Miroiterie Michel Deschanet, le verre pour destinée

Miroiterie Michel Deschanet, le verre pour destinée

Dans la grande famille du verre, la miroiterie Deschanet se distingue par une évolution entraînée par trois générations attachées à la noblesse de ce matériau autant qu'à de fortes valeurs humaines




Révélateur de son histoire, la géographie des territoires donne son relief spécifique à chaque entreprise et engage en partie la conditionnalité de son existence. Pour Deschanet, ses racines plongent à Vittel en 1930, avec la création par les grands parents de l'actuelle présidente Pascale Roche-Deschanet, de leur activité de peinture-vitrerie.


A cette période, cette ville très à la mode attire en majorité une clientèle select de curistes investissant les superbes hôtels hérités de la Belle Epoque, pour lesquels les Etablissements Deschanet oeuvrent à l'aménagement et à la restauration (peinture, verre, papier peint...). Après-guerre et un point de vente à Paris, situé près du canal Saint Martin, dans les années 50 leur fils Michel, après des études dans la capitale, décide de rejoindre l’entreprise familiale qui l’envoie en 1960, accompagné de salariés italiens, en Moselle à Metz (57) ; il y crée sa propre société en 1962 et emmène avec lui la deuxième génération de salariés, à majorité d'origine italienne, qui suit la famille depuis son origine à Vittel. Homme de valeurs et d'échange, il se fait particulièrement connaître et apprécié par ses pairs et les architectes pour le savoir-faire de sa miroiterie et son écoute.


« Aussi loin que remontent mes souvenirs, l'usine est l'environnement et le lieu d'enseignement dans lequel je grandis », évoque Pascale Roche-Deschanet, « et où m’ont été transmises deux lignes de force : la réussite par l'effort et la combativité ». Et aussi, la créativité. Car sur ce dernier point, la petite-fille des fondateurs choisit de suivre dans un premier temps sa fibre créatrice, préférant un parcours exemplaire de cinq ans aux Beaux-Arts en décrochant son diplôme de plasticienne. Cette dimension ne la quittera plus, même en héritant de la présidence de l'entreprise en 1992, et s’intègrera dans sa vision entrepreneuriale. « En 1982, après mes études aux Beaux-Arts, j’ai décidé de travailler avec mon père, à la seule condition que nous restions indépendants », avise la dirigeante.

 

Pascale Roche-Deschanet, présidente de la S.A. Michel Deschanet défend la notoriété de l’entreprise familiale, reconnue pour son positionnement d’excellence et l’écoute active de ses clients menuisiers aluminium, PVC, agenceurs, façadiers, prescripteurs…

 

Dans la famille Deschanet, les choix individuels s'affirment en autant d'éléments déterminants et constructifs de son histoire. Avec aujourd'hui le négoce de produits verriers et la fabrication de vitrages isolants pour activité principale, la miroiterie porte au plus haut des capacités industrielles et technologies de pointe cohabitant avec de riches savoir-faire.


Excellence et technologie


Dans cette entreprise à taille humaine, les investissements réguliers d’automatisation sont des initiatives longuement mûries pour offrir le meilleur en termes de services et de qualité du produit fini, mais aussi pour optimiser les conditions de travail de ses collaborateurs.

 

Avec la réorganisation des deux bâtiments, dont 2 500 m² entièrement dédiés à la fabrication de vitrage isolant (stockage, coupe, asssemblage), le transformateur a investi au total 1,5 M€ en intégrant la LAM548, la technologie et nouvelle ligne de découpe automatisée Bottero dernière génération. Approvisionnement automatique sur les lignes/coupe feuilleté et mixte (float et feuilleté) - Stockage automatisé de 100 références de produits verriers en plateaux de 6 x 3,21 m

 

 

Depuis l'étude jusqu'à la réalisation en passant par la prise de décision, Pascale Roche-Deschanet se plaît particulièrement à définir et développer les projets, sa créativité naturelle trouvant ici matière à s'exprimer. En binôme avec son époux Didier Roche, qui rejoint la miroiterie en 1992 pour développer son ancrage dans le Grand Est et au Luxembourg, l'entrepreneure revendique avant tout un métier du verre défini par la passion : « le verre est une matière sensible, au coeur d'authentiques vocations. Les femmes et les hommes – une vingtaine de salariés – qui oeuvrent avec nous deux au quotidien le savent et en tirent, malgré les difficultés inhérentes à cette activité, une réelle fierté à participer à l’Architecture, à des réalisations emblématiques, au bien-être apporté grâce aux nombreux bénéfices du vitrage – thermique, acoustique, transmission lumineuse... – et à ce challenge mobilisateur que sont les économies d’énergies ».

