Les logiciels à l’ère du service

Les industriels du verre et de la menuiserie font appel aux éditeurs de logiciels pour rationaliser et numériser leurs processus...

... qu’il s’agisse de modéliser leurs produits en 3D pour une présentation client plus ludique dans un configurateur, d’en mesurer le chiffrage et d’en assurer la fabrication en atelier. Mais quelles sont les tendances actuelles du marché ? Réponses…

 

‘‘ Des outils et des solutions incontournables d’optimisation ’’

 

Au 1er juillet 2020, la France métropolitaine comptait près de 8 300 fabricants de fenêtres sur son territoire et recensait 41 150 sociétés et artisans en nom propre spécialisés dans la pose de fenêtres, selon une étude du marché de la fenêtre en France réalisée pour l’UFME, le SNFA et l’UMB-FFB. Et ces professionnels de la menuiserie sont, pour la plupart, friands de logiciels pour les accompagner et optimiser leurs tâches au quotidien.

 

© Technal - Chez Technal, le logiciel de conception TechDesign permet de générer les commandes et les fiches de fabrication

 

Pour Grégory Meunier, responsable des logiciels clients chez Technal, les demandes des fabricants suivent actuellement trois axes distincts : « nos clients veulent mieux vendre, mieux maîtriser leur fabrication et mieux suivre les commandes ».

 

Pour mieux vendre, les industriels font appel au configurateur commercial en ligne et rendre plus attractif par exemple leur catalogue. Le client particulier peut se saisir des produits, en faire varier les formes, les couleurs et les insérer virtuellement dans son environnement. S’il est séduit, il peut adresser directement sa demande (ou lead) via Internet à l’industriel. Tout l’enjeu pour ce dernier est de capter rapidement ce souhait, de le transformer en commande ferme, puis de configurer industriellement le produit désiré.

 

Depuis 14 ans, la société AlloTools développe des configurateurs pour les fabricants de menuiseries notamment, et compte une cinquantaine d’industriels français au rang de ses clients, dont le succès de BatriTrade fait désormais office de référence. Pour l’heure, Sébastien Sobczyk, directeur général et fondateur d’AlloTools, constate actuellement « une demande importante des industriels qui souhaitent digitaliser la vente de leurs produits ». Le configurateur est une pièce importante de la stratégie des clients de la PME luxembourgeoise : grâce à lui, les demandes des clients particuliers (leads) captées via Internet peuvent être transférées dans la partie BtoB pour configurer le produit. « Avec un seul flux informatisé, nous permettons à nos clients de traiter successivement le lead, le devis, les commandes de production et les commandes fournisseurs. Nous pouvons réinjecter de la donnée numérique et technique à 100 % dans un configurateur Web », résume Sébastien Sobczyk.

 

© Techform - Techform CPQ (Configure, Price, Quote) est une suite logicielle qui permet de modéliser des plateformes de chiffrages et de configurations techniques. Dédiée aux produits complexes, sur mesure, à options et variantes des professionnels du bâtiment et de l’industrie, cette solution les accompagne dans la rationalisation et l’automatisation de leurs processus de vente et de fabrication en équipant leurs commerciaux et réseaux de distribution d’une plateforme digitale collaborative

 

Pour sa part, Techform joue la carte de la proximité en redirigeant le lead client vers l’installateur le plus proche en fonction du code postal de son lieu de résidence : « aucune fabrication n’est lancée en production tant que les cotes fournies par le client n’ont pas été vérifiées par l’installateur local. Celui-ci se déplace : il reçoit d’ailleurs un rappel automatique lui demandant de s’assurer que les mesures sont bonnes. Cette vérification menée, les cotes sont validées et le produit peut donc être fabriqué », expose Caténo Barberi, directeur Produits Techform. Chez Technal, le configurateur renvoie le client vers un Aluminier agréé qui va donner vie à son projet sur un modèle similaire.

 

Mais pour que l’expérience soit pleinement réussie, encore faut-il que le commercial qui rend visite au client sache bien le conseiller… « Les produits des industriels sont de plus en plus techniques, alors que le particulier a besoin de comprendre de plus en plus ce qu’il achète. Nous travaillons avec eux sur des Bibliothèques de prix toujours plus accessibles, plus visuelles, plus détaillées. En un mot plus vendeuses », explique Nicolas Kretz, directeur commercial du groupe Elcia.

