Accélérateur Construction de Bpifrance : retour d’expérience un an après

Accélérateur Construction de Bpifrance : retour d’expérience un an après

Le 19 mars 2021, Bpifrance et la Banque des Territoires dévoilaient la première promotion de l’Accélérateur Construction, un programme d’accompagnement adapté aux besoins des PME de la filière.




Adressé aux entreprises de 10 à 250 salariés réalisant un chiffre d’affaires compris entre 2 et 20 M€, le premier Accélérateur Construction a permis à 31 dirigeants d’entreprise de bénéficier d’un programme d’accompagnement sur 12 mois. « Le programme qu'est l’Accélérateur Bpifrance a été lancé pour la première fois en 2015. Nous avions la conviction – en tant que banque des entrepreneurs qui finance les entreprises en crédit, en garantie et en fonds propres – que, au-delà du cash injecté, les entrepreneurs avaient aussi besoin d’une expertise, d’une connaissance académique et de formation. Il fallait les inscrire aussi dans une dynamique collective pour rompre avec la solitude du dirigeant », rappelle Guillaume Mortelier, directeur exécutif en charge de l’Accompagnement chez Bpifrance.

L’Accélérateur adopte une logique d’école : une trentaine de dirigeants sont admis par promotion et sont suivis durant 12 à 24 mois selon les programmes. Ils travaillent tantôt en sessions collectives larges, tantôt en sous-groupes de cinq ou six personnes qui se challengent sur leurs problématiques et essaient de trouver des solutions. « Les sessions collectives de l’Accélérateur Construction sont dispensées par des intervenants de Centrale Supélec : ils viennent expliquer les enjeux du secteur en termes de stratégie, de finance, de recrutement (marque employeur, organisation, management…). Puis, très vite, on passe aux cas concrets auxquels sont confrontées les PME, par exemple sur le recrutement ou la marque employeur. Il y a deux bénéfices à cette manière de fonctionner : les dirigeants partagent leur expérience sur une problématique et parviennent à trouver des solutions ensemble. Et, surtout, nous développons une connaissance intime de l’activité de l’entreprise », explique Guillaume Mortelier.

 

 

© D.R.

« Les 31 entreprises présélectionnées pour participer au premier
Accélérateur Construction sont solides : elles ont
augmenté leur chiffre d’affaires de 23 %, en moyenne, hors effet de crise,
 »

souligne Guillaume Mortelier, directeur exécutif en charge de l’Accompagnement chez Bpifrance

 

 

Cartographie à 360 degrés de l’entreprise

Parallèlement à ces actions collectives, chacun des dirigeants – au niveau de son entreprise et avec son comité de direction – va travailler avec l’un des consultants experts de Bpifrance. Celui-ci va réaliser un "diagnostic 360", c’est-à-dire une cartographie à 360 degrés des enjeux de l’entreprise (clients, fournisseurs, collaborateurs, demandes du comité de direction pour comprendre si la stratégie est bien intégrée…).

« De cette cartographie, nous définissons les principaux enjeux de développement et nous travaillons en profondeur sur deux d’entre eux au cours des 12 mois que dure l’accompagnement. La puissance du dispositif tient au fait que l’on associe ce travail au niveau de l’entreprise – en profondeur avec le dirigeant et son comité de direction – avec la dynamique collective qui permet au dirigeant d’aller plus loin, d’avoir envie de travailler sur de nouveaux thèmes… Par exemple, sur les enjeux d’efficience opérationnelle, lorsque des dirigeants se rendent compte qu’une entreprise s’est déjà largement numérisée, ils voient que c’est possible et trouvent plus facilement des solutions. C’est comme cela que l’on crée une dynamique collective qui permet d’aller plus loin… », relève le directeur exécutif en charge de l’Accompagnement chez Bpifrance.

 

 

© Nathalie Oundjian

L’Accélérateur adopte une logique d’école : une trentaine de dirigeants sont admis par promotion et travaillent tantôt en sessions collectives larges,
tantôt en sous-groupes de cinq ou six personnes

 

 

Quatre gros enjeux abordés

Spécifiquement pour l’Accélérateur Construction, quatre enjeux majeurs sont abordés. Le premier concerne l’amélioration opérationnelle de l’entreprise et sa mise au diapason de l’industrie du futur (industrie 4.0). Il s’agit d’adopter une meilleure maîtrise des coûts, des délais et des process. Et de mettre en place une réflexion sur la meilleure manière de servir ses clients en s’appuyant sur les innovations technologiques. Cela sous-entend traçabilité, capacité de réduire tous les délais intermédiaires et de livrer les chantiers en temps et en heure avec les spécificités définies par les clients.

