La ville inclusive, les prémices…
Les projets, d’une urbanité plus humaine et plus respectueuse du vivant, commencent à fleurir et offrent la part belle à davantage de mixité. Voici quelques exemples.
Publi-Information
© Hérault Arnod + pöm/Samoa (18 mai 2022) - Lot J1 - La Forêt. Architectes : Hérault Arnod + pöm. Maîtrise d’ouvrage : Groupe Réalités. Nantes (Loire-Atlantique)
"Construire en terre" à Marseille (Bouches-du-Rhône)
© Redman et Euroméditerranée - Campus Omnes Éducation Redman et Euroméditerranée sur le périmètre de la ZAC Saint-Charles à Marseille (13)
À l’issue du concours d’architecture lancé en décembre dernier, le promoteur Redman et l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée ont retenu l’agence marseillaise AT Architectes pour la réalisation du futur Campus Omnes Éducation sur la ZAC Saint-Charles à Marseille (livraison prévue en 2026). Il s’agit de doter le quartier d’une offre diversifiée de formation et d’enseignement supérieur. Ce projet sera le premier démonstrateur du programme "Construire en terre", développé conjointement par Saint-Gobain et Euroméditerranée, avec pour objectif de valoriser et d’industrialiser la mise en œuvre de la terre (crue) d’excavation comme matériau de construction écoresponsable en s’inscrivant dans un schéma d’économie circulaire.
Ce campus, regroupant 6 écoles de l’enseignement supérieur (6 500 m² de surface de plancher), devrait accueillir à terme près de 2 600 étudiants. Il devrait être conçu comme un village, composé d’écoles et de différents tiers lieux à la disposition des étudiants, accessibles par le Cours Omnes, grâce à la construction d’un grand escalier urbain qui aboutira dans un espace de convivialité, offrant des lieux de détente et de rencontres ouverts sur le paysage.
Vue sur la mer et sur la ville, jardin de pleine terre, toiture végétalisée, il s’inscrit dans son environnement. Evolutif dans ses usages et réversible d’un point de vue constructif, il s’approprie le principe bioclimatique "approche Negawatt®" pour répondre aux enjeux de la ville dense. Les besoins en chauffage et rafraîchissement du Campus seront assurés à 100 % par le réseau de géothermie marine Thassalia et l’enveloppe thermique bas carbone du bâtiment, biosourcée et géosourcée, permettra d’atteindre les exigences de la RE2020. Le Campus vise également les labélisations BDM argent (Bâtiments Durables Méditerranéens), Bream Very Good et BBCA 2028.
Selon les définitions en cours, « la ville inclusive est une ville conçue pour accueillir toutes les personnes, indépendamment de leur âge, de leur genre, de leur origine ethnique, de leur handicap ou de leur statut socio-économique. Elle est caractérisée par un accès équitable aux services, aux espaces publics, aux transports et aux logements ». Au-delà des éléments de langage, le concept s’est développé dans certains pays, au Québec notamment et plus proche de nous en Autriche, à Vienne. En France, il avance à petits pas. Aujourd’hui, le Gouvernement soutient, avec l’acte 2 "Action cœur de ville", l’attractivité des villes moyennes pour les habitants dans un cadre de vie accueillant, agréable et inclusif. Ce dispositif devrait se traduire par 5 Mds € d’investissement consentis par l’État et ses partenaires pour accompagner les collectivités sur la période 2023-2026. Il s’élargit à l’aménagement de l’entrée des villes. Parmi les nombreux objectifs, notons la volonté de proposer de nouveaux quartiers, un tissu urbain mixte et fonctionnel, davantage de sobriété foncière (avec notamment une renaturation des sols pour améliorer la qualité de vie et les conditions d’habitat), de nouveaux axes pour favoriser les mobilités douces, etc. 45 villes se sont déjà portées volontaires…
Le projet Oasis de Sogeprom-Pragma, lauréat des "Folies architecturales" de Montpellier (Hérault)
© Agence Coldefy - Oasis Sogeprom Pragma. Agence Coldefy
Conçu par l’agence Coldefy, ce projet doit s’intégrer dans le quartier Ovalie. « Ambition environnementale, audace architecturale et inclusion sociale sont les fils rouges qui ont inspiré ce projet d’envergure », a commenté Pierre Raymond, directeur régional de Sogeprom-Pragma Occitanie-Méditerranée. Respectant une programmation ambitieuse qui mixe logements et bureaux, Sogeprom-Pragma s’est appliquée à valoriser une démarche inclusive. Le promoteur a ainsi souhaité que la passerelle imaginée par l’architecte devienne un véritable lieu de vie, comme un trait d’union entre deux mondes qui se rencontrent. Se lient ainsi un immeuble résidentiel et un bâtiment tertiaire dédiéé aux ICC (Industrie Culturelle et Créative).
