urbaine, pour des aménagements paysagers, infrastructures et réalisations architecturales tertiaires et résidentielles

Retour à Casablanca sur l’ancienne décharge de sidi Moumen métamorphosée en espaces de jeux récréatifs de 12 ha dédiés aux enfants et à l’activité sportive (terrain omnisport, skate-park, espace fitness et musculation, parcours de santé…). Mais aussi lieu culturel avec bibliothèque, théâtre de plein air et sensibilisation à l’environnement et au développement durable pour tout public. Tout l’art de la transformation dans un lieu symboliquement fort, ici transmuté en une vision globale du recyclage… d’idée et de fonctionnalité : « il s’agit d’un espace typique sur lequel nous avons réfléchi en toute cohérence à sa dimension durable tout en affrontant d’importantes contraintes techniques – une hauteur d’accès de 15 m et stabilisation des talus, station des eaux usées et gestion du stress hydrique, etc. – et où l’intégration s’est accordée à la densité de l’urbanisme autant qu’à une approche constructive vertueuse avec installation de panneaux solaires et ombrières, récupération de bois pour les poteaux d’éclairage et les garde-corps, kiosques verts, etc. », commente Anass Amazirh. « La transfiguration même du lieu fait œuvre de pédagogie environnementale tout en offrant des outils et un espace didactique pour les visiteurs avec l’histoire de la décharge et autres exemples d’ouverture aux bonnes pratiques, etc. ». 

À une trentaine de kilomètres de la "ville blanche", changement de décor avec cette villa de maître et piscine à débordement, dont la façade architecturale minimaliste porte casquettes pour protection solaire et donne les pleins pouvoirs d’ombrage à une végétation généreuse. Les grandes baies vitrées avec double vitrage invite la lumière à inonder les pièces sans besoin de climatisation : « nous avons particulièrement privilégié l’isolation, choisi une ventilation naturelle basse et haute avec notamment l’extraction de l’air chaud par le skydome au-dessus de l’escalier », explique l’architecte, dont les ouvrages s’inscrivent davantage dans le neuf que dans des programmes de rénovation, « beaucoup plus prégnants en Europe qu’au Maroc », observe-t-il ; « même si la protection du patrimoine culturel et historique, à l’image des Medinas, tend doucement vers une dynamique de requalification de ses atouts et de sa puissance d’évocation architecturale ».  

Anass Amazirh écoute la ville pour répondre à son évolution et celle de ses habitants.  

Photo ouverture : © Agence Amazirh Architectes - Dans cette villa de maître à Mohammedia, l’architecte Anass Amazirh a fait œuvre d’élégance et de fonctionnalité