De plus en plus présentes dans les ateliers de menuiserie, les nouvelles technologies ne doivent pas effrayer, bien au contraire.
Leur utilisation permet très souvent d’accroître la productivité tout en participant activement au confort des salariés. Un virage à prendre dès maintenant pour conserver un bon niveau de compétitivité.
© elumatec-Someco - Le nouveau centre d’usinage SBZ 625/26 de Someco couplé au logiciel d’elumatec, eluCloud, s’intègre facilement dans la production existante du client. L’intégration d’eluCam permet d’atteindre un nouveau niveau de convivialité pour les machines d’usinage du PVC. Cela permet à l’opérateur d’effectuer des ajustements de façon visuelle en 3D, tout à fait dans l’esprit de « Ce que vous voyez, est ce que vous obtenez ». L’utilisation d’une technologie de contrôle intelligente et de pointe permet de réduire la consommation d’énergie et d’air comprimé
« Le premier objectif lorsque l’on décide d’utiliser les nouvelles technologies dans les ateliers c’est pour accroître la qualité de vie au travail », Frédéric Martin, directeur industriel chez K•LINE met en avant un des arguments forts de l’utilité des nouvelles technologies dans un atelier de menuiserie avant d’entrer dans le détail : « nous avons énormément d’automatisation en matière de transitique (déplacement des menuiseries). Les robots font des tâches répétitives et donnent aussi de la valeur ajoutée au produit. L’automatisation diminue la pénibilité pour les opérateurs, et donc les maladies professionnelles, tout en apportant des gains en compétitivité », Frédéric Martin soulignant que lorsque l’on installe des robots dans une usine, cela va obligatoirement faire évoluer certains métiers, notamment ceux liés à la maintenance. Roland Peyran, directeur commercial Isia-Groupe Elcia, voit également d’un bon œil l’utilisation des nouvelles technologies en mettant en avant plusieurs intérêts : « Tout d’abord le gain de productivité dans l’atelier est pour le fabricant : les opérateurs vont plus vite, ils sont plus efficaces, ils comprennent mieux les informations techniques et font moins d’erreurs. Il est possible de choisir les informations à afficher sur les écrans, en fonction du poste, de l’expérience… ». Une manière efficace de faire baisser la charge mentale des opérateurs, remarque par ailleurs Frédéric Martin : « Nous ne faisons que du sur mesure, chaque produit est différent. Les nouvelles technologies nous ont permis d’avancer sur l’affichage au poste, ce qui permet de guider l’opérateur au fur et à mesure avec un gain réel dans l’efficacité, mais aussi le confort de travail. Pour les nouveaux opérateurs par exemple, on peut choisir d’adapter les informations pour leur permettre d’appréhender plus aisément le poste ». Gilles Le Bagousse, responsable commercial France de Fom Group a remarqué une évolution des demandes de ses clients : « ils aspirent à des ateliers avec le moins de manipulation possible et plus de confort ». Outre la qualité de vie au travail, la qualité des produits est aussi au cœur de l’utilisation des nouvelles technologies.
L’UFME se pose des questions sur l’IA
© VMA / F.G. - À l’issue de l’Assemblée Générale de l’UFME le 30 mai dernier, une conférence sur les perspectives ouvertes par l’intelligence artificielle était animée par David Cortés, président-fondateur d’AI-vidence
Preuve que le monde de la menuiserie s’intéresse de près aux innovations technologiques, à l’issue de son Assemblée Générale, l’UFME a convié David Cortés, président fondateur d’AI-vidence à présenter ses travaux autour de l’intelligence artificielle. Loin d’en faire l’apologie, celui-ci a expliqué à l’assistance l’intérêt qu’il pourrait trouver dans l’utilisation de l’IA en insistant plus particulièrement sur quatre cas d’usages identifiés : la maintenance prédictive, le contrôle qualité, l’aide au pilotage de la production et la connaissance client. David Cortés insistant aussi sur le fait que pour être efficace, l’IA doit se nourrir de nombreuses données et qu’il est toujours nécessaire de bien expliquer à ses équipes l’intérêt et son utilisation pour la faire accepter.
