Le neuf, un marché qui inquiète
Alors qu’un avis de tempête menace le secteur de la construction et que la dynamique post-Covid s’étiole, la rénovation résiste...
... et les industriels misent sur leurs innovations pour tirer leur épingle du jeu, sur fond d’un contexte macro-économique et géopolitique trouble.
‘‘ Le neuf secoué par l’incertitude face à la rénovation en position de force ’’
En 2023, il est difficile de prévoir comment le marché se comportera, mais j’estime qu’il sera finalement assez stable car il est résilient, nous avons pu constater par le passé que les aides et subventions ont finalement assez peu d’impacts alors que les besoins sont structurels. En revanche, nous ignorons quel sera le niveau de confiance », résume Alexandre Bistes, directeur strategic unit de Wicona. Le contexte macro-économique se dégrade, les crises et tensions se succèdent, troublant les perspectives. Pour autant, il semble que la rénovation devrait être plus dynamique que le neuf…
Louineau se positionne du côté de l’ITE
© Louineau - Cyril Badet
Compte-tenu de l’essor de l’ITE et du besoin de déporter la menuiserie sur le mur extérieur, collé ou non sur la maçonnerie, l’équipe R&D de Louineau a développé un précadre de fixation spécifique nommé PrecFix. Cette solution monobloc en acier galvanisé ou inoxydable s’adresse au marché du neuf comme à la rénovation. Prête-à-poser, elle possède de multiples atouts pour l’entreprise qui doit réaliser la mise en œuvre en applique extérieure : étanchéité, maintien de la menuiserie, installation en moins de 20 minutes, et livraison rapide sur chantier ou en atelier.
Le process industrialisé proposé par Louineau permet de simplifier le calfeutrement de la fenêtre, porte ou baie coulissante, quel que soit le matériau (aluminium, bois, PVC ou mixte). Les quatre cornières filantes qui composent le précadre sont mécanosoudées entre elles dans ses ateliers. Les soudures continues sont réalisées à partir de fil cupro aluminium. Il est également possible d’intégrer une réservation pour joint. Cet espace permet de faciliter la mise en place du calfeutrement, avant la fixation du précadre sur le gros œuvre. En option, pour un confort intérieur maximal, ce fabricant propose d’intégrer des éléments renforçant l’étanchéité thermique ou acoustique de la menuiserie. Une mousse en polyuréthane extrudée est collée sur le précadre afin d’obtenir une rupture de pont thermique, évitant la condensation et la sensation de froid autour de l’ouverture.
Les précadres de fixation monoblocs PrecFix sont livrés sur chevalet. Prêts-à- posés, ils nécessitent une seule manipulation en façade et peuvent être mis en œuvre avant les menuiseries.
Mise en chantier en baisse
Globalement, le secteur du bâtiment semble avoir bien résisté l’an dernier. Ainsi, affirme la FFB dans son bilan 2022 publié en décembre, « malgré le déclenchement de la guerre en Ukraine, 2022 ressort comme une bonne année pour le bâtiment, dont l’activité croît de 3,7 % en volume. Les trois grands marchés contribuent à ce mouvement : le logement neuf s’affiche à + 5,1 % grâce à une bonne dynamique des mises en chantier sur 2021 et 2022 (environ 400 000 par an) ; l’activité en non résidentiel neuf progresse de 6,6 %, portée par les bâtiments industriels et assimilés, ainsi que les commerces ; enfin, l’amélioration-entretien se lit à + 2,1 % et renoue quasiment avec son volume d’activité de 2019 ».
