Rompre l’isolement, favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, promouvoir la résidence intergénérationnelle et le partage des valeurs…
... le concept d’habitat partagé qui permet à des habitants de participer au projet de construction ou réhabilitation, encourage aussi les modes durables.
Dix ans après la promulgation de la loi Alur qui a posé le socle juridique de l’habitat participatif, Habitat Participatif France, en collaboration avec la Fédération Habicoop et l’association Hameaux Légers, a rendu public au mois de mars un rapport dressant un bilan d’étape. L’objectif n’a pas changé : les projets participatifs en bail réel solidaire et ou locatif social représentent des solutions abordables et donc une alternative intéressante. Le rapport indique qu’au plan écologique, les habitants mènent « des expériences-pilotes d’adaptation aux défis du changement climatique : réhabilitation globale performante, matériaux locaux, sains, biosourcés et de réemploi, isolation et modes de chauffage exemplaires, mais aussi usages sobres grâce à des implantations optimales, à la mutualisation de machines et de services, au réapprentissage des savoir-faire en perte de vitesse mais précieux pour la résilience face aux menaces contemporaines, grâce au retour du “faire ensemble”… ».
La résidence Lykke Lodge sera livrée en 2027
© Réalités CDC Habitat - Réalités CDC Habitat - Nantes Métropole Habitat - Lykke Lodge Nantes
Le groupe Réalités, CDC Habitat et Nantes Métropole Habitat ont annoncé au mois de juin lancer la construction d’un nouveau programme de 180 logements intermédiaires et sociaux à Nantes. Située à proximité du centre-ville, la résidence Lykke Lodge s’étendra sur 12 000 m², mixant logements abordables, haute qualité environnementale et d’usage avec 114 logements intermédiaires acquis en Vefa par CDC Habitat qui en assurera la gestion, et 66 logements locatifs sociaux acquis par Nantes Métropole Habitat, dont 22 en usufruit locatif social (nue-propriété commercialisée par Réalités). Livraison prévue en 2027.
Bilan mitigé
Concrètement, la reconnaissance par la loi a permis de légitimer ces initiatives habitantes, et facilité leur soutien par les collectivités et le développement d’expérimentations associant des organismes HLM. Pour autant, le rapport pointe des difficultés d’applications en raison de certaines dispositions et de manquements et réclame la levée d’obstacles qui freinent le développement de l’habitat participatif. « Si La France a parfois été pionnière (Coopératives HLM et les Cités Jardins, Familistère de Guise, Mouvement des Castors, Coopératives d’habitations, Mouvement pour l’Habitat Groupé Autogéré (MHGA), elle se retrouve aujourd’hui largement distancée par de nombreux autres pays ».
FriendlyHome, acteur engagé pour habitat écopartagé
Ce concept original de valorisation immobilière destinée à des colocataires proacteurs de la transition écologique, reconsidère ici l’habitat, conscientisé en économie et service collaboratifs à impact positif.
« FriendlyHome répond très qualitativement à la sérieuse problématique du logement rencontrée aujourd’hui par les jeunes actifs ou étudiants, tout en offrant aux entreprises l’opportunité d’hébergement dans leur environnement proche et d’attractivité pour les nouveaux talents venus de France ou de l’international et aux investisseurs et promoteurs, l’occasion de transformer un bien en une rénovation vertueuse et particulièrement valorisée », explique Olivier Piscart, fondateur et PDG de la Proptech FriendlyHome. Cette approche PAAS (Property as a Service) de l’habitat offre une solution idéale face au marché sclérosé de l’immobilier, avec un service inclusif intégrant l’empreinte écologique la plus basse possible (réduite à 70 % comparée à un logement classique).
Dans cette auberge espagnole contemporaine écorénovée (énergie photovoltaïque, isolation thermique, pompe à chaleur, mobilier durable, petits consommables naturels et écologiques…), la communauté FriendlyHome – étudiants, jeunes actifs, stagiaires, freelances, travailleurs nomades, cinquantenaires en transition… – bénéficie de prestations exceptionnelles avec espaces communs et individuels et équipements tout confort (cuisine, salon, accessibilité avec serrures connectées, grands jardins et potagers…). Avec un processus en ligne qui prend moins d’une demi-heure pour un emménagement possible dès le lendemain.
