VMA 296
133 AOÛT - SEPTEMBRE 2021 / V&MA 296 / www.verre-menuiserie.com Valobat s’engage dans le recyclage des déchets du bâtiment Pas moins de 26 entreprises et organismes professionnels du secteur des produits et matériaux de construction viennent de s’unir au sein de l’éco-organisme Valobat. Objectif : s’attaquer aux 46 millions de tonnes de déchets produits annuellement par le seul secteur du bâtiment. La montagne de déchets accouchera-t-elle d’une souris ? Sur les quelque 240 millions de T de déchets produites chaque année par le secteur de la construction, pas moins de 46 millions sont imputables au seul secteur du bâtiment, le reste étant dévolu au segment des travaux publics. Il est donc peu de dire que cette montagne de produits et matériaux fait désordre dans un secteur qui cherche depuis des années à revaloriser son image en donnant des gages de son entrée dans le monde très vertueux de l’économie circulaire. Un secteur qui est désormais au pied du mur et qui doit prendre ses responsabilités avec la REP (Respon- sabilité Elargie du Producteur) en 2022,et les PCMB (Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment),pour les particuliers mais aussi pour les professionnels. Pour mieux responsabiliser les producteurs de déchets et punir les excès en cas de non gestion des flux, tous devront contribuer via une taxe à la gestion des déchets via une écocontribution. D’autant que la gestion par les collectivités des dépôts sauvages a un coût : pas moins de 400M€ chaque année. Pour devancer l'appel et aller vers une collecte séparée à la source, l’éco-organisme Valobat permettra aux producteurs de déchets de transférer leurs obligations de gestion de la fin de vie de leurs produits via le paiement d’une contribution financière. Et la tâche est immense car le nombre de détenteurs de déchets dans le bâtiment atteint le chiffre faramineux de quelque 600 000, avec un nombre très important d’acteurs sur le terrain. L’enjeu majeur de la récupération du verre plat Pour répondre aux enjeux qui visent notamment à améliorer les taux de réutilisation, de valorisation, de recyclage et de réemploi des matériaux de construction, Valobat a donc réuni dans un esprit multimatériaux un collectif de 26 associés, tous leaders dans leur secteur, soit par leur taille, soit par leur volonté d’insuffler cette ambition sociétale et environnementale à leur secteur. Neuf filières phares ont ainsi été définies, chacune réunissant des acteurs et des marques majeurs : métaux de construction, métaux des équipements, bois, plâtres et mortiers, revêtements de sols, matériaux inertes, plastiques rigides, produits à base de laines minérales, et enfin menuiseries, parois vitrées et produits connexes. Dans ce dernier secteur, c’est l’Union des fabricants de menuiseries (UFME), forte de 150 adhérents, qui a décidé de tenter l’aventure Valobat. Secteur fortement atomisé, la représentation via une instance professionnelle semblait ainsi parfaitement adaptée à l’enjeu de cet éco-organisme,lamenuiserie étant un des secteurs au sein duquel les débats sur le réemploi et la recyclabilité desmatériaux apparaissent comme les plus intenses. L’enjeu de récupération du verre plat a notamment été posé par Valobat comme un enjeu majeur. Du reste, l’UFME a fait ses comptes : près de la moitié de la mise sur le marché des déchets provient de ses adhérents. Pour les autres secteurs, des majors sont au rendez-vous : Gerflor, Tarkett et Forbo dans le revêtement de sol, Isover et Rockwoll dans la laine minérale, Nexans et Legrand dans le câblage, Soprema dans l’étanchéité, Knauf et Siniat dans la plaque de plâtre ou encore Hansgrohe dans le sanitaire. Ce groupement d’acteurs qui veut au travers de cette REP montrer patte blanche pour selon Hervé de Maistre, pilote de l’opération pour Valobat, « contribuer à la transition environnementale du bâtiment en améliorant notamment le bilan carbone des associés » , souhaite notamment offrir un service pertinent de collecte à tous les détenteurs de déchets. « Les pratiques sont bien meilleures dans la réalité que l’image que peut en donner le secteur du bâtiment » , poursuit Hervé de Maistre. « Ce secteur est en pleine ébullition. Il s’agit donc d’industrialiser localement le recyclage afin d’intensifier les boucles d’économie circulaire et d’accueillir plus de T » . Des ombres au tableau Pour l’heure, certaines incertitudes demeurent. C’est le cas notamment du secteur des déchets inertes, de loin le plus gros producteur de déchets avec 30 millions de T sur le total de 46 millions de T, et qui bénéficie d’autres initiatives d’éco-organisme, notamment de la part de l’Unicem dans le domaine des industries de carrières. Même chose dans le bois qui ne possède pas encore de représentant au sein de l’éco-organisme fraîchement né. Si Valobat est encore en attente d’agrément, elle butte aussi sur un autre écueil : la définition même du metteur sur le marché du déchet donc de la responsabilité exacte de l’entreprise reste encore floue. Un chiffre pourtant est clair pour tout le monde : le coût annuel du traitement des déchets atteint 3 Mds€. Un montant qui vaut bien une alliance. S.C. ©VMA
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