 

La simulation 3D comme nouvel outil commercial

 

Pour permettre au client de mieux se projeter lors d’un achat, HerculePro a acquis le simulateur de menuiseries extérieures 3D Simuleo en octobre 2022. Le prospect à la recherche d’une solution découvre en même temps le produit et la tranche de prix qui lui correspond. En connectant Simuleo avec ses bibliothèques tarifaires, HerculePro lie l’aspect visuel du produit au calcul de son prix sans surcoût pour le client.

 

© HerculePro - « Nous sommes le seul éditeur de logiciels à proposer à nos clients une solution 100 % Web », souligne Olivier Bernard, directeur commercial HerculePro. Ci-dessus, un exemple des possibilités du logiciel Simuleo

 

Cover Group est également appelé pour renforcer l’aspect commercial des entreprises désireuses de posséder des outils simples, d’utilisation rapide et qui permettent de faire la différence dès la première rencontre avec le client. « Nous élaborons une version allégée de notre logiciel Cover 3D afin d’être encore plus efficaces sur le terrain », note Christof Hullaert, CEO de Cover Group.

 

© Elcia - Développé par AlloTools, le module VirtualPhoto fonctionne avec ProDevis 9. L’objectif est de mettre plusieurs produits en situation (une pergola, un portail, une porte d’entrée…) et de les insérer dans l’environnement de la maison

 

Partenaire du groupe Elcia depuis 3 ans, lequel a pris une participation de 33 % dans le capital de la société luxembourgeoise, AlloTools a rendu ainsi ses logiciels compatibles avec le logiciel ProDevis. « Nos configurateurs peuvent être interconnectés avec les solutions du marché », souligne Sébastien Sobczyk qui mise aussi sur la 3D afin que son configurateur arbore des représentations ultraréalistes, au millimètre près, des objets. « Nos outils de simulation font appel à la réalité augmentée pour configurer, par exemple, une pergola en simulant les ombres en fonction des heures de la journée, ce qui permet au revendeur de proposer un store ou un brise-vue et de déclencher plus facilement les ventes auprès de son client final », relève Sébastien Sobczyk. Développé par AlloTools, le module VirtualPhoto fonctionne avec ProDevis 9 : « cet outil vient graviter autour de nos configurateurs. Pour rappel, nous  sommes les seuls sur le marché à offrir une vue 3D aussi précise combinant les outils de simulation photographique et la réalité augmentée », indique le directeur général d’AlloTools.

 

Les équipes R&D d’Elcia travaillent aussi en lien avec Ramasoft, leur partenaire belge (Elcia en détient 33 % des parts) pour mettre en œuvre une solution 3D appliquée à la fenêtre pour 2025.

 

Des solutions pour les acteurs de l’immobilier tertiaire

 

Le marché attend davantage de simplification : la tendance se confirme. Il s’agit de rendre les produits plus accessibles, de développer une sorte d’Intelligence Artificielle pour régler les problèmes de l’utilisateur. « Nos clients nous demandent de simplifier la saisie des menuiseries dans leur outil métier. Notre logiciel Chacal Express connaît une ascension fulgurante avec un nombre d’utilisateurs croissant. En 2022, nous en avons comptabilisé 263 nouveaux, en France et à l’export. Ce logiciel concentre le plus gros des demandes qui nous sont adressées. Le reste est tourné vers le pilotage de machines », témoigne Nicolas De Mol, dirigeant de DSI.

