Fermé au public depuis 2007, le pavillon de la Fondation Avicenne situé dans l’enceinte de la Cité Internationale Universitaire de Paris fait l’objet de travaux de restructuration de grande ampleur.
L’ouvrage de l’architecte Claude Parent inscrit depuis 2008 au titre des monuments historiques a été entièrement désossé pour lui redonner son lustre d’antan. Sa façade vitrée munie de loggias a été repensée avec des châssis exclusifs conçus par le gammiste aluminium Wicona.
C’est un incontournable signal urbain pour tous les auto-mobilistes qui empruntent le boulevard périphérique au sud de la capitale. Mais pas seulement, tant l’ouvrage est une icône de l’architecture moderne du 20e siècle ; construit en 1969 par l’architecte Claude Parent, il reste encore aujourd’hui le plus bel exemple en France d’édifice suspendu à une macro-structure, un souhait technique mettant en oeuvre un concept de façades aluminium anodisées et de masse vues organisées autour d’un squelette métallique. Collé à l’artère routière majeure de la région parisienne, le pavillon de la Fondation Avicenne est d’autant plus visible depuis mars 2021 et le début du chantier de rénovation lourde, emmailloté qu’il est d’un imposant échafaudage de 400 t sur la totalité de ses façades. Il faut dire que l’ancienne Maison de l’Iran cédée en 1972 par l’État iranien au profit de la Cité Internationale Universitaire de Paris qui la renomme Fondation Avicenne, a subi depuis sa construction les affres du temps. Laissée à l’abandon depuis 2007 et quasi promise à une démolition évoquée de manière non officielle, son classement à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en aura fort heureusement décidé autrement.
Une prouesse technique
Trois portiques de 38 m de haut portent ainsi deux blocs de 4 étages dédiés à accueillir les 96 chambres des étudiants. Les planchers béton d’à peine 8 cm d’épaisseur sont portés par les poutres métalliques avec les efforts ramenés en tête de portique. Un vide entre les deux blocs est comblé par un vaste appartement doté d’une ample terrasse pensée à l'époque pour loger le directeur de cette Maison de l’Iran. Deux volumes en rez-de-chaussée forment l’accueil et les salles communes, tandis qu’enfin, un escalier mécanique formant une double spirale inversée est accolé à la façade côté ouest. Un escalier essentiel puisque pour optimiser l’espace intérieur, il est avec les ascenseurs, le seul moyen d’accéder aux 9 étages de cet ouvrage. En fondation, des puits de 22 m passent au travers de trois couches de calcaire. « À l’époque de sa construction, le coût du bâtiment était proportionnel à la reprise et au cheminement des efforts », tient à rappeler Jean-Franz Katzwedel, ingénieur du bureau d’études structures et façades Nemo K en charge des calculs en phase conception. « Ce projet de restructuration sur un bâtiment emblématique qui possède une longue histoire, revêt de nombreuses contraintes, notamment acoustiques, en raison de la présence proche du périphérique, mais aussi des contraintes en matière de protection incendie. À cela, il convient d’ajouter celles liées à son classement ABF qui nous obligeait à respecter le design originel tout en recréant un visuel particulier en façade ».
Une intervention lourde en façades
De la bien belle ouvrage qu’il convenait de remettre à flot, car fait avec tout ce que l’époque admettait et a banni depuis, notamment l’amiante et le plomb. Le budget relativement conséquent de 17 M€ HT dégagé par la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et la Ville de Paris, maîtres d’ouvrage de l’opération, n’aurait pu être trouvé sans le soutien du Plan de relance et celui de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Laissé à l’abandon depuis plus de 15 ans, le pavillon de Claude Parent aura finalement trouvé les fonds nécessaires alors même que le concours de sa restructuration avait été lancé dès 2004 avant d’être repris en 2017. Le projet confié à l’agence d’architectes Béguin & Macchini SCP a ainsi cherché dès le départ à trouver des procédés admissibles et des Avis Techniques facilement exploitables. « Nous avons développé des extensions de formes et de coques en partant principalement des PV acoustiques mais aussi en s’inscrivant dans le plan Climat de la Ville de Paris qui exige des performances thermiques en dessous de 50 kW/m² /an de consommation énergétique », poursuit Jean-Franz Katzwedel.
« Les cinq premières trames atteignent une performance de -43DB, tandis que les façades moins exposées au bruit du périphérique -35 DB. La pose d’un sonomètre au niveau 7 du bâtiment nous a permis de mesurer un niveau sonore de 72 DB ».
Le maître d'oeuvre, ainsi que le BE Nemo K, ont travaillé main dans la main avec Wicona. La façade vitrée met ainsi en oeuvre des ensembles menuisés développés sur la base de la Wicline 65 Evo (L 2 600 mm x H 2 500 mm) composées d’une cloison et de panneaux vitrés fixes en imposte et d’un ouvrant à la française un vantail, donnant sur les coursives transformées en loggias privatives. Deux créations ont été réalisées sur cet ensemble, avec d’une part un meneau vertical avec deux ergots donnant sur la loggia et d’autre part, l’ajout d’une tubulure décalée côté intérieur dans la chambre de manière à réduire la masse vue et faciliter l’ouverture de la poignée.
Une variété de profils apportée par Wicona
Ainsi, pour augmenter l’homogénéité esthétique des trois autres façades aveugles, le système de face vue a été décliné avec l’ouvrant Wicline 75 Evo pour répondre aux besoins d’isolation acoustique. « La conception du châssis était un moyen de gérer le multifeuilles de l’isolation tout en respectant le trompe l’oeil de créer une façade », explique Fabrice Triaes, responsable technique Wicona France. « Au final, on obtient un profil en T qui reprend un complexe isolant et acoustique qui est passé de 170 mm à 280 mm. La résistance mécanique est augmentée, mais en jouant sur la perception de la ligne de fuite, on obtient toutefois une fenêtre plus large ». Par ailleurs, les double vitrages de type SunCool fournis par Pilkington garantissent une transmission lumineuse de 58 % et un facteur de 26 %, ainsi qu’une réflexion de 9 %. Mais cet ouvrage parisien hors normes est aussi une belle démonstration de la diversité des solutions apportées par Wicona et mises en oeuvre par l’entreprise PMN, filiale du groupe Roger Delattre et spécialiste français de la construction métallique. En tout, six profils différents ont été pensés par Wicona pour répondre aux exigences de réhabilitation. De fait, les façades de l’étage intermédiaire qui abritait auparavant le logement du directeur du pavillon iranien sont formées d’ensembles en bicoloration de grandes dimensions composées d’un coulissant à levage Wicslide 160, d’une fenêtre oscillo-battante Wicline 65 Evo et un vantail de grande largeur 1 800 mm intégrés dans la façade Wictec 50. Les travaux de la Fondation Avicenne comptent être achevés cet été avec une ouverture prévue pour la rentrée universitaire 2023. Soit 16 ans après avoir accueilli son dernier étudiant.
Photo ouverture © Olivier Wogenscky - Fond Avicenne Claude Parent / Béguin
Source : verre-menuiserie.com