— Anne Boulay
La 7e édition des Rencontres Nationales de l’Habitat Participatif (RNHP) s’est déroulée à Rennes, du 4 au 7 juillet 2024 et a réuni plus de 1 000 visiteurs. L’événement qui avait pour thème “L’agir en commun au cœur des transitions” a donné lieu à plus de 90 ateliers participatifs, plénières, tables rondes… À cette occasion, Habitat Participatif France a publié ses chiffres clés. En 2024, le mouvement citoyen recense en 459 projets aboutis, 204 en travaux, 243 à l’étude et 198 en réflexion. L’habitat participatif enregistrerait une croissance de 18 % par an de 2009 à 2021 et un ralentissement probable ces dernières années, notamment en lien avec la crise du logement.
© FriendlyHome - Ici, la maison Chaya à Choisy-le-Roi (94) pour des colivers choyés dans des logements entièrement meublés et design, associant confort optimal avec service all inclusive et engagements écologiques forts
Les projets se différencient selon leur localisation en zone urbaine ou rurale. Plus dynamique en zone rurale, l’habitat participatif, lorsqu’il se déploie en zone urbaine compte davantage de logements (2 700 logements en zone urbaine contre 1 400 en zone rurale). Concernant le mode de production, la maîtrise d’ouvrage professionnelle (ou comaîtrise) glane 28 % des projets contre 72 % menés en autopromotion. Ces projets sont accompagnés (à 62 %) et issus de partenariat avec une collectivité (35 %), avec un organisme HLM (19 %) et implique un aménageur (dans 17 % des cas).
Il semble que les projets de réhabilitation soient plus nombreux que les constructions neuves. Enfin, les bâtiments livrés sont affectés à plusieurs fonctionnalités : logement, activité artisanale, production agricole, formation, activités culturelles, écoles, etc. Les programmes, inclusifs, se fédèrent autour d’un thème (mixité intergénérationnelle, quartier prioritaire, transition écologique des territoires ruraux).
Première pierre à la résidence les Demeures de Gaia
© Icade - Première opération avec la fondation Icade Pierre Pour Tous, à Cognin en Savoie
Le 20 juin dernier, Icade Pays de Savoie a posé la première pierre de la résidence les Demeures de Gaia, à Cognin (73). Première opération en Bail Réel Solidaire (BRS) avec la Fondation d’Entreprise Icade Pierre Pour Tous, organisme foncier solidaire (OFS). La région Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des deux régions pour lesquelles l’OFS Icade Pierre Pour Tous bénéficie d’ores et déjà d’un agrément.
Aux portes de Chambéry, à Cognin, la résidence les Demeures de Gaia prend place sur l’écoquartier de Villeneuve, à proximité du centre-ville, des services, écoles et commerces. L’ensemble compte six bâtiments représentant 140 logements familiaux, dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à Tectoniques (mandataire) et Loup Menigoz Architectes, et dont la programmation est la suivante : 60 en accession, 28 en logement locatif intermédiaire (LLI) avec l’OPAC de Savoie, 24 en LLI avec INLI, 28 en BRS avec la Fondation d’Entreprise Icade Pierre Pour Tous.
Des projets partout en France
Sur le territoire, les projets émergent. Ainsi, GrandLyon Habitat, bailleur social, a lancé le 16 mai dernier, son premier projet d’habitat participatif locatif dans le quartier Laënnec (8e arrondissement de Lyon). La résidence sera coconstruite, avec ses habitants, en lieu et place d’un parking sous-utilisé. Le chantier devrait être lancé fin 2025 pour une livraison en 2027. L’opération, qui sera menée avec une trentaine de personnes locataires retenues, doit contribuer à la mixité sociale, et entre dans les objectifs de zéro artificialisation des sols, le terrain étant déjà imperméabilisé.