 

© DSI - Le configurateur commercial Web Chacal Express développé par DSI, reçoit des adaptations spécifiques pour permettre la diffusion de commandes en EDI

 

Très orienté vers les activités tertiaires, le gammiste Wicona capte trois types de demandes : chiffrage, thermique et acoustique. La marque du groupe Hydro reçoit les demandes des clients fabricateurs qui lui commandent des barres d’aluminium destinées à la réalisation de façades. Wicona est également en lien avec les bureaux d’études et les architectes. « Pour répondre à leurs besoins, nous avons développé notamment deux logiciels : Wictop qui permet de tarifer le coût matière et Optimal, une solution tournée vers la thermie, incluant la transmission lumineuse, le facteur solaire et l’acoustique », indique Lucilia Kouamé, responsable marketing Wicona. Pour sa part, Angélique Slowinski, ingénieure chargée d’études chez Wicona évoque le logiciel Inertie V4, imaginé pour dimensionner les projets constructifs : « ce logiciel simple qui fonctionne à base de saisies minimales permet de déterminer le type de profil aluminium à utiliser pour que le projet architectural tienne debout. L’évolution du logiciel comporte un nouveau module de réaction aux appuis. Il permet, par exemple, de bloquer le calcul des traverses basses d’un ouvrage pour mieux prendre en compte le poids de ce qui repose dessus, ce qui rapproche la simulation de la réalité ».

 

© Wicona - Le logiciel Inertie V4 de Wicona intègre désormais un module de réactions aux appuis. Il permet, par exemple, de bloquer le calcul des traverses basses d’un ouvrage pour mieux prendre en compte le poids de ce qui repose dessus, ce qui rapproche la simulation de la réalité

 

Grâce à sa base de données enrichie, le logiciel Wicacoustique de Wicona mène des simulations acoustiques sans louer un laboratoire. Il est par exemple possible de calculer l’affaiblissement acoustique d’un ouvrant à la française par rapport à un environnement donné, et permet d’ajuster le dimensionnement du vitrage et répondre au mieux au cahier des charges du projet. « Wicacoustique permet de rationaliser les coûts de vitrage », résume Angélique Slowinski.

 

Piloter les machines pour optimiser la fabrication

 

Pour s’exonérer des absences humaines engendrées par l’effet Covid et face au manque de main-d’œuvre auquel ils sont aujourd’hui confrontés, les industriels de la menuiserie modernisent leur outil de production et s’équipent notamment de centres d’usinage automatisés. « Actuellement, nous sommes fortement sollicités pour la mise en œuvre d’ERP et logiciels permettant une meilleure gestion de leur processus industriel. Nous avons mis en place des groupes de travail en ce sens », note Christof Hullaert, CEO de Cover Group.

 

« En France, 12 industriels sont passés à notre solution Chacal l’an dernier : c’est trois fois plus que d’habitude. C’est assez inhabituel. 50 % de nos clients industriels ont opté pour le pilotage de machines et l’intégration de leur système informatique global. Nous sommes là sur des projets lourds qui s’étalent sur deux à trois ans. Certains industriels ont terminé leur bascule. D’autres achèvent tout juste la leur », note Nicolas De Mol, dirigeant de DSI.

 

© Cover - « Nous faisons tout pour rendre les données de Cover les plus accessibles possible au client. Aujourd’hui, nous avons 5 000 licences installées », révèle Christophe Hullaert, CEO de Cover Group. Avec ses logiciels, Cover Group renforce l’aspect commercial des entreprises désireuses de posséder des outils simples, d’utilisation rapide et qui permettent de faire la différence dès la première rencontre avec le client. L’éditeur élabore une version allégée de son logiciel Cover 3D afin d’être encore plus efficace sur le terrain

 

Chez Technal, le logiciel de conception TechDesign permet de générer les commandes et les fiches de fabrication. Tout client qui fabrique va disposer de cet outil mis à jour pour coïncider avec l’évolution technique des produits. « À ce jour, nous avons 900 licences TechDesign installées », informe Grégory Meunier.

 

Pour sa part, Thierry Bailleux, dirigeant de l’éditeur de logiciels Cilpak, s’adresse à tous les acteurs français du verre plat. Environ 80 % de ses clients fabriquent du vitrage isolant, les 20 % restants conçoivent des produits de décoration. Il observe une transformation des effectifs à l’intérieur des entreprises : « avec l’automatisation, il y a de moins en moins de connaisseurs et d’amoureux du verre autour des machines. Nous rencontrons davantage de manutentionnaires qui appuient sur un bouton et moins d’artisans passionnés. La mécanique technique qui dirige tout appauvrit les métiers », tempère-t-il.