En revanche, 2023 s’ouvre sur un contexte incertain. La FFB prévoit une très légère croissance (+ 0,7 %) cette année grâce au bon niveau des carnets de commandes fin 2022, mais une entrée en crise du logement neuf (-2,6 %) en raison d’une baisse de près de 10 % des mises en chantier consécutive à la chute des permis de construire et à l’effondrement des ventes. « Dans le secteur du logement collectif, nous observons en effet moins de mise en chantier et moins de projets lancés », déclare Aymeric Reinert, directeur général de Profils Systèmes. « Le marché du neuf devrait souffrir en 2023, car les ventes dans le secteur de la promotion immobilière n’ont pas atteint le niveau escompté », confirme Olivier Simonin, responsable marketing produit chez K.Line. En octobre 2022, l’Insee dans sa note de conjoncture trimestrielle,
rapporte que « l’opinion des promoteurs sur la demande de logements neufs se dégrade nettement ». Il aurait même atteint son niveau le plus bas depuis juillet 1995. « Les perspectives de mises en chantier diminuent aussi bien pour les logements destinés à la vente que pour ceux destinés à la location. Dans le même temps, les promoteurs sont un peu plus nombreux qu’en juillet à signaler une hausse de leur stock de logements invendus », indique encore l’Insee. Néanmoins, le coup de froid serait moins ressenti par le secteur de la menuiserie en raison des décalages entre la vente des biens, la prise de commandes et leur mise en œuvre. « Cette année, l’activité devrait globalement se maintenir », tempère Olivier Dirringer, directeur commercial France de Deceuninck, « nous nous inquiétons davantage pour le second semestre et surtout pour 2024, qui souffrira du ralentissement des ventes immobilières en 2022 et encore aujourd’hui ».
© Hörmann - Hörmann a atteint ses objectifs en 2022 sur le marché français
Dressant dans un communiqué dès fin novembre dernier un premier bilan de l’exercice 2022, Markus Stump, directeur général d’Hörmann France, assure que la dynamique du marché français lui permet d’atteindre les objectifs fixés, toutes activités confondues, Habitat, Industrie & Services. Dans le détail, si l’activité habitat (portes d’entrée, portes de garage, motorisation) a vécu un démarrage en trombe, à l‘instar de l’année 2021, elle s’est caractérisée par un coup de frein vers juin, puis par un tassement des nouvelles commandes, stabilisées sur les derniers mois. Une légère déception pour ce segment, relève toutefois Markus Stump, même s’il pondère que l’objectif 2022 était ambitieux, l’activité habitat s’inscrit dans la lignée d’une très belle année 2021.
La FFB attribue la chute du marché du logement à un environnement macro financier défavorable, et ce pour plusieurs raisons (réglementation du Haut conseil de stabilité financière, hausse des taux de crédits immobiliers, choc inflationniste…). Enfin, toujours selon la FFB, l’activité dans le secteur du non résidentiel neuf ralentirait fortement, à + 1,7 %, compte tenu de la détérioration du contexte économique et financier qui pèserait sur les surfaces autorisées (- 0,8 %).
SFS lance un kit inédit du guide GCR (Guide Composite en Réhabilitation)
© SFS
SFS, concepteur-fabricant reconnu dans le domaine des fixations pour la menuiserie, l’industrie et l’enveloppe du bâtiment, innove avec un kit de guide composite conçu pour la mise en œuvre de menuiseries en applique, en réhabilitation ou en neuf sur support maçonné ; « ce kit universel est compatible avec n’importe quel type de fenêtres ou portes et peut être utilisé sur toutes les menuiseries du marché », indique la porte-parole de l’entreprise. « Quant au design du fût, couplé à l’angle du guide GCR, il permet, après un préperçage de 5 mm de diamètre de la maçonnerie, de se fixer dans de la brique ou du parpaing directement sur le nouveau dormant avec les vis SFS FB-7.5xL ».