Et pour favoriser la vie de quartier, Sogeprom-Pragma a imaginé un cœur végétal intergénérationnel. Déployée en R+13, la partie résidentielle totalisera 4 250 m² de surface de plancher, sur lesquels se révèleront 53 logements du T2 au T5, dont 30 % en BRS (Bail Réel Solidaire) et 500 m² de commerces en pied d’immeuble. Le bâtiment proposera des appartements traversants, en double, voire en triple orientation pour répondre aux enjeux bioclimatiques, en plus du recours à des matériaux biosourcés et géosourcés.
Ville attentive aux PMR, aux seniors, aux personnes fragiles, la ville inclusive embrasse plus que le champ social, elle concerne l’urbanisme et les constructions (ponts, quartiers, bâtiments). Le projet urbain de l’île de Nantes s’en réclame avec ses programmes mixtes (# Unik accueille logements et activités créatives ; 5 ponts, des logements sociaux, structures solidaires et ferme urbaine ; Adam, des logements et immeubles de bureaux). L’aménagement du quartier Prairie-au-Duc, en cours depuis les années 2010, entame sa dernière étape avec l’urbanisation de la partie ouest. Sur ce site à la pointe de l’île, trois nouvelles opérations ont été retenues à l’issue d’un concours organisé par Nantes Métropole et la Samoa (aménageur de l’île de Nantes). Les trois projets (Lighthouse, La Forêt et Java) s’inscrivent dans la continuité de l’existant sur le plan urbain et programmatique (mixité d’usages, attention particulière à l’animation des rez-de-chaussée, lien avec le quartier, espaces partagés...) et propose un renouveau architectural et des ambitions fortes sur le plan environnemental, dans un objectif bas carbone.
Les Lumières Pleyel : 116 logements en Bail Réel Solidaire (BRS)
© Les Lumières Pleyel– Snohetta –– Chaix & Morel et Associés - Ateliers 2/3/4/ - Mars Architectes – Maud Caubet Architectes, Virtual Building
Le Groupement "Les Lumières Pleyel" piloté par Sogelym Dixence en association avec Crédit Agricole Immobilier, Européquipements et Aire Nouvelle, filiale d’aménagement et de promotion immobilière bas carbone d’Equans France, annonce le lancement le 14 avril de la commercialisation de "Les Lumières Pleyel". Cet ensemble résidentiel composé de 481 logements neufs, dont 116 en Bail Réel Solidaire (BRS), est situé en plein cœur du quartier Pleyel à Saint-Denis (93).? Avec un lancement des travaux prévu cette année, les premières livraisons interviendront dès 2027. Le Groupement "Les Lumières Pleyel" mobilise le dispositif du BRS pour faciliter l’accès à la propriété d’appartement neuf, du studio simple au 5 pièces duplex avec balcons, terrasses ou jardins d’hiver, aux ménages répondant à des critères de revenus spécifiques. Ce programme propose également 247 logements en accession libre, 74 logements sociaux et 44 logements locatifs intermédiaires qui seront cédés au bailleur social Plaine Commune Habitat.
Ce programme mixte, composé de 481 logements (8 bâtiments de 12 à 17 étages), de bureaux, de commerces et d’une crèche, bénéficiera de toutes les infrastructures à venir dans le cadre du Grand Paris Express et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
• Lighthouse : Promoteur : Six Ares/Aventim
Architectes : Grafton Architects
Ce programme mixte d’environ 4 000 m² accueillera 50 % de logements (25 logements de typologies variées allant du T2 au T5 bis) et 50 % d’activités sur le socle. Il proposera une nouvelle forme d’habiter la ville, notamment 25 "appartements villa", à minima tous traversants (est/ouest) qui bénéficieront de multiples espaces extérieurs offrant des vues sur la Loire et le centre-ville de Nantes. Ce lot propose une architecture sobre, contextuelle, bioclimatique et bas carbone. Les usages ont été pensés pour limiter l’empreinte carbone sur l’environnement. L’accent est mis sur une forte présence du végétal, une conception bioclimatique garantissant le confort d’été et d’hiver, des modes constructifs innovants faisant appel à une majorité de matériaux biosourcés (structure bois) et au réemploi des matériaux, une optimisation de la performance énergétique du bâtiment pour atteindre le niveau 2028 de la RE2020 et être labellisé BBCA.