 

Mieux maîtriser le chiffrage et les marges

 

Le souci de bonne gestion va au-delà des machines : après les confinements, des records de volumes ont été battus l’an dernier. Certes, le marché continue d’être porteur, mais la montée de l’inflation et du coût des matières premières ont entraîné une certaine nervosité pour la partie mise à jour des bibliothèques de prix. Deux écoles coexistent : soit les industriels mettent à jour par eux-mêmes les données de leur catalogue clients (gestion en propre avec des logiciels ouverts), soit ils les confient à des intégrateurs extérieurs (sous-traitance payante avec des logiciels fermés).

 

Elcia qui fonctionne selon le deuxième modèle a dû particulièrement épauler ses clients en 2020, 2021 et 2022, la hausse de l’inflation ayant impacté les prix et entraîné de nombreux ajustements. « Actuellement, et de plus en plus, les industriels nous demandent de mieux mettre en avant la vente de leurs produits. Nous y travaillons en faisant en sorte de simplifier le chiffrage dans notre configurateur de ventes », relève Nicolas Kretz, directeur commercial du groupe Elcia.

 

Chez Technal, le responsable des logiciels clients, détaille : « notre logiciel Comalu envoie les informations dans le système sans ressaisie manuelle. Le client sait quand il sera livré de ses barres d’aluminium, ce qui lui permet de planifier la fabrication de ses produits ».  Pour sa part, Christof Hullaert, CEO de Cover Group, souligne : « les dirigeants d’entreprise nous demandent de plus en plus d’analyser les données liées aux chutes de production. Il y a 5 ou 6 ans, l’intérêt d’utiliser moins de matière s’éveillait. Aujourd’hui, c’est devenu une obligation ».

 

© HerculePro - L’éditeur nantais HerculePro propose des formations en présentiel, mais interagit aussi avec des sessions à distance pour s’adapter à l’emploi du temps de ses clients et partenaires

 

Les professionnels veulent aussi produire dans le bon ordre et faire en sorte que leurs menuiseries soient prêtes-à-poser pour les facturer en temps et en heure. Le chiffrage constitue un véritable enjeu car l’inflation a impacté les prix. « Nos clients souhaitent un chiffrage juste entre la prise de commande et la livraison pour éviter une distorsion à leur désavantage. Les entreprises ont parfois des difficultés à mener les chantiers dans leur intégralité. Si les fenêtres sont déjà posées, mais que la porte d’entrée n’est pas livrée, le client ne paie pas la facture. Et les délais de livraison pour une porte d’entrée ont atteint 26 à 30 semaines l’an dernier », relève Olivier Bernard, directeur commercial d’HerculePro.

 

Auparavant, pour dégager une marge, un industriel prenait le coût de la matière première et le multipliait par trois. Actuellement, les professionnels s’intéressent beaucoup plus à la finesse des calculs de rentabilité : l’outil informatique aide à déterminer des marges plus raisonnées. « Certains industriels chronomètrent toutes les tâches effectuées en atelier, observent comment gagner du temps. Ils décortiquent également les coûts de livraison. C’est le coût très affiné de toutes les opérations qui détermine le prix de vente final. Le traitement se fait donc à l’envers de ce que l’on observait il y a 10 ans », constate Christof Hullaert.

 

© Cilpak - Pour Cilpak et son dirigeant Thierry Bailleux, passer de l’idée du client au développement d’un  processus congruent rejoint l’importance du service dans le segment du verre occupé par cet éditeur très pointu dans ses réflexions et ses solutions

 

Thierry Bailleux, dirigeant de Cilpak, abonde dans le même sens : « on nous pose de plus en plus de questions sur la gestion, l’analyse des marges, la compréhension fine de la gestion de l’entreprise, la gestion des stocks… On ne nous en parlait pas avant ». Et Olivier Bernard, de pointer pour HerculePro : « nos clients sont également plus sensibles à ce que les mises à jour logicielles se fassent en temps et en heure ».