 

Didier Roche, directeur commercial et Pascale Roche-Deschanet, sont partenaires du réseau de professionnels Saint-Gobain Glass et ont signé une charte d'engagement avec Climalit Partners en décembre 2010

 

 

Michel Deschanet SA répond aux attentes de son marché avec un large spectre de compétences et une offre sur mesure couvrant les façades, vitrines, verrières, V.E.A, gardecorps, dalles de sol, marches en verre, pare-douche, crédences, portes en verre, miroirs, verres pare-balles et retardateur d’effraction, produits coupefeu, etc. Sur son site à Augny (Metz Sud), son dernier investissement courant 2019, totalise 1,5 M€ avec deux lignes de découpe dernière génération (une ligne feuilleté et une mixte) entièrement automatisées pour la fabrication de vitrage isolants, marquant une nouvelle étape technologique pour la société et l’ouverture à de nouveaux marchés, à l’instar du nouveau Norma avenue Malraux à Metz, pour lequel « la découpe complète du verre a été réalisée en une journée », relève Didier Roche, qui salue des niveaux de performance inédits.

 

Adapté aux vitrages structurels et façades, cette installation a permis à la miroiterie Deschanet de conquérir une nouvelle clientèle et de nouveaux marchés, notamment dans le verre et réalisations architecturales complexes et uniques

 

 

« Cet investissement a nécessité la réorganisation totale de nos ateliers (offrant aujourd’hui une capacité de production de 6 500 m² au total), dont un bâtiment entièrement dédié au vitrage isolant. Cette unité de fabrication avec automatisation du stockage compte 100 références de vitrage et un stockeur des résiduels avec en aval, le déchargement des camions (20 T/jour) en temps masqué, parfois le double ».

 

Pascale Roche-Deschanet, qui apprécie tirer le nec plus ultra de tout défi stratégique et opérationnel, n'a pas hésité à impliquer ses équipes dans ce renouvellement des équipements. Une évidence pour la dirigeante : « nous interagissons tous dans une même chaîne de valeurs avec les talents et la maîtrise technique et artisanale – dans le sens noble du terme – de nos collaborateurs. Le choix de la 548 LAM a fait l'objet de nombreuses discussions collégiales à Glasstec, sur le stand de son fabricant, Bottero, pour accorder cette nouvelle ligne de découpe à notre budget et à notre ambition de rationalisation de notre logistique ; et aussi pour s’adapter à l’un de nos opérateurs malentendant, lequel a activement participé à l’élaboration spécifique de son poste de travail ».


Cette nouvelle ligne de découpe des formes qui compte pas moins de neuf brevets déposés, dont le système de rotation des verres par synchronisation ventouse-pince assure entre autres, un pivot parfait, la mise à l'équerre automatique des pièces… jusqu’à l’éjection automatique des chutes, « a permis de gagner un grand confort de travail et un très notable gain de productivité », relève Didier Roche. Un nouveau cap qui s’est accompagné du recrutement d'un responsable des opérations en décembre 2018 et témoigne d’une volonté à se doter des meilleurs outils et de systèmes d’optimisation logistique et de production. Déjà en 2012, la miroiterie Deschanet fut la première en France à fabriquer en automatique du double et triple vitrage sur une ligne Lisec avec le nouvel intercalaire warm edge Super Spacer®, un investissement de 1,4 M€.


« Une véritable machine de guerre, selon les intervenants venant de l’automobile qui nous ont aidés dans nos démarches lean et qualité », rappelle Pascale Roche-Deschanet ; « l'utilisation de ce nouvel espaceur, moins conducteur que l'aluminium, nous a permis d'augmenter les performances énergétiques et la qualité de nos vitrages isolants. La dépose automatique est rapide et précise ». En 2021, la PME aborde un nouveau champ d’actions et compte travailler en deux postes avec une présence plus marquée sur sa métropole transfrontalière qu’est la Moselle. « Nous continuerons de développer notre ancrage dans le Grand- Est, au Luxembourg, en Belgique et bien sûr à accompagner nos clients dans toute la France », indique la dirigeante.