• La Forêt : Promoteur : Groupe Réalités
Architectes : Hérault Arnod + pöm
Ce programme mixte sur plus de 6 600 m² intègrera des logements (26 lots répartis sur 1 880 m²), des bureaux et un socle actif dédié à l’accueil d’un espace autour de la mode responsable (incubateur, start-up, shop éphémère, exposition avec le Centre Claude Cahun), le siège social de la marque Faguo, un restaurant - bar "Le Perchoir" sur la terrasse partagée en R+3 R+4. Avec une grande verrière comme marqueur central, notamment pour l’accueil d’événements. Ses ambitions ? Accueillir la biodiversité, avec notamment un jardin intérieur partagé et des terrasses plantées, intégrer une programmation complète et complexe sur un lieu de forte attractivité métropolitaine et touristique, ouvert à tous, faciliter l’émergence d’une communauté d’usagers, proposer un projet le plus vertueux possible. Il embarquera ainsi 160 m² de panneaux photovoltaïques en autoconsommation, vise les labels BBCA (empreinte carbone), BREEAM (performance environnementale du bâti) et Biodivercity (intégration biodiversité à toutes les étapes du projet), grâce notamment aux nichoirs intégrés en façade, une démarche "zéro clim" dans les bureaux et des protections solaires passives.
• Java : Promoteurs : Nacarat/CISN
Architectes : Bond society + Schultearchitekten
Cet îlot revendique devenir un laboratoire d’innovation sociale et environnementale qui porterait les valeurs de l’économie sociale et solidaire et la future maison des ESS afin de favoriser l’émergence de communautés habitantes et développer des mobilités vertueuses. Il comprendra 69 logements (4 806 m²) dont 38 logements locatifs sociaux vendus à Habitat 44 (10 logements inclusifs portés par HapiCoop’) et 31 logements libres, ainsi que des bureaux, un parking partagé, un rez-de-chaussée actif, 151 m² de salles communes. Sur le plan environnemental, Java atteindra le niveau 2025 de la RE2020.
Aréfim devient société à mission
© Aréfim - (De g. à dr.) Valéry Fenes, cogérant et directeur du développement et Edouard Sauer, Président Directeur Général d’Aréfim
La RSE fait partie intégrante de la stratégie de développement d’Aréfim, fondée en 2012. La foncière développe des campus d’activités qui répondent à l’évolution de nouvelles attentes en termes de localisation, de bassin d’emplois et de bien-être au travail. « Les parcs que nous installons, la plupart du temps sur des friches industrielles, sont pensés comme une suite de la ville. Les riverains sont intégrés dans le développement de nos campus, qui ont pour vocation d’accueillir les riverains durant les week-ends. Ils peuvent ainsi profiter des pistes cyclables, des aires de pique-nique et des parcours sportifs. Nous créons des lieux de vie dans lesquels les entreprises et les riverains bénéficient d’aménagements adaptés. Des crèches, des restaurants… tout est exploité dans un environnement respecté et qualitatif. Le "vivre ensemble" fait partie intégrante de notre philosophie », explique Valéry Fenes, cogérant d’Aréfim. Cette philosophie a conduit Aréfim vers une démarche de société à mission.
« Le but est de renforcer la pérennité de notre activité en conjuguant impact social, environnement et économique positifs », renchérit Marion Thibault, directrice RSE. « Notre ADN repose sur 4 valeurs sur lesquelles nous sommes foncièrement engagés : la coconstruction, l’environnement, la biodiversité et le bien-être au travail. La raison d’être d’Aréfim est donc apparue comme une évidence : Ensemble, créons des lieux de vies innovants au service des entreprises, de la communauté et de la biodiversité », poursuit-elle dans le communiqué.