 

Cilpak développe des services sur mesure qui prennent la forme de packs logiciels adaptés à chaque métier : gestion commerciale, gestion production logistique et gestion comptable. Ils peuvent être enrichis de services (audit, formation…). Les packs incluent des conseils, de l’assistance et de la maintenance, et des services optionnels : migration des données serveur, hébergement extérieur, formation à l’installation, personnalisation des documents commerciaux ou encore audits des systèmes informatiques et de l’organisation de l’atelier…

 

Les revendeurs repartent à la chasse aux clients

 

Pour les revendeurs, les demandes du marché sont très orientées sur la partie vente et accompagnement. Depuis septembre 2022, l’activité des menuisiers est en effet moins soutenue. « L’activité post-covid a été très forte : pendant deux ans et demi, ils ont reçu des appels entrants, quasiment sans prospecter. Aujourd’hui, ils constatent un ralentissement des demandes. Ils ont donc besoin d’être accompagnés pour trouver de nouveaux clients », constate Nicolas Kretz chez Elcia. Et pour renforcer leurs actions commerciales : « les installateurs vont, par exemple, être demandeurs d’outils pour relancer leurs actions en cours. Avec ProDevis, ils bénéficient d’un outil d’envoi de sms et e-mails pour relancer facilement tous leurs devis en cours. Au-delà d’un logiciel de chiffrage, ProDevis est une solution complète pour optimiser sa performance commerciale », relève Nicolas Kretz.

 

Deuxième sujet : l’analyse et la gestion d’entreprise. « ProDevis permet de suivre leur activité : nombre de clients, devis, ARC, suivi des commandes… Les chefs d’entreprise ou les commerciaux ont ainsi une meilleure visibilité sur leur performance commerciale. En un clin d’œil, ils savent où ils sont bons et les points sur lesquels ils doivent accélérer. Et pour aller encore plus loin, le logiciel peut être connecté à Power BI l’outil d’analyse de Microsoft », explique Nicolas Kretz.

 


Logiciels : tour d’horizon des nouveautés et sorties produits

 

Chez DSI

 

Chez Cover

 

Chez AlloTools

 

Chez Wicona

 

Chez Cilpak

 

Chez Techform 

 

Chez HerculePro

 

Chez Elcia


 

Échange des Données Informatisées (EDI) : la fin programmée du papier ?

 

Depuis un an et demi, le sujet phare est l’Échange de Données Informatisées (EDI) : une révolution des usages car il s’agit de remplacer les documents papier, tels que les bons de commande ou les factures par un format électronique standard. Les éditeurs de logiciels sont persuadés qu’en automatisant les transactions papier, les fabricants de menuiseries et leurs revendeurs peuvent gagner du temps et éliminer les erreurs coûteuses liées au traitement manuel. C’est à l’attention de ces deux publics qu’ils conçoivent des solutions omnicanales : « sur la même plateforme que celle du fabricant, un partenaire peut disposer d’un espace dédié. Toutes les modifications touchant aux tarifs et aux éléments techniques (mises à jour) s’effectuent en un seul endroit. Nous proposons également des plateformes de chiffrage capables de récupérer les informations et la configuration du fabricant. Nos configurateurs sont ouverts et peuvent être complétés. Ils génèrent des prix précis et offrent la capacité de transformer le devis en commande. Le flux est cohérent avec le moins de ressaisies possible » se félicite Caténo Barberi chez Techform.

 

« L’EDI est un sujet sur lequel Elcia travaille depuis 2015 », explique Nicolas Kretz, « lorsque notre filiale ISIA et son ERP Menuiserie Diapason (65 personnes localisées à Tarbes) a rejoint notre groupe afin de construire une vraie chaîne numérique entre industriels et revendeurs. Nous avons beaucoup avancé sur l’EDI et y travaillons pour simplifier toujours plus le passage de commande dématérialisée ».

 

L’usine sans papier ralentie par les freins culturels

 

Mais les entreprises ne sont pas toutes logées à la même enseigne côté informatique. Nombreuses sont celles qui ne possèdent pas encore de direction informatique, soit parce qu’elles sont trop petites, soit parce qu’elles n’ont pas la culture correspondante à cette démarche, ou encore parce qu’elles sont engluées dans la gestion au quotidien des tâches opérationnelles.