En Bretagne, Espacil, filiale du Groupe Action Logement, communique sur deux projets. Le programme participatif de Brécé (35) composé de 12 appartements privatifs et d’espaces partagés, dont la livraison est annoncée pour le 2e trimestre 2027.
Aux côtés d’Espacil, la Ville de Rennes poursuit son exploration participative : depuis 2012, la commune s’est engagée dans un projet de renouvellement urbain de grande ampleur, dans le quartier du Blosne. Un programme participatif, en collaboration avec l’association L’Épok et Coop de Construction, y verra prochainement le jour. Ce projet immobilier incarnera un modèle d’avenir en termes d’innovation environnementale, de qualité d’usage et de mixité sociale.
Signe des temps, lors de leur dernière édition au mois d’octobre 2023, les Pyramides d’argent des Pays de la Loire, organisées par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), ont créé la surprise en récompensant Icéo Habitat, notamment pour deux programmes d’habitat participatif : le programme Bottière “hameau Multiple”, en copromotion avec Nantes Métropole Habitat (CLAAS Architectes Nantes) qui comprend 33 logements intergénérationnel, labellisés biosourcé niveau 3 et le programme L’ilot Coquelicot à Rezé Jaguère, des maisons (label E+C- niveau E2C1 et biosourcé niveau 3), coconstruites avec les habitants et PO Architectes.
À Toulouse, Abricoop, une coopérative d’habitants dans un écoquartier
Dans l’écoquartier de la Cartoucherie de Toulouse, un groupe d’habitants a créé la coopérative Abricoop et fait construire un immeuble dont ils possèdent tous une part. Objectif : lien social, intergénération et lutte contre la spéculation.
Dans cet immeuble, avec ses matériaux naturels et son jardin, 35 propriétaires y habitent depuis 2018, où chacun a participé à hauteur de ses moyens, à l’achat initial, et paye, toujours en fonction de ses revenus, un loyer, qui démarre à 3 € le m2. Marion Bernard, l’une des coopératrices, présente, dans le hall d’entrée : « deux racks de vélos, là une caisse de déguisements, des jeux. Tout est partagé ». À l’instar de la buanderie, ce qui permet de gagner de la place et de consommer moins.
Une démarche à la fois écologique et sociale
« C’est de la coopération autour d’un logement construit durablement », explique Marion, « pour servir durablement une communauté, celle des habitants d’aujourd’hui, mais aussi de demain. Pour moi, c’est une démarche à la fois écologique et sociale de résilience ». L’autre objectif d’Abricoop, c’est de lutter contre la spéculation immobilière : si quelqu’un quitte la coopérative, il récupère sa part augmentée de l’inflation, mais sans tenir compte du prix du marché. Thomas Berthet, l’un des fondateurs de la coopérative, affirme : « on cherche à recréer en France une alternative à la logique de marché. Cette initiative habitante dans un cadre coopératif permet de sortir de la loi du marché pour un droit essentiel : celui d’avoir un toit sur la tête ».
De 4 à 80 ans
Abricoop est aussi un habitat intergénérationnel, les 35 habitants ont de 4 à 80 ans. « On passe par des coursives », fait remarquer Thomas, « typiques de l’habitat participatif, qui sont des lieux de dedans-dehors. La salle commune est pensée comme l’extension de nos logements, où on peut recevoir plus de monde que dans notre T2 ou notre T3 ».
© Radio France - Cécile Bidault/France Inter
Valorissimo propose un catalogue diversifié de logements en coliving
Plateforme dédiée au marché BtoBtoC pour la vente intermédiée de logements neufs, Valorissimo, créée en 2002 au sein du promoteur Bouygues Immobilier, se définit comme une market place multipromoteur de premier plan. À la clé, une relation promoteur-prescripteur efficace qui s’inscrit dans la diversité des demandes d’habitat et de la mutation des usages, incluant le coliving.
— Véronique Méot
Photo ouverture © FriendlyHome - Le concept FriendlyHome soutient un positionnement inédit faisant du coliving un partage vertueux dans un habitat durable et favorisant l’écomobilité
Source : verre-menuiserie.com