Deuxième enjeu : comment peut-on intégrer les contraintes climatiques et les mutations réglementaires qui vont modifier profondément la façon dont l’on construit ? « De nouvelles normes climatiques vont arriver, avec des objectifs de décarbonation, à horizon maximal 2050. Mais la pression réglementaire va s’accentuer progressivement en 2030, 2035 et 2040. Sur la construction, nous avons aussi un énorme enjeu d’économie circulaire et de recyclabilité des déchets. Qu’il s’agisse du neuf ou de la rénovation, le bâtiment génère énormément de déchets qu’il va falloir gérer avec efficience. Et pour les aspects réglementaires liés au climat, il va s’agir de gérer au mieux les capacités énergétiques des bâtiments durant leur durée de vie », résume Guillaume Mortelier.

Troisième enjeu : comment développer les compétences au sein des entreprises pour répondre à tous les challenges associés à la durabilité, à l’écoresponsabilité de la construction, au bâtiment connecté, au bâtiment modulable ? Concrètement, Bouygues construit aujourd’hui à Singapour des gratte-ciel modulaires dont les éléments sont préfabriqués en Malaisie. Comment intègre-t-on ce type de savoir-faire en France ? Comment l’adapte-t-on, notamment à toutes les menuiseries et aux constructions bois ? Comment les acteurs de la construction doivent-ils travailler différemment pour être capables de servir ces nouveaux enjeux de l’industrialisation du bâtiment ? « Et c’est là que l’on voit tout l’intérêt d’unir dans une même réflexion des architectes et des constructeurs de matériaux, car ces interlocuteurs ne se parlent jamais. Le fait de réfléchir ensemble les amène à se positionner chacun sur ce qu’il faut faire. C’est vraiment ce genre de dynamique que nous voulons créer », s’enthousiasme Guillaume Mortelier.

Quatrième et dernier enjeu : comment fidéliser les talents ? La construction, comme énormément de secteurs aujourd’hui, est en tension sur les effectifs et les compétences, notamment celles qui permettent de combler tous les besoins liés aux enjeux numériques. Comment une PME du bâtiment doit-elle s’y prendre pour attirer les profils ? « Dans l’Accélérateur, notre enjeu est de réunir un maximum de "fées autour du berceau" pour maximiser les chances de développer le potentiel de chaque entreprise. Par exemple, lorsque nous parlons d’enjeux de recrutements, nous mobilisons l’APEC autour d’une journée sur la marque employeur. C’est l’occasion pour les dirigeants qui ont du mal à recruter, de véritablement s’interroger en profondeur et de trouver directement des solutions. L’APEC constitue par exemple des offres d’emplois avec les dirigeants intéressés qu’elle peut ensuite communiquer à des candidats », relève Guillaume Mortelier.

 

 

Accélérateur Construction : prébilan

- 40 % des entreprises ont travaillé leur stratégie à l’aune des quatre grands enjeux. Elles vérifient qu’elles ont bien intégré les bonnes pratiques et modifient leur point de vue lorsque ce n’est pas le cas. Elles n’hésitent pas à retravailler la question.

- 20 % des participants ont très vite travaillé sur la performance commerciale. Ils se sont interrogés sur la manière d’être plus efficace pour trouver de nouveaux clients, de nouveaux chantiers et de nouveaux projets.

- 10 % ont oeuvré sur leur organisation générale.

- Les 30 % restants ont travaillé sur d’autres enjeux : performance opérationnelle, intégration des outils numériques… ou bien ont demandé des conseils sur des points très précis.

- Les 31 entreprises participantes ont toutes réalisé leur premier "diagnostic 360" et les deux tiers d’entre elles ont réalisé leur premier module complémentaire.

- L’Accélérateur Construction 2 a été lancé par Bpifrance le 16 mai 2022. Il est bâti sur le même modèle que son prédécesseur. Il existe également un Accélérateur dédié à la filière bois.

 


© Nathalie Oundjian


Source : verre-menuiserie.com

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