 

Créations à l'oeuvre


Entre verres techniques et création architecturale, S.A. Michel Deschanet destine à ses clients, de toute taille d'entreprise –menuisiers, façadiers, agenceurs... – des produits verriers transformés, coupés, façonnés, assemblés, distribués et mis en oeuvre avecmaîtrise, excellence et réactivité.


Dans un deuxième bâtiment de 2 500 m² avec showroom de 350 m² et bureaux, officient d'autres services : miroiterie et façonnage (rectiligne Bovone),  coupe de produits feu, verres de décoration et accessoires de mise en oeuvre (stock de pièces), coupe de verres feuilletés en DLF (y compris couleurs), coupe des laqués, argentés et verres coulés, ligne de vitrage isolant pour les urgences, pour produits sophistiqués avec formes spéciales, intégration de stores, grilles, vitraux, et autres créations...

 

Le showroom de 350 m² dédié à la décoration présente un grand choix de miroirs, meubles, accessoires de salles de bains...

 

Jusqu'à celles réservées par Pascale Roche-Deschanet au Centre Pompidou de Metz par exemple, pour lequel elle a participé en 2018 à l'installation artistique du chorégraphe, plasticien et poète japonais Saburo Teshigawara avec la danseuse japonaise Rihoko Sato : « 3 T de verre découpées et cassées en une multitude d'éclats ! », révèle la dirigeante, qui a également exposé ses oeuvres personnelles au Carrousel du Louvre. Ici, la passion du verre coule dans toutes les veines, matière à expression sous toutes ses formes. Pas surprenant donc, qu'architectes et prescripteurs interrogent naturellement cet acteur privilégié, en affinité élective pour ses solides références en faveur du patrimoine culturel français (l'Arsenal, le château de Versailles, la serre tropicale du zoo de Vincennes, où là encore, le transformateur verrier fut le seul sur le territoire français à pouvoir réaliser 6 000 pièces vitrées cintrées à froid, la réhabilitation de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat par le célèbre architecte Rudy Ricciotti, ou au-delà des frontières hexagonales, les dômes de cinq serres climatiques du jardin botanique Vin Pearl au large du Vietnam...), pour n'en citer que quelques unes parmi ses très nombreuses réalisations.

 

La grande serre tropicale du parc zoologique de Vincennes : 6 000 volumes de vitrages isolants d'une serre de 100 mde long x 40 m de large et 16 mde haut, en forme de demi-cylindre, conçue par Marchegay Technologies à Luçon (Vendée), soit 200 T de verre et 6 000 doubles vitrages haute performance réalisés en forme et cintrés à froid par S.A. Michel Deschanet © Marchegay Technologies – S.A. Michel Deschanet

 

 

Dernier projet en date de la miroiterie messine, et non des moindres, l'hôtel de luxe "Maison Heler" à Metz imaginé par le designer Philippe Starck ; une conception hors-norme, unique au monde et gardée secrète durant 5 ans. « La crise sanitaire a retardé les travaux, mais il devrait être livré durant l'été 2021 », précise Pascale Roche-Deschanet, se réjouissant de participer à cette tour moderne de 14 étages sur laquelle se superpose une demeure bourgeoise du XVIIIe siècle. Une cohabitation esthétique de deux mondes, à l'image de l'histoire de la miroiterie Deschanet, à l'écoute de son temps, mais fidèle à ses valeurs fondatrices.

 

Chantier garde-corps bombés ; écrans de cantonnement bombés

 

 

Au coeur du patrimoine

 


SA Deschanet s’illustre auprès de nombreuses références du patrimoine culturel : (ci-dessus) la bibliothèque Humaniste à Sélestat (67) en Alsace, réinventée par le renommé Rudy Ricciotti ; l’architecte s’est emparé de la rénovation-extension située dans l'ancienne halle aux blés, habillant le bâtiment de grès rose et de verre. En filiation avec la façade, la symbolique des livres se décline en une succession de colonnes "imparfaitement verticales et subtilement vrillées". La bibliothèque abrite des trésors de la Renaissance, dont manuscrits et imprimés médiévaux du15e et 16e siècle. Une collection remarquable, reconnue en partie par l’Unesco.

 

 

A.B.
© Deschanet SA


Source : verre-menuiserie.com

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