VMA 314

SEPTEMBRE 2024 | V&MA 314 | www.verre-menuiserie.com 38 Actualités | Point de vue « Ce système a évolué ces dernières années : les équipes de R&D de GA ont mis au point des modules d’intelligence artificielle sur ce produit que nous avons nommé Smart Active System. Il réagit en temps réel en fonction des prévisions météo, de l’occupation potentielle de l’espace… et il est doté d’une forme d’apprentissage », explique Arthur Farre. Le Smart Active System saura prédire s’il y aura du monde dans les locaux le lundi, le mardi ou plutôt le mercredi. Il saura si les espaces seront plutôt inoccupés ou très occupés et s’il va faire froid ou très chaud. Le module influencera le comportement du bâtiment en recourant à certaines sources d’énergie – géothermie, réseau de chaleur… – ou en jouant la carte de la protection solaire pour créer un climat intérieur adapté au confort des occupants et qui consomme le moins d’énergie possible. Très peu porté sur les automatismes, Julien Rivat défend sa vision d’un bâtiment intelligent : « Il doit être adapté à son usage : ni trop grand, ni trop petit. Conçu pour être économe en frais de fonctionnement, il a besoin de peu d’automatisme pour fonctionner relativement bien. Il est isolé avec des matériaux bio et géosourcés, plutôt locaux et plutôt renouvelables ». L’antithèse ? Le cube de verre de Manhattan ou de la Défense hyper énergivore et qui vit grâce à la climatisation… « Lors d’une panne de courant, il doit être évacué. A contrario, un bâtiment durable est bien conçu s’il pallie au laxisme comportemental de ses occupants, à l’image de la maison passive ou Passivhaus », déclare-t-il. De plus enplus d’intérêt pour le bâtiment passif Le concept de bâtiment passif a été initié dans les années 1990 par Wolfgang Feist, un physicien allemand qui voulait construire un petit immeuble destiné à accueillir 4 familles à Darmstadt. Feist a mené une approche pas à pas : « Si j’isole plus, que se passe- t-il ? Et si je mets du triple vitrage ? ». Et à chaque expérience, les coûts montaient, les isolants étant plus chers. Jusqu’au moment où il s’est rendu compte que la maison, bien isolée, n’avait plus besoin de chauffage conventionnel, mais juste d’un chauffage d’appoint : un seul convecteur qui allait fonctionner 5 jours par an pour toute la maison. Certes, le principe constructif restait un peu plus cher, mais il diminuait beaucoup les coûts de fonctionnement. Ainsi définies, les bases du Passivhaus doivent engendrer un besoin de chauffage inférieur à 15 kW/h par m² et par an, là où le patrimoine moyen français est plutôt à 220kW/hparm² et par an. « Nous en sommes aujourd’hui entre 30 et 50 kW/h par mètre carré et par an. La dernière réglementation thermique aboutit à des bâtiments 2 à 3 fois plus gourmands en énergie qu’un bâtiment passif. L’approche du passif étant basée sur la physique, elle ne pourra pas être optimisée. On ne sera pas impacté par le décret tertiaire », pointe Julien Rivat. En bâtiment passif, la gestion des apports solaires est essentielle. Les brise-soleil sont donc impératifs pour protéger les menuiseries triple vitrage. Un bâtiment passif embarque obligatoirement une VMC double flux dont le rendement physique se situe au-delà de 75 à 80 %. Celle-ci comporte un bypass automatique capable d’adapter la tem- pérature de l’air de la maison en fonction des conditions du moment. Si en sortie d’hiver, la température dans la maison est de 18°C mais que l’air extérieur est à 22 ou 23°C, la VMC doit pouvoir faire entrer directement la chaleur à l’intérieur. À l’inverse, s’il fait 25°C dans la maison durant une période de canicule mais que, en fin de nuit, il fait 20°C dehors, elle doit récupérer l’air frais et ventiler pour évacuer la chaleur de la maison. En faisant l’acquisition de l’ancienne chaufferie de Manufrance à Saint-Étienne (42), Julien Rivat a démontré que l’on peut donner un e deuxième vie à un bâtiment tout en améliorant ses performance s thermiques. « Ce bâtiment, classéMonument historique, comporte deu x ailes. L’une d’elle a été réhabilitée en Passivhaus et héberge les bureaux d e notre agence d’architecture. Elle consomme entre 500 et 600 € de chauffag e à l’année : c’est extrêmement faible. Notre voisin qui occupait l’autre ail e du bâtiment, avec le même look extérieur, n’a pas souhaité la réhabilite r en 2015. Sa partie, chauffée au gaz, a fini par lui coûter 20 000 € pa r an. Il a dû déménager ». Si l’institut allemand Passivhaus regarde uniquement la performanc e du bâtiment et ne prête aucune attention aux matériaux qui le const i- tuent, La Maison du Passif prône plutôt les bâtiments décarbonés. « Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le passif est la solution. Bouygues et Spie Batignolles sont venus au dernier Salon Passibat’ organisé par LaMaison du Passif. Nous avons beaucoupmoins de mal à convaincre les grands acteurs de la construction de la pertinence de la construction passive. Des groupes de construction se forment au Passivhaus parce qu’ils se rendent compte que cela marche. Et je pousse Bouygues, Eiffage, Vinci, Léon Grosse… à aller dans cette direction », insiste Julien Rivat. Les mentalités changent. Il nous faut à présent accélérer pour préserver notre confort de vie… J.L.C. ©AtelierArchitectureRivat L’atelier d’architecture Rivat et le bureau d’études Engibat ont réussi à transformer l’ancien local machine de Manufrance à Saint-Etienne (42) en un espace de bureaux entièrement rénové et certifié Passivhaus. Il abrite aujourd’hui l’atelier Rivat ©E oleCapture Côté bureaux, GA Smart Building a réalisé la pause de la nouvelle enveloppe du siège social du Crédit Agricole à Toulouse, rendant ce bâtiment plus performant et recréant des espaces mieux adaptés aux usages d’aujourd’hui

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