Un contrôle qualité plus fiable
Roland Peyran relève : « Il est possible de fixer des règles de contrôle qualité pour un meilleur respect. La traçabilité de 100 % de l’information va aussi dans ce sens. C’est très important pour les certifications qui imposent de nombreux contrôles. Avec les écrans dans les ateliers, plus besoin de retraitement de l’information. En cas de soucis, on trouve tout de suite l’origine sans être obligé de faire le tour de l’atelier. Les échanges et la circulation des informations sont beaucoup plus fluides et fiables. La descente et la montée d’informations se fait en temps réel ». L’efficacité opérationnelle est effectivement améliorée. Une réponse adaptée aux attentes clients, constate Benjamin Debliqui, responsable export de Fom France : « les clients souhaitent avant tout fiabiliser leur production. L’automatisation simplifie les tâches répétitives et permet d’aller plus vite, d’améliorer les cadences et de produire plus. Ceci, en ayant une qualité de produit fini supérieure ». Avec des chaînes de fabrication plus fluides, car mieux coordonnées et synchronisées pour réduire les temps d’attente. Frédéric Martin confie avoir intégré des technologies visioniques qui permettent la reconnaissance d’une pièce pour aller la chercher, même si elle est mal rangée. Gilles Le Bagousse y voit aussi un fort intérêt pour diminuer les stocks inutiles : « Avec l’automatisation, la traçabilité de la pièce est demandée et évite de lancer une production de fenêtre par exemple, tant que tous les éléments constitutifs ne sont pas là, optimisant ainsi le temps et de la place ».
3 questions à
Roland Peyran, directeur commercial Isia - Groupe Elcia
1. De quelle manière les nouvelles technologies sont utilisées dans les ateliers de menuiserie ?
Les fabricants de menuiserie sont de plus en plus demandeurs de zéro papier dans l’atelier. Ils veulent des solutions pour digitaliser les fiches de fabrication pour leurs opérateurs. Le recours au papier est une perte de temps, de productivité et c’est source d’erreurs. Aujourd’hui, toutes ces informations indispensables à la fabrication peuvent s’afficher directement dans les écrans disposés dans l’atelier. La 3D devient aussi de plus en plus présente et importante pour les ateliers de menuiserie. Peut-être même encore plus pour les entreprises de fabrication de plus petite taille, où les tâches sont moins automatisées, et chez qui on retrouve des menuisiers dans les ateliers. La 3D va permettre de vérifier la position des usinages, les profilés, les plans de coupe…
2. Quels sont les enjeux aujourd'hui autour de l'utilisation des nouvelles technologies en atelier ?
La productivité, le gain de temps, la fiabilité, la simplicité : des enjeux quotidiens des fabricants de menuiserie. Il y a aussi la mobilité qui est apportée par la digitalisation. En fonction du poste, nous sommes capables d’apporter la solution matérielle et logicielle adaptée. Si l’opérateur a besoin d’un écran en vertical, c’est possible. S’il a besoin d’avoir ses informations sur un Smartphone, c’est possible aussi. Clairement, il n’y a plus de limite à la mobilité aujourd’hui !
3. À quoi peut-on s'attendre dans les prochaines années comme évolution ?
L’IA peut avoir un rôle à jouer dans les ateliers, notamment dans le choix des informations qui s’affichent sur les écrans. On pourrait imaginer n’avoir qu’à décrire le besoin de l’opérateur pour que l’IA définisse elle-même les informations à afficher. Pour les nouveaux opérateurs par exemple, l’IA pourrait s’adapter à leur expérience et leur parcours pour afficher les informations répondant directement à leur besoin.
