Neutralité carbone en 2050 : les quatre scénarios de l’Ademe

Neutralité carbone en 2050 : les quatre scénarios de l’Ademe

L’Ademe a défini quatre chemins "types", cohérents et contrastés, pour conduire la France vers la neutralité carbone en 2050.




Les hypothèses et modèles ont notamment été affinés et enrichis au travers d’échanges nourris avec une centaine de partenaires et prestataires extérieurs, spécialistes des différents domaines abordés. Les paramètres étudiés couvrent notamment la demande en énergie ; la consommation d’eau d’irrigation, de matériaux de construction, d’intrants agricoles et l’usage des sols ; la production et la gestion des déchets ; la production d’énergies et la composition du bouquet énergétique ; les importations et exportations ; le bilan des gaz à effet de serre et les puits biologiques et technologiques de CO2. 

À l’arrivée, nous voici face à un document de 687 pages, renfermant quatre pistes majeures imaginées pour la France métropolitaine et qui reposent sur les mêmes données macroéconomiques, démographiques et d’évolution climatique (+ 2,1 °C en 2100). Ces quatre scénarios – inspirés dans leur logique par ceux du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat – rapport spécial 1,5 °C de 2018) - aboutissent tous à la neutralité carbone du pays en 2050. Mais tous empruntent des voies difficiles et nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.

 

 

© Ademe

Le 30 novembre 2021, Arnaud Leroy, PDG de l’Ademe et ses équipes
ont présenté officiellement "Transitions 2050", document rassemblant
les quatre scénarios pour aboutir à la neutralité carbone en 2050

 

« Pour tous les scénarios, il est impératif d’agir rapidement :
les transformations sociotechniques à mener sont d’une telle ampleur qu’elles mettront
du temps à produire leurs effets. Il faut entreprendre dès cette décennie la planification
et la transformation profonde des modes de consommation, de l’aménagement
du territoire, des technologies et des investissements productifs
 »
prévient Arnaud Leroy, PDG de l’Ademe.

 

 

La nécessité d’aller vite

La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cette réduction peut aller de 23 % à 55 % par rapport à 2015 suivant les scénarios, chacun reposant sur un équilibre différent entre sobriété et efficacité énergétique.L’industrie va devoir se transformer, non seulement pour s’adapter à une demande en profonde mutation, mais également pour décarboner sa production. Cela nécessitera des plans d’investissements de grande ampleur et un effort de l’ensemble de la société pour accompagner les territoires en mutation et former les salariés aux nouveaux métiers.

Le vivant est l’un des atouts principaux de cette transition permettant de combiner trois leviers stratégiques : le stockage de carbone, la production de biomasse et la réduction des gaz à effet de serre. Il est donc indispensable de maintenir un équilibre entre les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse avec la préservation des fonctions écologiques, comme la biodiversité et le stockage de carbone grâce à une approche globale de la bio-économie.

 

 

Les énergies renouvelables désormais incontournables

L’adaptation des forêts et de l’agriculture devient donc absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique. La résilience des écosystèmes est d’autant plus cruciale qu’ils en subissent de plus en plus fortement les impacts.

La pression sur les ressources naturelles varie considérablement d’un scénario à l’autre. C’est particulièrement le cas pour l’eau d’irrigation ou les matériaux de construction, dont les volumes consommés varient du simple au double entre certains scénarios. Dans tous les scénarios, en 2050 l’approvisionnement énergétique repose à plus de 70 % sur les énergies renouvelables, et l’électricité est le principal vecteur énergétique.

Pour autant, cela ne peut en aucun cas légitimer le gaspillage d’énergies, afin de limiter la pression sur les ressources. « Notre but n’est pas de proposer un projet politique, ni la bonne trajectoire, mais de rassembler des éléments de connaissances techniques, économiques et environnementales afin de faire prendre conscience des implications des choix sociétaux et techniques qu’entraîneront les chemins qui seront choisis. Si nous ne changeons rien à nos comportements actuels, la France continuera de relâcher 130 millions de tonnes de CO2 par an, nous éloignant pour de bon de la neutralité carbone espérée en 2050 », conclut Arnaud Leroy. 

