VMA 301
Actualités I Construction & Promotion Immobilière MAI - JUIN 2022 / V&MA 301 / www.verre-menuiserie.com 28 si vous voulez 2 000 habitants par kilomètre carré, vos services ne sont pas rentables et c’est à l’État de les subventionner. Nous entrons-là dans une vision de la territorialisation où l’on se donne lesmoyens de travailler sur des compromis… ». Noémie Houard remarque elle aussi que les aménageurs de la ville se situent face à un certain nombre d’injonctions contradic- toires dans un système complexe : « notre prochaine étape sera de ten- ter de nouvelles interventions sur l’existant. Nous avons un beau cas d’école avec le démonstrateur de la ville durable qui nous a valu d’être lauréat lors d’un appel à projets. L’idée est de reconvertir un centre commercial en milieu péri-urbain et d’y travailler avec l’ensemble des acteurs - les élus locaux, les agri- culteurs - avec la ferme idée de co- construire avec les habitants. Nous testons, nous expérimentons. L’idée plus globale est de pouvoir trouver l’équilibre économique qui nous per- mettra de nous adapter ». Si nous nous retrouvions dans le scé- nario "Difficile de tout faire" avec des ambitions nationales extrêmement fortes, mais avec des écarts dans la faculté des acteurs de terrain à transformer l’essai sur le plan opé- rationnel, nous pourrions, en tant qu’aménageur public, jouer la carte d’ensemblier pour mettre les bons acteurs autour de la table et pro- poser collectivement les meilleures solutions. Et dans le pire des cas, le scénario "Pénurie", nous pourrions jouer un rôle pour optimiser l’utilisation des ressources, tirer à fond la carte de l’économie circulaire et de la sobriété et maintenir une sorte de cap de pilo- tage dans une société en délitement ». L’urbanisme fonctionnaliste n’est plus la panacée En tant que représentant des promoteurs immobiliers, Frank Hovorka entrevoit dans le travail conjoint de l’Ademe et du CSTB des perspectives sur la gestion de la complexité de la ville : « au début du 20 e siècle, il y a une mixité verti- cale dans le bâtiment haussmannien où tout le monde vit ensemble avec une mobilité très faible du fait des contraintes de l’époque. En 1943, la publication de la Charte d’Athènes introduit la ségrégation géogra- phique : l’on déplace complètement les populations et l’onmet les fonc- tionnalités (logement, travail, loisirs, circulation) dans des endroits très précis. Aujourd’hui encore, de nom- breux Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) sont encore basés sur ce prin- cipe de ségrégation fonctionnelle, géographique et spatiale. Mais com- ment voulez-vous aujourd’hui tra- vailler sur les indicateurs de l’Ademe et du CSTB lorsque subsiste une telle dissonance entre, d’un côté, une réglementation encore ancrée au 20 e siècle et, de l’autre côté, la de- mande demixité géographique et de la mixité fonctionnelle provenant des usagers et des citoyens ? À la FPI, nous sommes tout à fait prêts à retravailler tous les aspects : la reconstruction de la ville sur la ville, la remise en vitalité des friches… Mais il est clair qu’il faut remettre en résonance les locaux d’urbanisme et les réglementations. Aujourd’hui, quand vous voulez faire une opé- ration avec des commerces au rez- de-chaussée, un ERP à l’étage pour faire du coworking et des logements au-dessus, vous devez respecter trois réglementations différentes. L’on nous demande aussi d’aller de plus en plus vite sur l’adaptation de nos logements et de nos bureaux. Et, dans le même temps, nos projets sont de plus en plus contraints : en 20 ans, nous sommes passés de 3 à 6 ans pour voir un projet approuvé. Nous nous retrouvons à nouveau en dissonance par rapport à la de- mande de nos concitoyens ». Favoriser le dialogue Face à un futur de l’immobilier encore difficile à cerner, Emma- nuelle Baboulin veut jouer la carte de l’anticipation, doublée du dialogue : « nos maîtres mots sont l’adaptabilité et la flexibilité. Il faut être très agile pour adapter nos réponses. Aujourd’hui, pratique- ment tous les immeubles sont conçus pour être transformés, mutés plus facilement. Tout cela passe par un dialogue avec les collectivités, avec les acteurs de la ville, les acteurs de la société, les acteurs des nouvelles technologies. Il faut oser rassembler un certain nombre de compétences, obtenir plusieurs éclairages. C’est dans ces conditions de dialogue, avec les compétences de chacun à différents niveaux, que nous serons capables de prévoir et d’offrir des espaces adaptés et attendus par nos futures générations ». Virginie Alonzi partage cette no- tion de coopération transversale avec les acteurs de la ville : « il ne faut plus travailler en silo, mais bien échanger avec toutes les parties pre- nantes externes : les acteurs privés, les acteurs publics, le monde éco- nomique et la société civile. Nous devons privilégier une approche systémique du bâtiment dans son environnement et tenir compte de toutes les externalités positives qu’il peut engendrer ». Le dialogue avec les élus séduit aussi Frank Hovorka : « ces scé- narios et ce travail prospectif fa- voriseraient un dialogue avec les élus locaux pour leur expliquer que la notion de densité est utile à la construction de la ville. Quand vous avez 4 500 habitants au ki- lomètre carré, vous permettez à un boulanger ou à un épicier d’avoir le chiffre d’affaires suffisant… Mais Icade réemploie les matériaux. Vue nuit de Pulse, immeuble de bureaux à Saint-Denis © Icade /D.R. © Icade /D.R. Patio de Spring immeuble de bureaux à Nanterre
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