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ses problèmes de productivité. Les nombreux acteurs de la filière se battent pour obtenir la plus grosse part de la plus-value sans qu’il en résulte de progrès sur la qualité et la valeur ajoutée collective. Les nouveaux outils tels que le BIM sont l’objet de compétitions entre acteurs et n’atteignent pas leur objectif affiché de progrès dans la coordination. • Amélioration collective : les acteurs prennent conscience de leur capacité à augmenter collectivement leur efficacité viaunemeilleure coordination collective pouvant être facili- tée par les outils numériques. Cela se traduit par une réduc- tiondesmalfaçons et une amé- lioration de leurs marges. • Pouvoir aux coordinateurs : sur différents types de chan- tiers, des acteurs coordina- teurs (majors pour les gros chantiers complexes, construc- teurs demaisons individuelles organisés, plateformes de réno- vation…) prennent le rôle de chef d’orchestre. Ils assurent une coordination collective et captent une partie croissante de la plus-value. • Industrialisation : une part importantede lavaleur ajoutée est transférée du chantier vers l’usine. Des composants préfa- briqués complexes ou de la construction hors site se déve- loppent. La coordination se fait par les produits, le chantier devenant un lieud’assemblage de produits industriels. Cette industrialisation permet de réduire le temps de construc- tion et les désordres sur le chantier. Elle peut être favori- sée par le numérique. Elle a un impact important sur les types d’emploi nécessaires et sur leur localisation. Ellepeut entraîner la délocalisation d’une part importante des marchés du bâtiment vers un pays euro- péen ou à l’étranger. l’approche politique initiale- ment focalisée sur l’incitation et l’écologie positive se voit paradoxalement contrainte à engager des mesures d’adap- tation de plus en plus coerci- tives : interdiction de construire sur le littoral et expropriations forcées, obligation d’installa- tion de climatisation ou d’iso- lation, limitation de la consom- mation d’eau. • Sursaut collectif : une véri- table volonté de rupture par rapport aumodèle existant se traduit par une adoption rapide et massive de compor- tements "vertueux" à toutes les échelles, de l’État jus- qu’aux citoyens. Cette hypo- thèse combine par consé- quent un fort niveau de réussite dans les politiques d’atténuation ; une posture "équilibrée" entre atténuation et adaptation qui vise à pré- server l’approche séquentielle "Éviter, Réduire, Compenser" (ERC) ; une mobilisation col- lective forte qui se traduit par des changements à toutes les échelles et tous niveaux d’acteurs et un mix équilibré entre logiques incitatives et coercitives, avec un fort niveau d’appropriation et d’adhésion collective à ces politiques. En résumé, ces politiques pourraient devenir efficaces dans leur effort d’atténuation des impacts et accompagner un sursaut collectif et une transition ambitieuse. Elles pourraient, au contraire, échouer à catalyser l’action collective et faire basculer la focale vers l’adaptation, avec, là encore, plus ou moins de succès. Toute l’habileté poli- tique consistera à expliquer les enjeux environnemen- taux et leur nécessité tout en emportant l’adhésion popu- laire pour construire un vrai projet pour 2050. JLC Quelle politique environnementale pour préparer le futur ? En France, la prise en compte politique de l’environnement date des années 1970. Et en 50ans, lanature des défis envi- ronnementaux a fortement évolué. Première évolution : nous sommes passés du traite- ment d’enjeux locaux (pollu- tions locales) à des défis de plus en plus globaux (change- ment climatique, érosion de la biodiversité…). Deuxième évolution : la politique envi- ronnementale a changé de statut, passant d’un enjeu "marginal" à une question cen- trale de l’activité politique. Troi- sième évolution : la politique environnementale dépasse les horizons politiques habituels et s’inscrit sur le long terme dans la planificationde l’action publique, incarnée par l’élabo- ration de "stratégies de transi- tion écologique" ayant pour horizon 2030 ou 2050. On assiste depuis un certain nombre d’années à un renfor- cement significatif de l’ambi- tion politique à moyen et à long terme. Cette ambition a néanmoins du mal à se tra- duire en termes de mise en œuvre, les changements res- tantsmarginaux. Nonobstant, la lutte contre le changement climatique a pris de plus en plus de place dans les poli- tiques environnementales et une prise de conscience émerge sur la nécessité de développer également des politiques d’adaptation. Face aux enjeux futurs, des incertitudes demeurent. Les politiques environnementales seront-elles efficaces ? Quels seront les outils déployés (inci- tatifs, contraignants…) ? Ceux- ci seront-ils acceptés par la population ? Au final, quelle sera notre capacité à agir de manière coordonnée et collec- tive ? Basculera-t-on plutôt vers une individualisation des réponses apportées aux enjeux environnementaux ? Où s’établira l’équilibre entre l’effort d’atténuation des impacts humains sur l’envi- ronnement et l’effort d’adap- tation aux changements environnementaux ? Peut-on imaginer un "abandon" des efforts d’atténuation pour donner plus de place aux urgences de l’adaptation ? Trois hypothèses contrastées se dessinent… • Abandon de l’action collec- tive et fracture : l’urgence d’a- gir amène à un renforcement des politiques environnemen- tales coercitives, marqué par l’interdiction des véhicules thermiques, l’interdiction de vente des logements peu per- formants sur le plan énergé- tique et une hausse rapide de la fiscalité environnementale. • Basculement vers l’adapta- tion : en dépit d’objectifs ambi- tieux, la mise en œuvre des politiques d’atténuation privi- légie l’approche incitative afin de préserver un fort niveau d’acceptation collective. Face au manque d’efficacité des politiques d’atténuation, la politique bascule de plus en plus sur une logique d’adapta- tion vis-à-vis d’une transition "subie". Cette adaptation est néanmoins d’autant plus dif- ficile que les impacts ne sont plus contrôlés à la source (réchauffement climatique compris entre + 4° et + 7° C, effondrement de la biodiver- sité qui affecte également la production agricole et la disponibilité des services éco- systémiques, augmentation des maladies dues à la pollu- tion de l’air et de l’eau, etc.). Face à l’ampleur des impacts, 25 AVRIL - MAI 2021 / V&MA 294 / www.verre-menuiserie.com
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