VMA 299

- Scénario 1 : la société frugale Dans une société en recherche de sens, la nature est perçue comme un tout et influe sur les comportements. Sur le plan alimentaire,un tiers des Français nemangent plus du tout de viande (la consommation en est divisée par trois versus 2015). Ils mangent bio à 70 % et optent pour l’alimentation locale. Enmatièred’habitat,lesmétropolessontdélaisséesauprofitdesvillesmoyennes et du secteur rural. Le bâti existant est optimisé : 80 % des constructions sont labellisées Bâtiment Basse Consommation (BBC) en une seule étape, alors qu’elles étaient moins de 1% en 2015. Les anciens bureaux sont reconvertis en loge- ments. Les résidences secondaires deviennent résidences principales. La part des constructions neuves chute : l’heure est à la rénovation de l’existant. En termes de mobilité, les déplacements sont fortement réduits d’un tiers de kilomètres parcourus par personne. Le vélo et la marche cumulent 50 % des déplacements. Le reste s’effectue par le train, l’autocar ou le covoiturage. S’agissant du travail, le télétravail est renforcé, ainsi que les tiers lieux. La dimi- nution de la consommation contracte le tissu industriel. Les consommateurs se focalisent sur le Made in France et privilégient le low-tech : les objets sont plus facilement réparables et plus résilients vis-à-vis du changement climatique. La consommation d’énergie est divisée par deux comparativement à celle de 2015, ce qui permet de faire chuter la production de CO 2 de 42 millions de tonnes en s’appuyant sur les forêts et les espaces naturels. En résumé, les Français adoptent une nouvelle façon de voir la société : on fait avec moins et cela suffit. 22 JANVIER - FÉVRIER 2022 / V&MA 299 / www.verre-menuiserie.com production de biomasse et la réduction des gaz à effet de serre. Il est donc indispen- sable de maintenir un équi- libre entre les usages alimen- taires et énergétiques de la biomasse avec la préser- vation des fonctions écolo- giques, comme la biodiversité et le stockage de carbone grâce à une approche globale de la bio-économie. Les énergies renouvelables désormais incontournables L’adaptation des forêts et de l’agriculture devient donc L’industrie va devoir se trans- former, non seulement pour s’adapter à une demande en profonde mutation, mais éga- lement pour décarboner sa production. Cela nécessitera des plans d’investissements de grande ampleur et un effort de l’ensemble de la société pour accompagner les territoires en mutation et former les salariés aux nou- veaux métiers. Le vivant est l’un des atouts principaux de cette transition permettant de combiner trois leviers stratégiques : le stockage de carbone, la absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique. La résilience des écosystèmes est d’autant plus cruciale qu’ils en subissent de plus en plus fortement les impacts. La pression sur les ressources naturelles varie considérable- ment d’un scénario à l’autre. C’est particulièrement le cas pour l’eau d’irrigation ou les matériaux de construction, dont les volumes consommés varient du simple au double entre certains scénarios. Dans tous les scénarios, en 2050 l’approvisionnement - Scénario 2 : les coopérations territoriales La gouvernance est partagée entre les collectivités locales et les ONG. Le secteur privé et la société civile s’entendent pour trouver des solutions pragmatiques pour atteindre la neutralité carbone. Sur le plan alimentaire, la consommation de viande est divisée par deux. Plus responsable,laconsommations’orienteverslesproduitslocaux.Lepartagesegéné- ralise et les ménages les plus modestes reçoivent une aide à l’alimentation. En matière d’habitat, les villes moyennes sont préférées et gagnent en hauteur de façon maîtrisée. Le concept de la ville du quart d’heure s’impose. L’usage du bâti s’intensifie.80%des logements rénovés atteignent la performance BBC par gestes et non en une seule étape, comme le prévoit le premier scénario. La mutualisation d’équipements (électroménager, lave-linge…) entre voisins se répand. Le transport des marchandises connaît une mutation : il y a moins de volume à transporter et les distances se réduisent,ce qui aboutit à un repli de -35%de tonne au kilomètre. L’industrie se décarbone grâce aux aides publiques et l’on assiste à uneréindustrialisationdesfilièresenlienaveclesterritoires.Lerecyclageestoptimisé et touche 80 % des volumes de papier, de carton, de verre, de plastique, d’acier et d’aluminium. Laconsommationd’énergieestdiviséepardeux,comparativementàcellede2015. Les émissions de carbone sont maîtrisées et l’appel aux puits technologiques est limité. 4 SCÉNAR I OS Comportant des objectifs de sobriété très élevés et rapides, le Scénario 1 devra manier la contrainte (via la réglementation) ou le rationnement (via des quotas). Faute d’un important effort d’explication et de compensations pour le faire accepter, il fera courir le risque de clivages forts, voire violents, au sein de la société Dans le Scénario 2, les puits biologiques agricoles et forestiers peuvent être maximisés et sont quasiment suffisants grâce à une demande en énergie faible, permettant de limiter les prélèvements de biomasse, en particulier sur les forêts énergétique repose à plus de 70 % sur les énergies renou- velables, et l’électricité est le principal vecteur énergétique. Pour autant, cela ne peut en aucun cas légitimer le gaspillage d’énergies, afin de limiter la pression sur les ressources. « Notre but n’est pas de proposer un projet politique, ni la bonne trajectoire,maisderassemblerdes éléments de connaissances tech- niques, économiques et environ- nementales afin de faire prendre conscience des implications des choix sociétaux et techniques qu’entraîneront les chemins qui

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