La rénovation se maintient
La rénovation « semble tenir », se rassurent les acteurs du marché. La FFB projette une croissance globale à + 2 %. « Nous craignions que le marché de la rénovation de la fenêtre ne s’effondre à cause du contexte géopolitique mais non, il ne donne pas pour l’instant de signes de faiblesses », poursuit Olivier Simonin. Un constat partagé par Olivier Dirringer qui s’étonne même « des bons volumes réalisés début 2023 ». Dans le groupe HPG, la rénovation est portée par deux marques, Préfal et Bieber. « Ces deux marques enregistrent en 2022 une progression de l’ordre de + 5 % par rapport à 2021 ; chez Bieber, elle s’explique par le positionnement haut de gamme de la fenêtre en bois et par un marché moins disputé car il compte moins d’acteurs et chez Préfal, l’activité est tirée par la nouvelle frappe Allure, un ouvrant caché en aluminium », commente Flamine Andrade, directrice de la communication du groupe HPG. Peut-être, avance-t-elle, cette tendance pourrait perdurer à la faveur des changements de fenêtres que la hausse des factures de l’énergie pourrait induire. « La fenêtre, la porte d’entrée, la porte de garage sont des éléments faciles à remplacer et qui peuvent contribuer rapidement à la lutte contre les passoirs thermiques », argumente également Olivier Dirringer. Point négatif, le directeur commercial de Deceuninck regrette le manque de soutien de la part des pouvoirs publics : « nous attendions un effort de la part du gouvernement et rien n’a été inscrit en ce sens dans la loi de Finances 2023 ».
© HPG - Bieber - coulissant Revolution
Au niveau des prix, Olivier Dirringer constate que « le fléchissement des prix des matières (PVC, aluminium, acier) de l’ordre de 15 à 20 %, compense la hausse de l’énergie, ce qui nous permet d’afficher des prix stables ».
Chez Hörmann, Markus Stump précise : « comme tous les industriels qui dépendent énormément des matières premières comme l’acier et l’aluminium, nous avons subi une explosion de nos prix d’achats que nous avons pu répercuter seulement pour partie à nos clients. Se sont rajoutés encore les composants électroniques, les emballages en carton et plastique, etc. Sans parler de l’impact énergétique – pas encore fini – et, par définition, non encore répercuté dans les prix, tout comme l’impact des hausses de salaires prévues en 2023 ». Et de conclure, « le marché français est toujours aussi dynamique et nous permet d’atteindre notre budget fixé pour 2022 ».
La Cité du Numérique et Ecole de Management de Normandie au Havre (76) s’intègre au centre du campus maritime avec une vision à 360 degrés : tourné vers le large, la ville, les quais et la gare. Des lignes simples et une façade en résille métallique révèlent le cœur de l’école et de la cité du numérique.
Pour cet imposant bâtiment, Louineau a fabriqué 250 précadres de fixation pour l’ensemble des menuiseries. Certains précadres 3 côtés, étant de grandes dimensions, ont été fournis en plusieurs parties : montant et traverse haute. Les précadres sont d’épaisseur 20/10e ou 40/10e pour assurer la reprise de poids des menuiseries parfois lourdes. Pour les plus lourdes d’entre elles, des goussets ont été soudés en partie basse pour ajouter un renfort. Ils sont mécanosoudés en acier galvanisé à froid avec des soudures continues afin d’assurer une étanchéité optimum et sont réalisées à partir de fil cupro aluminium pour limiter les phénomènes d’oxydation.
Maitrise d’ouvrage : CODAH - Architecte : Groupe-6 et Champenois Architectes - Mise en œuvre : SOGEA Nord-Ouest
L’innovation, une stratégie payante
De son côté, Maximilien Cohen, responsable marketing d’Isosta déclare : « l’année dernière, post-covid, a été fortement dynamique pour l’ensemble de la profession. Nous avons affiché une progression de nos volumes de + 12 % en toiture de véranda et un volume stable par rapport à 2021 pour les panneaux de volets ». Il poursuit : « concernant la toiture de véranda, nous avons profité en 2022 et bénéficions encore sur ce début d’année de carnets de commandes de nos clients (6 à 8 mois pour certains industriels) bien garnis. Ces volumes nous assurent une bonne visibilité sur le début 2023. L’inflexion de la demande constatée d’une manière générale sur le marché de l’habitat durant les dernières semaines "pourraient" nous impacter sur la deuxième partie de l’année. En lien avec le positionnement de notre activité sur la chaîne de valeur du marché de la véranda ».
© Isosta - Volets en rénovation signés Isosta
Chez Wicona, Alexandre Bistes prévoit une légère croissance de l’activité en volume. « Notre aluminium bas carbone séduit et nous proposons des solutions permettant à nos clients d’être plus efficaces sur les chantiers. C’est le cas, par exemple, de la façade cadre préfabriquée qui répond aux besoins des chantiers avec accès restreints, et génère moins de risque de casse, perte de temps ou retard ». Entre autres avantages, elle permet aussi de mettre le chantier hors-eau et hors-air facilitant ainsi l’intervention des autres corps de métiers.