 

Et puis faire entrer un nouveau logiciel dans l’entreprise entraîne un changement des habitudes : certains freinent encore à cause de cela. « J’ai rencontré des chefs d’entreprise qui font encore fonctionner des systèmes des années 80 et d’autres des logiciels des années 2000 ! », s’étonne le dirigeant de DSI, Nicolas De Mol. Mais beaucoup aspirant à rester compétitif sur le marché et ne pouvant plus faire évoluer leur produits, devenus trop techniques, sont contraints de changer : « ils ressentent même un soulagement. Quand l’entreprise fonctionne mieux, le quotidien professionnel va mieux », poursuit-il.

 

Il existe aussi des patrons qui éprouvent une certaine inertie face aux logiciels. « Certains achètent des centres d’usinage à 1 M€ mais hésitent à consacrer 10 000€ aux logiciels essentiels, un peu comme si l’on renâclait à mettre de l’essence dans une belle cylindrée. L’informatique reste la dernière roue du carrosse, le parent pauvre. Elle n’est pas sexy », caricature Nicolas De Mol.

 

© AlloTools-BatiTrade - AlloTools-BatriTrade a rendu ses logiciels compatibles avec la solution ProDevis. Ses configurateurs et outils de simulation font appel à la réalité augmentée pour des représentations ultraréalistes, au millimètre près, des objets

 

D’autres ne voient que la contrainte de se doter d’un logiciel qu’ils fantasment sans se poser la question de la cohérence de leur Système d’Information (SI) avec leur organisation globale. Souvent, le client exige du logiciel qu’il fonctionne selon sa manière de travailler – beaucoup de papier, peu de papier, un document selon tel esthétique – et si ce n’est pas le cas, il juge le logiciel non intéressant. Ou alors il introduit le logiciel dans son entreprise comme une nécessité, mais sans mesurer les conséquences qui en découleront sur le travail quotidien pour l’ensemble de l’organisation. Certains dirigeants souhaitent une série d’améliorations sans en appréhender la cohérence dans le temps car ils ne posent pas la vision globale d’un Schéma directeur informatique. « L’intégration d’une solution informatique dans l’entreprise est une demande réfléchie qui correspond à un processus long alors qu’on nous demande parfois une solution "presse bouton" comme dans un rapport commercial BtoC », regrette Thierry Bailleux. S’il dispose bien sûr de solutions toutes faites, le dirigeant de Cilpak s’intéresse d’abord à la culture de l’entreprise : « un logiciel n’est pas qu’un bien matériel fonctionnant sur une infrastructure plus ou moins bien définie. C’est surtout un élément incorporel qu’il convient d’intégrer dans une organisation humaine. C’est la partie la plus importante. Hélas, les différents interlocuteurs informatiques d’une entreprise sont rarement mis autour d’une table pour en discuter. Alors, lorsque je rencontre un client qui s’intéresse à la gestion du changement auprès de ses collaborateurs, qu’il les implique en prenant en compte leurs peurs ou leurs craintes et qu’il les met tous autour d’une table dans un esprit de coopération, c’est l’idéal pour un éditeur intégrateur ! Le dialogue est clé pour appréhender le projet dans une vision globale. Nous sommes là pour aider l’entreprise, mais elle doit faire sa part de travail pour assurer la cohérence de son organisation. C’est la clé de la réussite ! », insiste Thierry Bailleux.

 

Le mode SaaS (Software as a Service) permet aujourd’hui à une entreprise de ne plus installer d’applications sur ses propres serveurs, mais de s’abonner à des logiciels en ligne et de payer un prix variant en fonction de leurs utilisations effectives. Et c’est précisément ce mode que l’éditeur HerculePro a choisi de coupler à sa solution Link qui peut mettre en connexion des solutions de comptabilité, de réputation en ligne, d’assistanat de chiffrage et de chiffrage. « Nous équipons tous nos nouveaux clients de la version Link en mode SaaS, mais la conversion des anciens clients est un peu plus compliquée : ils ont leurs habitudes et apprécient de rester dans leur zone de confort. Certains craignent de ne plus détenir les informations chez eux, d’autres s’inquiètent que leurs fabricants puissent voir leur marge : dès que l’on touche à l’argent et aux fondamentaux de l’entreprise, des réticences apparaissent. Mais il nous appartient de faire évoluer les mentalités : les jeunes générations ont bien compris l’intérêt d’avoir un seul outil », renseigne Olivier Bernard.