Une organisation différente
« Point central de l’arrivée des nouvelles technologies dans les ateliers, ceux-ci appellent une organisation différente », note Gilles Le Bagousse ; « les machines fonctionnent en communiquant entre elles pour pouvoir s’alimenter de façon automatique ». Il est donc souhaitable d’installer les éléments constitutifs des lignes de production en série, sur une ligne continue pour optimiser le temps passé. « Nouvelle organisation, mais aussi nouveaux métiers en perspective », ajoute Gilles Le Bagousse : « il y a véritablement une émergence de nouveaux métiers, les techniciens aujourd’hui n’ont plus le même profil qu’il y a dix ans ». Auparavant les profils recherchés étaient très souvent des profils d’électriciens, de mécaniciens, aujourd’hui le premier critère est de posséder un bon niveau en informatique, notamment pour être capable de mettre en place de la maintenance connectée. « Les entreprises de menuiserie ont la même démarche », note Gilles Le Bagousse : « nos clients ne recherchent plus forcément des menuisiers, mais des personnes capables de mettre des méthodes en place ». Permettant ainsi de détourner un problème majeur dans l’univers de la menuiserie et du bâtiment en général : le recrutement, en attirant des profils différents. « Le numérique facilite aussi la formation des opérateurs. Face à une population plus jeune, qui est déjà fan des écrans, on fait tout de suite mouche quand on parle d’informations dans les ateliers gérées avec des écrans. C’est plus facile de les intéresser et donc de les former », souligne Roland Peyran.
© K.LINE - En automatisant les lignes de production avec des robots, les industriels évitent aux opérateurs d’effectuer des tâches répétitives, sans valeur ajoutée - K.LINE
Bon pour l’environnement
Sujets sensibles et d’actualité dans toute la filière bâtiment, l’environnement et le développement durable voient un allié de circonstance dans les nouvelles technologies. Frédéric Martin le confirme : « il y a des aspects liés à l’environnement qui sont très intéressants dans l’utilisation des nouvelles technologies. Ainsi, elles permettent une meilleure sobriété énergétique en utilisant par exemple des moteurs moins gourmands ». Du côté de l’utilisation de la matière également les avantages sont évidents, grâce à des machines permettant d’optimiser l’utilisation des matériaux en travaillant par lots de clients, et non client par client, pour ainsi limiter les chutes de production. Benjamin Debliqui constate d’ailleurs être de plus en plus sollicité sur les niveaux de consommation des machines : « C’est une tendance forte à laquelle répondent bien les nouvelles technologies. L’intelligence des systèmes va permettre de mieux gérer la consommation des machines en fournissant la bonne puissance au bon moment. De manière générale, l’innovation que l’on créée avec les nouvelles technologies favorise les initiatives et pratiques plus durables ». Du côté de la maintenance et notamment de la maintenance prédictive, les avancées aussi sont spectaculaires. En anticipant les pannes grâce aux systèmes informatiques mis en place, cela favorise l’allongement de la durée de vie du matériel avec un vrai impact environnemental.
Les outils existent, la volonté de les utiliser s’intensifie peu à peu et le virage est certainement à prendre maintenant pour s’engager dans un tel processus d’industrie 4.0. Et permet de répondre à des attentes de fiabilité de la production grâce à des interfaces toujours plus interactives, avec des consignes de sécurité et de qualité plus claires, pour davantage guider les opérateurs dans leurs tâches.
— Franck Guidicelli
Photo ouverture © German Bionic - Deep-tech spécialisée dans la robotique et technologies portables, l’entreprise européenne German Bionic a été la première entreprise au monde à offrir des exosquelettes connectés professionnels, utilisant l’apprentissage-machine et l'intelligence artificielle pour soutenir les mouvements de levage et éviter les mauvaises postures. L’équipement intègre un écran de contrôle individuel interactif latéral facile à consulter, qui permet à l’opérateur de suivre l’équivalent des charges compensées par l’exo sur une durée donnée et de vérifier l’adéquation de ses postures. Sur ce même écran l’opérateur adapte la puissance de 0 à 100 % des moteurs pour obtenir le meilleur confort et la meilleure assistance du dispositif. German Bionic a reçu de nombreux prix dont un CES 2023 "Best of Innovation" Award, un Fast Company "Innovation by Design Award", un German Entrepreneur Award et nominé au prestigieux Hermes Award à la Hannover Messe
Source : verre-menuiserie.com