L’innovation permet aux industriels de tirer leur épingle du jeu en soutenant l’activité. C’est pourquoi, indique Maximilien Cohen, « elle restera un catalyseur de l’activité d’Isosta en 2023. Nouvelle collection de portes d’entrée, parement Skin Protect® pour la toiture de véranda, nouvelle offre de panneaux de volets aluminium 100 % personnalisable et à dimensions pour laquelle nous enregistrons de bons volumes de commandes depuis son lancement en novembre 2022, ainsi que d’autres développements produits et solutions encore en cours, sont au programme ».
Deceuninck annonce le lancement d’une nouvelle base de fenêtre plus "designée" en 2023 et la poursuite du développement de l’utilisation de la fibre de verre dans les menuiseries. « Nous maîtrisons cette technologie ; la fibre de verre nous libère du recours au renfort acier dans le profil PVC, qui pénalisait les performances et le prix », se félicite Olivier Dirringer.
La RE2020 dynamise l’innovation. « Les acteurs doivent baisser le poids carbone de leur production, même si la part de l’enveloppe du bâtiment n’est pas très importante dans son bilan total, nous allons réduire notre empreinte », promet Olivier Simonin. Les technologies pour retraiter les matériaux sont au point. Hörmann se dit déjà opérationnel pour la RE2020 et la réduction des émissions de carbone, avec une gamme complète de portes intérieures neutres en carbone. Un des objectifs du groupe est d’ailleurs de proposer à terme, une offre complète, Habitat et Industrie, décarbonée. « Nous disposons de deux usines en Europe pour produire Circal, l’aluminium recyclé du groupe Hydro, avec 75 % d’aluminium ayant déjà eu une première vie ; en rénovation, nous proposons de plus en plus la récupération des matériaux à remplacer », rappelle Alexandre Bistes, « un nouveau modèle économique se construit peu à peu, dans le sens de la circularité ». L’économie circulaire comme axe de croissance ?
Ouvêo, garant de l’histoire patrimoniale
© Ouvêo (Groupe Estemi) - Ouvêo participe à la réhabilitation du patrimoine architectural avec sa gamme bois Manoir entièrement sur mesure, aux lignes élégantes, dédiée aux demeures bourgeoises, aux villas, aux châteaux et centres historiques ; une expertise indispensable pour répondre notamment aux cahiers des charges des ABF ; des options de personnalisation et de finition permettent de recomposer les menuiseries à l’identique
La France compte de nombreux habitats aux façades architecturales représentatives d’une riche histoire patrimoniale, exigeant de s’adapter à de nombreuses contraintes. Expert de la rénovation et de la réhabilitation du patrimoine classé ou ancien, Ouvêo (groupe Estemi) destine sa gamme Manoir de fenêtres, coulissants et portes fenêtres bois spécifiquement à la rénovation des sites classés ou soumis aux contraintes des Bâtiments de France*. « Entièrement personnalisable sur la forme, l’essence de bois, la finition ou encore les accessoires et les vitrages, Manoir garantit la conservation des formes d’origine des menuiseries », souligne la porte-parole de la marque. « Ouvêo façonne sur mesure et réplique l’authenticité des ouvertures ». Une solution constructive alliant tradition et haute technicité de fabrication pour s’adapter à toutes les constructions, de la maison de ville au patrimoine classé. Sur son site de fabrication en Bretagne dans les Côtes d’Armor, Ouvêo redessine l’élégance et l’âme de lieux et habitats uniques.
*Sous réserve de l’obtention d’une autorisation de travaux soumise à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France (A.B.F.). Renseignements - Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP) du secteur de l’habitation.
— Véronique Méot
Photo d'ouverture © Deceuninck - Aujourd’hui, l’isolation n’est plus une option et en la matière, Deceuninck ne cesse d’innover ; comme ici, avec son nouveau bardage à jonction invisible