 

L’Échange de données informatisées (EDI) se heurte notamment à la crainte de changer ses habitudes. « 25 % de nos partenaires industriels ont déjà franchi le cap. Il nous reste donc une belle marge de progression ! Nous continuons à les sensibiliser sur les bénéfices de l’EDI : moins de ressaisie manuelle pour l’ADV, diminution du risque d’erreurs, moins de papier et un gain de temps considérable à consacrer par exemple à l’accompagnement de leurs clients installateurs », signale Nicolas Kretz. Pour y parvenir, le groupe Elcia s’appuie sur un Service Clients totalement dédié aux industriels. « Les 10 personnes qui le composent répondent à leurs questions techniques, forment leurs équipes commerciales et leurs clients. Ils sont là pour faire du déploiement de l’EDI, un succès ! », précise Nicolas Kretz.

 


A+W SmartFactory : coordonner les process de transformation du verre automatisés

 

© A+W

 

Ce nouveau système et logiciel de production évolutif destiné au monde du verre et proposé par l’éditeur allemand A+W de notoriété internationale, vient commander en full automatique le flux des process, mettant en réseau optimal hommes, machines, logiciels et produits. « Les productions complexes et hautement automatisées imposent aux logiciels des exigences toujours plus élevées et appellent la création d’environnements de production autogérés », soulève le porte-parole d’A+W. « A+W SmartFactory, en tant que système de production principal, est basé sur le principe "pul", particulièrement adapté aux traitements très complexes du verre plat, et coordonne en temps réel l’ensemble des lignes en s’adaptant aux lots prioritaires à réaliser et à livrer ». Détenteur d’un brevet A+W développé à l’origine pour un système de tri automatique, ici, ce principe a donc été élargi pour travailler dans des environnements de production complexes, composés de plusieurs trieuses et unités de production, avec pour résultat, une quantité minimale de WIP (Work-In-Progress) et une gestion de la planification beaucoup plus précise et performante. « La plateforme de données A+W IoT Smart Trace permet de rassembler toutes les données fournies par les machines, de les enrichir et de les analyser dans un tableau de bord clair et intuitif. Le concept modulaire d’A+W SmartFactory minimise ainsi les risques lors d’un changement de système et s’adapte totalement à l’évolution et aux priorités du transformateur du verre », pointe le porte-parole d’A+W. Et de résumer : « les entreprises moins automatisées peuvent également bénéficier de ce développement. A+W SmartFactory aide ainsi les petites entreprises à se développer, tout en faisant progresser l’automatisation auprès des plus grands miroitiers ».

— Anne Boulay


 

Des solutions pour composer avec la REP et la RE 2020

 

Sous-tendue par la réglementation, l’activité des menuisiers et des verriers est directement impactée par la Responsabilité Elargie du Producteur (REP) et les mesures associées aux enjeux environnementaux de la RE 2020. Le 1er mai 2023, la perception de l’écocontribution – une somme forfaitaire de 50 centimes d’euro à acquitter par châssis – entrera en vigueur. Cela accroît-il l’activité des éditeurs de logiciels ?

 

Selon Grégory Meunier, responsable des logiciels clients chez Technal, cela ne change pas grand chose : « Technal dispose déjà d’un outil effectif pour calculer la partie thermique et le confort solaire des fenêtres. C’est plutôt sur l’accompagnement que nos clients nous sollicitent afin de clarifier ce qu’ils vont devoir fournir à l’administration. Ce sont des gens de terrain : les aspects juridiques ne sont clairement pas leur tasse de thé… S’agissant de l’écocontribution, ils ne s’y intéressent pas pour le moment : ils sont concentrés sur leur cœur de métier. Ils y viendront une fois au pied du mur, à partir du 1er mai prochain ».

