VMA 301

Actualités I Construction & Promotion Immobilière MAI - JUIN 2022 / V&MA 301 / www.verre-menuiserie.com 26 Existe-t-il un scénario idéal ? Mais quel serait le scénario idéal pour chacun des cinq interve- nants ? Emmanuelle Baboulin l’affirme : «  Icade s’inscrit résolu- ment dans le scénario du "Bâtiment comme un service". Il y a deux ans, nous avions annoncé notre bureau Icade comme un "Office As A Ser- vice" (OAAS). Ce bureau comme un service dépasse la notion de service classique pour apporter du contenu (content office) avec des espaces collaboratifs tournés vers la créa- tivité… Aujourd’hui, l’immeuble de bureaux doit proposer un espace de travail sain, avec une vraie atten- tion portée à la qualité de l’air, à la lumière et dans lequel les personnes qui y travaillent se sentent bien. Il nous faut également prendre en compte la notion de connectivité avec une grande flexibilité de nos aménagements et des usages, car nous nous adressons directement à l’utilisateur, c’est-à-dire au collabo- rateur de l’entreprise qui a loué les espaces. Il y a une forte dimension sociale de l’individu, de son traite- ment et de son approche au sein même du bâtiment  ». Noémie Houard envisage l’adap- tation d’EpaMarne à chacun des scénarios : «  si nous devions ob- server un rééquilibrage au profit des territoires péri-urbains - là où nous intervenons principalement - il nous faudrait travailler dans une logique de sobriété. Notre rôle serait d’améliorer l’existant. Dans le scé- nario "Le bâtiment comme service", où l’enjeu consisterait à densifier les territoires déjà urbanisés dans une logique industrielle, il nous fau- drait être agiles tous ensemble pour éviter l’étalement urbain à laquelle notre logique d’aménageur est déjà totalement opposée. Nous inter- venons en effet sur du foncier qui nous appartient sur lequel nous construisons du logement, des acti- vités économiques, des équipements publics… là où se trouvent déjà des réseaux, des infrastructures de transport. Nous sommes dans une logique de ville courte distance. objectif quotidien est d’améliorer la qualité de ce patrimoine et sa per- formance énergétique. Il nous faut rester auxmeilleurs standards tout en limitant notre empreinte carbone et, surtout, pouvoir répondre aux attentes et aux besoins futurs de nos clients. La crise sanitaire a ac- céléré des transformations déjà amorcées, installant un nouveau rapport au temps et au travail  ». Quid du Zéro artificialisation nette ? Au-delà des scénarios développés par l’Ademe et le CSTB, le direc- teur technique et innovation de la Fédération des Promoteurs immobiliers, Frank Hovorka, lance un appel à se saisir des indicateurs fournis par ce tra- vail projectif : «  il est pour nous fondamental que les acteurs du bâtiment s’approprient cette boîte à outils pour peser sur les impacts et les éléments à travailler. Prenons l’exemple du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) : ce sujet nous vient des démarches du GIEC et de la Banque mondiale et concerne sur- tout les pays en voie de développe- ment, notamment l’Inde et la Chine. En Europe, le secteur résidentiel occupe 2,9 % des surfaces de sols totales utilisées. Dès lors, le ZAN est-il un vrai sujet en Europe alors qu’il l’est ailleurs ? Est-ce vraiment utile ?  ». Le ZAN amène déjà EpaMarne à se requestionner : «  l’on nous de- mande de répondre aux besoins en logements et en activité économique en consommant moins de sols. Et notre modèle économique est fondé sur la vente de charges foncières. Nous intervenons principale- ment en extension urbaine sur des terres agricoles cultivées de façon conventionnelle. Nous devons donc évoluer… À l’Est de notre périmètre, nous intervenons principalement en extension urbaine : nous cher- chons à développer les projets les plus écologiques et vertueux. À l’Ouest, dans l’approche de lamétro- pole du Grand Paris, nous prônons plutôt l’intensification urbaine en recyclage de friches. Et, surtout, nous cherchons le bonmodèle éco- nomique parce que tout cela a un coût  », souligne Noémie Houard. Virginie Alonzi partage cette vision : «  refaire vivre des friches apporte effectivement une réponse au ZAN. Mais nous pouvons aussi reconstruire la ville sur la ville. En outre, nous pouvons mieux utiliser l’existant : avant la crise sanitaire, le taux d’utilisation des bureaux était de 30 à 45 %. Celui des bâtiments scolaire est d’environ 20 % parce qu’ils sont inutilisés le soir, le week- end et durant les congés scolaires… Il y a déjà beaucoup de matière à travailler sur le coût d’usage des bâtiments  ». Ex-ministre du Logement et de l’Habitat durable, Emmanuelle Cosse est aujourd’hui présidente de l’Union Sociale pour l’Habi- tat (USH), organisation repré- sentative du secteur HLM avec 593 organismes HLM à travers cinq fédérations : «  les quatre scénarios proposés par le CSTB et l’Ademe nous questionnent, même si les résultats présentés posent des problèmes d’adhésion. Arriver à la neutralité carbone, ce n’est pas juste produire une solutionmiracle qui aura tout résolu : on ne peut pas faire abstraction des problèmes sociaux d’aujourd’hui sur la fabri- cation de la ville, la production de logements, sur le problème des marchés et sur le fait que beau- coup de gens sont très mal logés dans notre pays. Cette question-là va continuer à exister quelles que soient nos émissions de carbone. N’oublions jamais que tout pro- grès environnemental et écologique sera anéanti s’il ne s’accompagne pas de progrès social. Le CSTB et l’Ademe nous obligent à réfléchir. Mais quelle intelligence mettra-t- on pour répondre à ces scénarios ? C’est un autre enjeu  ». DGM & Associés, Tecnova Architecture et Vilogia ont uni leurs forces pour concevoir le Nouveau Campus de Suresnes (92) : les anciens bureaux du siège d’Airbus sont reconvertis en logements pour étudiants WORK#1, conçu par David Chipperfield Architects pour Linkcity, est le premier bâtiment qui s’appuie sur le concept de réversibilité Office Switch Home (OSH) pensé et développé par les équipes de R&D de BYCN. Ici, les 5 500 m² de bureaux pourront ainsi être à terme réversibles en 58 logements ©TecnovaArchitecture ©NicolasGrosmond -ProjetSollys – IlôtSantéBien&Être – Lyon (69)

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