 

 

4 Scénarios

- Scénario 1 : la société frugale

Dans une société en recherche de sens, la nature est perçue comme un tout et influe sur les comportements.

Sur le plan alimentaire, un tiers des Français ne mangent plus du tout de viande (la consommation en est divisée par trois versus 2015). Ils mangent bio à 70 % et optent pour l’alimentation locale. En matière d’habitat, les métropoles sont délaissées au profit des villes moyennes et du secteur rural. Le bâti existant est optimisé : 80 % des constructions sont labellisées Bâtiment Basse Consommation (BBC) en une seule étape, alors qu’elles étaient moins de 1% en 2015. Les anciens bureaux sont reconvertis en logements. Les résidences secondaires deviennent résidences principales. La part des constructions neuves chute : l’heure est à la rénovation de l’existant. En termes de mobilité, les déplacements sont fortement réduits d’un tiers de kilomètres parcourus par personne. Le vélo et la marche cumulent 50 % des déplacements. Le reste s’effectue par le train, l’autocar ou le covoiturage. S’agissant du travail, le télétravail est renforcé, ainsi que les tiers lieux. La diminution de la consommation contracte le tissu industriel. Les consommateurs se focalisent sur le Made in France et privilégient le low-tech : les objets sont plus facilement réparables et plus résilients vis-à-vis du changement climatique. La consommation d’énergie est divisée par deux comparativement à celle de 2015, ce qui permet de faire chuter la production de CO2 de 42 millions de tonnes en s’appuyant sur les forêts et les espaces naturels.

En résumé, les Français adoptent une nouvelle façon de voir la société : on fait avec moins et cela suffit.

 

 

Comportant des objectifs de sobriété très élevés et rapides, le Scénario 1 devra manier
la contrainte (via la réglementation) ou le rationnement (via des quotas).
Faute d’un important effort d’explication et de compensations pour le faire accepter,
il fera courir le risque de clivages forts, voire violents, au sein de la société

 

 

- Scénario 2 : les coopérations territoriales

La gouvernance est partagée entre les collectivités locales et les ONG. Le secteur privé et la société civile s’entendent pour trouver des solutions pragmatiques pour atteindre la neutralité carbone.

Sur le plan alimentaire, la consommation de viande est divisée par deux. Plus responsable, la consommation s’oriente vers les produits locaux. Le partage se généralise et les ménages les plus modestes reçoivent une aide à l’alimentation. En matière d’habitat, les villes moyennes sont préférées et gagnent en hauteur de façon maîtrisée. Le concept de la ville du quart d’heure s’impose. L’usage du bâti s’intensifie. 80 % des logements rénovés atteignent la performance BBC par gestes et non en une seule étape, comme le prévoit le premier scénario. La mutualisation d’équipements (électroménager, lave-linge…) entre voisins se répand. Le transport des marchandises connaît une mutation : il y a moins de volume à transporter et les distances se réduisent, ce qui aboutit à un repli de -35 % de tonne au kilomètre. L’industrie se décarbone grâce aux aides publiques et l’on assiste à une réindustrialisation des filières en lien avec les territoires. Le recyclage est optimisé et touche 80 % des volumes de papier, de carton, de verre, de plastique, d’acier et d’aluminium. La consommation d’énergie est divisée par deux, comparativement à celle de 2015. Les émissions de carbone sont maîtrisées et l’appel aux puits technologiques est limité.

 

 

Dans le Scénario 2, les puits biologiques agricoles et forestiers peuvent être maximisés
et sont quasiment suffisants grâce à une demande en énergie faible, permettant
de limiter les prélèvements de biomasse, en particulier sur les forêts

 

 

- Scénario 3 : technologies vertes

Ce scénario ne fait plus appel à un changement de mode de vie : il privilégie l’accroissement des nouvelles technologies dans tous les secteurs.