"East Village" à Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’expérience de la réversibilité des immeubles de bureaux
© Cités Caritas- Montreuil - Centre d’hébergement d’urgence de Cités Caritas à Montreuil (93)
L’immeuble "East Village" (anciennement OPALE, ex-centre administratif de la Ville de Montreuil), situé à Montreuil, accueille depuis le 16 janvier 2023 un centre d’hébergement d’urgence géré? par Cités Caritas. Un projet intercalaire, mixte et solidaire.
D’une superficie de 10 000 m², cet ensemble immobilier est mis à disposition du collectif Plateau Urbain par Axe Immobilier depuis plus de deux ans. Un centre d’hébergement d’urgence de 50 places géré par Cités Caritas y accueille désormais des familles, avec le soutien de la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement (DRIHL) et de la ville de Montreuil.
« La mise à disposition du bâtiment Opale (rebaptisé East Village) par Axe Immobilier nous a permis de développer un tiers-lieu accueillant plus de 340 structures depuis son ouverture en février de 2021. Aujourd’hui nous avons réussi, en partenariat avec Cité Caritas, à inclure à cette programmation un centre d’hébergement de 50 places dans ces anciens immeubles de bureaux : un petit pas vers la réversibilité temporaire des immeubles de bureau pour l’accueil de l’hébergement d’urgence », a indiqué Simon Laisney, fondateur et directeur général de Plateau Urbain, dans un communiqué daté du 24 janvier 2023.
« Avec cette nouvelle configuration, ce tiers-lieu va prendre une autre dimension et permettre de travailler sur l’acceptabilité des dispositifs d’hébergement d’urgence en Île-de-France. Opale propose désormais un double échange pour ceux qui le fréquentent au quotidien : celui de la découverte de projet social pour les structures déjà installées, et celui de nouveaux supports d’insertion pour les personnes qui exercent leur activité dans le champ social », expose Cédric de Lestrange, directeur général d’Axe Immobilier, lequel ajoute : « notre partenariat avec Plateau Urbain depuis deux ans exprime notre volonté, avec la ville de Montreuil, d’avoir, même en phase d’études et de préparation d’une opération urbaine de grande ampleur, des bâtiments habités, vivants et en communication avec la cité. Nous sommes ravis de contribuer à démocratiser ces lieux mixtes, intenses, vivants et propices à la création de nouveaux produits et services. Parce qu’une occupation temporaire est plus utile et plus créative qu’une société de vigiles ».
De son côté, Cités Caritas indique : « l’accueil de familles dans ce centre d’hébergement d’urgence intercalaire, ouvert en période hivernale et situé sur un territoire, la ville de Montreuil, sur lequel l’association est bien implantée, constitue une nouvelle opportunité pour Cités Caritas d’accompagner et insérer durablement ces familles ».
Méliades, la résidence vertueuse signée Urbis
© Urbiq - Méliades d’Urbis se veut aussi être le reflet des valeurs culturelles du groupe, ainsi un artiste réalisera une fresque sur l’une des façades du bâtiment
À proximité immédiate du tramway à Saint-Jean-de-Védas (Hérault), en périphérie de Montpellier, Méliades incarne l’engagement d’Urbis Réalisations pour un habitat durable qui conjugue qualité de vie dans un cadre privilégié et respect de l’environnement. Certifiée NF Habitat HQE profil économique circulaire, la résidence vise de très hautes performances environnementales, aussi bien sur le plan de l’économie circulaire (panneaux photovoltaïques, récupération des eaux grises et des eaux de pluie...) que des consommations énergétiques, et espère obtenir le label BBCA. Méliades bénéficiera de bétons à base de ciments bas carbone et de matériaux biosourcés.
Le projet met aussi l’accent sur le bien-vivre ensemble, au travers d’un vaste cœur d’îlot paysagé avec potager, d’une terrasse partagée en toiture, d’un espace de coworking, ou encore de l’implantation d’une crèche labellisée Écolo crèche. Livraison 1T 2025.
— Véronique Méot
Photo ouverture © Grafton Architects/Samoa - L’aménagement du quartier Prairie-au-Duc. Projet lot E. Architectes : Grafton Architects. Maîtrise d’ouvrage : Six Ares/Aventim. Nantes (Loire-Atlantique) - © Grafton Architects/Samoa (2022)