 

Cover Group observe une double demande : la première touche au calcul du coefficient thermique des vérandas. La seconde est liée à l’écocontribution. « Nos logiciels sont déjà prêts à répondre à ces deux sujets », rassure Christof Hullaert, CEO de Cover Group.

 

Chez Techform, les demandes clients concernent l’écocontribution et la gestion des flux de déchets. L’éditeur récupère les besoins clients afin de chiffrer les projets tout en menant une réflexion à leurs côtés. « Les règles appliquées à l’écocontribution peuvent encore changer, mais nous disposons d’une première version logicielle pour combler le premier besoin. Nous sommes face à deux écoles : les entreprises qui anticipent et celles qui attendent l’obligation à laquelle elles ne pourront pas échapper. Nous définissons une variable pour chaque client », explique Caténo Barberi, directeur produits.

 

© DSI - Chacal Next fait l’objet de nombreuses mises à jour chez DSI. Des évolutions en mode Web sont prévues pour les deux prochaines années

 

Depuis octobre 2022, Elcia a énormément travaillé sur la REP des PMCB afin d’intégrer l’écocontribution des produits dans ses solutions de chiffrage, dont son logiciel ProDevis. « Ces sujets nous tiennent à cœur. Elcia défend des valeurs fortes et est engagée dans une démarche RSE ambitieuse, notamment autour de la protection de l’environnement. Cet engagement fait partie de notre raison d’être et sera au cœur de nos solutions et services de demain », défend Nicolas Kretz.

 

Le sujet de l’écocontribution est venu se greffer aux préoccupations de DSI en décembre dernier.  « Depuis janvier 2023, nos solutions disponibles en tiennent compte », affirme Nicolas De Mol.

 

Wicona s’intéresse de très près aux points fondamentaux que comporte la RE 2020 pour réduire drastiquement l’empreinte carbone d’un bâtiment. La filiale d’Hydro a ainsi imaginé des solutions logicielles pour bien mesurer le facteur solaire des baies vitrées qui doivent désormais constituer un sixième de la surface du bâtiment. « Il convient de laisser entrer la chaleur procurée par le soleil l’hiver, mais de s’en préserver l’été », résume Lucilia Kouamé. La RE 2020 s’intéresse particulièrement à l’empreinte carbone des solutions déployées lors de la construction du bâtiment. Il s’agit de prendre en compte les émissions de CO2 tout au long de la vie du bâtiment (30 ans pour les fenêtres, 50 ans pour les façades), en incluant les impacts liés à l’extraction des produits de construction. Cela oblige les industriels de la menuiserie extérieure à établir les déclarations environnementales des produits. « Notre logiciel Wictop les y aide en calculant par exemple les tonnes de CO2 émises par les structures en aluminium. Il permet de chiffrer un chantier et de réaliser des fiches environnementales EPD concernant les produits utilisés dans une construction », souligne Lucilia Kouamé.

 

Le groupe Hydro dispose d’un département qui travaille sur les paramètrages de ses logiciels, les bases de données étant revues par IBU, l’organisme allemand de vérification.Elles permettent à Wicona d’établir des fiches produits EPD conformes à la norme européenne 15804, norme qui sert également à établir les fiches produits FDES qu’exige la législation française. Ces fiches mentionnent notamment les résultats d’impacts environnementaux et les ressources utilisées pour fabriquer le produit. « La mise en page des fiches FDES, qui tiennent compte de l’unité fonctionnelle des produits, est réalisée grâce à notre logiciel Wictip », indique Lucilia Kouamé.

 

On le mesure : les industriels de la menuiserie et les transformateurs verriers ont éminemment besoin des éditeurs de logiciels pour les aider à trouver la feuille de calcul la plus juste face à des enjeux de plus en plus complexes.

 

 

 

Photo d'ouverture © AlloTools-BatiTrade - L’éditeur luxembourgeois AlloTools fait du service client son ADN, avec notamment sa marque d’avant-garde BatiTrade qui reste liée au marché français et concentre l’essentiel de son chiffre d’affaires
Source : verre-menuiserie.com

↑ Allez en Haut ↑