Habitologue : un concept pour soigner son habitat

À la fois habitologue et intervenante au centre de formation à cette discipline, Pascale Devoucoux possède une double casquette.

Découverte d’un concept relationnel et d’expert particulièrement éclairant.

 

© D.R. - Pour formaliser son enseignement, Pascale Devoucoux a obtenu un diplôme de Coordinateur en rénovation énergétique biosourcée, en validation des acquis de l’expérience (VAE). Cette ex-clerc de notaire à Paris s’est reconvertie dans le bâtiment en autodidacte après avoir mené la rénovation de sa maison

 

Qu’est-ce qu’un Habitologue ?

Pascale Devoucoux. L’Habitologue donne des conseils aux occupants d’un bâtiment – propriétaires ou locataires – pour leur permettre d’en optimiser le confort. Majoritairement, l’on nous appelle lors de l’achat d’une ­maison avec le souhait de la rénover et de bien comprendre leurs choix. Dans une moindre mesure, nous sommes également solli­cités lors de problèmes perturbant l’habitat : ­humidité, froid, chaleur…

Chez le client, nous dressons en 5 ou 6 h l’inventaire du bâtiment existant : quels sont les matériaux utilisés, leurs avantages et leurs inconvénients ? Nous nous intéressons au type de couverture, aux orientations du bâtiment, à ce qui se passe autour sur le plan bioclimatique (végétation, vents dominants…), à l’environnement proche et lointain. Il s’agit d’aider l’occupant à bien identifier le fonctionnement de son habitat avant d’entreprendre des travaux de rénovation. Cette approche s’applique aussi bien au bâti traditionnel d’avant-guerre qu’aux bâtiments des années 1980 ou même 2000. L’Habitologue s’adresse majoritairement aux particuliers, mais il est également à l’écoute des collectivités et des entreprises.

 

Quelle est votre valeur ajoutée pour le client ?

Pascale Devoucoux. Souvent, les propriétaires achètent une maison en regardant les aspects esthétiques et pratiques, mais ils ne sont pas formés à scruter la façon dont les matériaux ont été mis en œuvre. Par exemple, sur les fenêtres, je rencontre ­souvent des problèmes liés au renouvel­lement d’air. Le principe de fonctionnement est simple : les entrées d’air doivent se ­trouver dans les pièces sèches et les extractions d’air dans les pièces humides. En la matière, le client final ne sait pas toujours ce qu’il faut demander au professionnel lors de la rédaction du devis. Et je vois bien que ce dernier n’a posé aucune question par rapport au renouvellement d’air : soit il n’y a pas d’entrée d’air du tout, soit il y en a sur toutes les menuiseries. C’est dommage, mais c’est très fréquent.

Dans l’ancien, une VMC simple flux est souvent plus appropriée qu’une double flux, pour renouveler l’air du logement et éviter les problèmes d’humidité. L’Habitologue liste toutes les problématiques et essaye d’expliquer les phénomènes. Il s’agit de donner des compétences à l’occupant des lieux pour qu’il gagne en autonomie et soit en mesure de réaliser les travaux par lui-même ou de les confier à un artisan. Il n’y a pas une ­solution miracle, il y en a plusieurs, basées sur ­plusieurs matériaux. Et il faut arbitrer entre les plus adaptées à l’habitat, mais aussi au budget des occupants… L’Habitologue ­permet à l’utilisateur final de redevenir maître de ses choix.

 

Quand le concept d’Habitologue est-il né ?

Pascale Devoucoux. Ce concept émane de Claude Lefrançois, un ex-entrepreneur du bâtiment et ex-constructeur de maisons à ossature bois, aujourd’hui à la retraite. Il proposait d’accompagner les propriétaires lors de la réalisation de leurs travaux. Comme ce service a été particulièrement bien ­accueilli, il a déposé le concept d’Habitologue. Claude Lefrançois s’est associé avec Geoffrey Gouverneur et tous deux ont souhaité ­former des Habitologues pour faire grandir le concept et la communauté d’experts.

 

© D.R. - Enrichi par de nombreux échanges, le lien tissé entre les Habitologues Pascale Devoucoux (à g.) et Claude Lefrançois (à dr.) avec leurs clients est fort et perdure dans le temps

 

Fin 2020, ils ont mis en place un centre de formation sur le thème “Soigner l’habitat” et m’ont proposé de participer à l’aspect pédagogique du centre.

 

Concrètement, comment se passe la formation ?

Pascale Devoucoux. La marque Habitologue étant déposée, le passage par le centre de ­formation est incontournable. Le droit d’assister au cours coûte environ 4 000 € pour les professionnels qui veulent se ­reconvertir. À l’heure actuelle, la formation d’Habitologue repose sur 250 h de cours vidéo préenregistrés par Claude Lefrançois. Tout le contenu est découpé en thématiques : structure, toiture, isolation, chauffage, ­renouvellement d’air, l’eau dans le bâtiment, etc. Le candidat accède aux différents ­chapitres vidéo, rangés par ordre de progression, en ligne, quand il le souhaite.

Nous avons aussi créé des coachings en visio avec notre équipe de trois formateurs. Le mardi soir, nous consacrons un temps d’échange avec les candidats sur un chapitre dédié. Et j’anime ces sessions de 2 h en live. Une fois par mois, nous étudions un cas pratique et l’épluchons comme si nous nous rendions chez un client. Les étudiants se préparent et je regarde leur posture, ce qui va, ce qui ne va pas. Je gère aussi toutes les certifications qui prennent la forme d’un examen écrit sur une étude de cas. Nous fournissons aux étudiants un dossier avec des photos, des informations et des questions types de clients. Et ils doivent résoudre les problématiques, émettre des observations sur le bien. Lorsque cet écrit est validé, les candidats Habitologues peuvent venir présenter l’oral, en 40 min. : nous examinons leur aisance à explorer une étude de cas sur le vif, rien n’étant préparé à l’avance. La durée de la formation dépend vraiment de la personne et du rythme qu’elle veut y mettre : de trois mois, en accéléré, à six mois. La moyenne est de neuf mois. Certains mettent un an à un an et demi à obtenir le diplôme.

 

Combien de professionnels Habitologues ont-ils été formés à ce jour ?

Pascale Devoucoux. Entre 40 et 50 personnes ont achevé la formation et entre 20 et 25 pratiquants sont installés dans tout l’Hexagone. Parmi les personnes qui se forment, certaines cherchent à se reconvertir et à pratiquer cette profession. D’autres viennent suivre la formation pour l’appliquer à leur propre projet de rénovation ou d’acquisition. Et puis, quelques artisans, architectes, architectes d’intérieur qui conservent leur profession d’origine mais désirent acquérir une approche plus fine de toutes les notions de confort et de l’aspect écologique du ­bâtiment. Nous les y aidons et les accompagnons en ce sens.

 

© D.R. - L’Habitologue explique à ses clients les aspects techniques de son habitat – comment par exemple améliorer l’inertie des murs – mais le relationnel est aussi un aspect épanouissant du métier


Photo ouverture © D.R. - Claude Lefrançois, fondateur du concept Habitologue (2e en partant de la gauche) et Pascale Devoucoux (près de la fenêtre) mènent une expertise bâtiment chez des clients pour les aider à mieux comprendre les points à surveiller avant une restauration
Source : verre-menuiserie.com

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