Sur le plan alimentaire, la consommation de viande est en repli de 30 %. Le bio représente 30 % des produits consommés. Les filières agroalimentaires sont de
plus en plus performantes. En matière d’habitat, la préférence des Français va aux métropoles, mais avec une efficacité maximale du bâti. Cela induit de déconstruire, puis de reconstruire des bâtiments à la manière haussmanienne pour détenir in fine des logements BBC, voire passifs. La rénovation par gestes se poursuit. La mobilité augmente. Le transport croît de +13 % par personne et par kilomètre parcouru, comparativement à 2015. Dans les grandes villes, un report s’opère vers la marche et le vélo, tandis que l’électrification du parc automobile se poursuit, soutenue par les politiques publiques. Il y a davantage de bornes de recharge. Les outils numériques facilitent le covoiturage et l’autopartage. La consommation d’énergie est en baisse : -40 %. Le puits forestier produit de l’énergie : il est moins disponible comme puits naturel. Les bio raffineries et les chaudières biomasse se répandent. L’hydrogène – en grande partie importé – se développe, ce qui rend la France plus dépendante des importations d’énergie. Enfin, les data center consomment dix fois plus d’énergie qu’en 2020.

 

 

Le Scénario 3 arrive à un équilibre satisfaisant entre puits naturels et puits technologiques
et une maîtrise de leur coût

 

 

- Scénario 4 : le Pari réparateur

Nos modes de vie actuels se poursuivent de façon inchangée (consommation de masse). Mais le foisonnement de biens nécessite une grande consommation d’énergie, ce qui entraîne des impacts plus forts sur l’environnement. La nature est une ressource à exploiter. Et la société française est confiante dans sa capacité à réparer les dégâts causés aux écosystèmes. L’alimentation évolue peu (la consommation de viande baisse de 10 %), mais l’on assiste à l’introduction de viandes de synthèse (et insectes). En matière d’habitat, la construction neuve se maintient. La moitié des logements seulement est rénovée au niveau BBC. Les équipements se multiplient, alliant innovations technologiques et efficacité énergétique. Les mobilités augmentent fortement. Le transport croît de +28 % par personne et par kilomètre parcouru, comparativement à 2015. 20 % des trajets s’effectuent à pied ou à vélo. Les usagers recherchent la vitesse. Sur le plan technique, les innovations naissent tous azimuts. L'Internet des objets et l’intelligence artificielle sont omniprésents. Conséquence : les data center consomment 15 fois plus d’énergie qu’en 2020. Dès lors, la décarbonation de l’industrie mise sur le captage et le stockage géologique de CO2. Cependant, les technologies de captage du CO2 dans l’air ne sont pas matures aujourd’hui et nul ne sait si leur déploiement s’effectuera à temps. Tout en s'interrogeant sur leur coût dans les 30 ans à venir. D'où la notion de "Pari réparateur".

 

 

En termes d’accession à la neutralité carbone, le Scénario 4 décrit un retard de cinq ans
sur les trois autres. Et contrairement à eux, il n’est pas compatible avec la loi Énergie Climat.
Il repose aussi sur des technologies non matures aujourd’hui qui ne seraient prêtes
qu’en 2040. Un pari risqué

 

 

Une résidence écoresponsable en plein centre-ville

A Saint-Nazaire, P2i a lancé la commercialisation du programme ETIK, une résidence située en plein centre de la ville portuaire, comprenant 60 appartements en accession libre et 26 logements sociaux. Conçu par le Cabinet DV Conception, le projet résidentiel propose une architecture contemporaine avec une façade ponctuée par un jeu de matière grâce au bardage en bois et aux enduits blancs lumineux et deux bâtiments s’articulent autour d’un îlot central végétalisé. Conforme aux exigences de la RT 2012, ETIK est équipée de pompes à chaleur électriques air/eau qui produiront 100 % de l’eau chaude sanitaire des bâtiments. Elle s’inscrit par ailleurs dans la Charte de Qualité et de Transition Écologique de la Ville de Saint-Nazaire (P2i est l’un des premiers promoteurs à l’avoir signée à l’été 2020), avec un chantier vertueux vis-à-vis de l’environnement, des charges énergétiques maîtrisées et une construction décarbonée. Les travaux démarreront ce 1er trimestre 2022 pour une livraison prévue le 2e semestre 2023.

 

 

 


© OMNES Education


Source : verre-menuiserie.com

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