Pour la première fois, tous les syndicats, associations et ONG se sont réunis pour un message commun à l?attention du Premier ministre, Jean Castex, face à la précarité énergétique.
Toute la filière de la rénovation énergétique souhaite partager cette lettre ouverte adressée au Premier ministre (ci-dessous). Les cabinets du MTE, du Logement et de Bercy sont également destinataires.
Réunissant un collectif de signataires issus de la filière de la rénovation énergétique et de la lutte contre la précarité énergétique, cette lettre ouverte vise à alerter sur les conséquences, pour les plus modestes d’entre nous, de l’affaissement en cours visible en matière de financement CEE.
Face à l’envolée des prix de l’énergie, ces ménages ont plus que jamais besoin de réaliser des travaux de rénovation énergétique. Pourtant, les conditions du marché ne sont plus réunies et entraînent un désagrégement des filières de l’isolation et du chauffage depuis l’été dernier. Cette chute, visible sur le terrain, commence à se répercuter très nettement sur les statistiques publiées par les services de l’Etat.
Aussi, l’ensemble de la filière de la rénovation énergétique souligne un rehaussement de l’obligation précarité prévue pour la 5ème période des CEE d’un volume additionnel de 500 TWhc précarité. Les acteurs de la filière ont besoin d’un signal politique fort pour retrouver la confiance et se mettre en capacité de répondre à une demande croissante de nos concitoyens.
Lettre ouverte au Premier ministre, Jean Castex
Paris, le 30 mars 2022
Rénovation : ne laissons pas les plus modestes payer le prix de la crise énergétique !
Lettre ouverte à monsieur le Premier ministre, Jean Castex
Monsieur le Premier ministre,
La situation actuelle, conjuguée à l’urgence du réchauffement climatique et aux objectifs extrêmement ambitieux envisagés dans la future Stratégie française sur l’énergie et le climat, témoignent de l’urgence à massifier les travaux de rénovation énergétique.
Or, à rebours de ces objectifs et des ambitions récemment affichées par le président de la République, la rénovation énergétique connaît une forte décrue sur le terrain depuis quelques mois. Les travaux engagés grâce au dispositif des Certificats d’Economies d’Energie (CEE) au titre des « Coup de pouce » isolation et chauffage ont connu un coup d’arrêt en juillet 2021, continu depuis. Les artisans ne sont aujourd’hui plus en mesure d’apporter des solutions abordables, en particulier aux plus modestes.
Les travaux d’isolation des combles et des planchers en rénovation accusent une chute de 75 % sur les trois derniers mois par rapport à l’année précédente. Nous anticipons une baisse similaire des travaux d’isolation des murs d’ici quelques semaines du fait de la division par deux de leur valorisation CEE à partir du 1er mai. La révision des modalités de calcul du « Coup de pouce » chauffage au 1er avril prochain marquera le troisième coup d’arrêt d’une filière déjà à la peine. Cette situation fait craindre un retard dommageable quant à nos objectifs écologiques, de lutte contre la précarité énergétique mais aussi de relance économique.
Les récentes annonces concernant le rehaussement de MaPrimeRénov’ sont un premier geste mais ne peuvent suffire à relever le défi qui nous attend. Les CEE restent le principal levier de financement de la rénovation énergétique, et l’ensemble des métiers de la filière veulent contribuer à l’effort collectif.
Afin d’offrir une solution durable aux plus modestes de nos concitoyens, nous vous proposons de rehausser le volume d’obligation de la 5ème période des CEE d’un volume additionnel de 500 TWhc précarité afin de porter le volume total de la P5 à 3000 TWhc, concentrant ainsi ce nouvel effort sur ceux en ayant le plus besoin. Cet ajustement technique aurait pour unique objectif de résorber le stock accumulé depuis l’annonce de l’obligation de la 5ème période.
Cette mesure, pragmatique et pouvant être rapidement actée, serait un signal fort envoyé aux consommateurs d’énergie qui craignent pour leur facture. Elle donnera également un cap clair aux professionnels qui cherchent à faire de la France une championne de l’efficacité énergétique et leur permettrait d’éviter un nouveau « stop and go ». Il est en effet nécessaire d’assurer la stabilité du dispositif des CEE dont les modifications trop fréquentes ne créent pas les conditions nécessaires à un développement pérenne de la filière de la rénovation énergétique.
Elle préparerait enfin la voie à une ambition rehaussée en matière d’économies d’énergie, tel que le prévoient les négociations européennes sur le « fit for 55 », négociations qui conduiront inévitablement à revoir à la hausse le rythme de rénovations.
Comptant sur votre plein soutien,
Les cosignataires :
- Olivier SALLERON, Président, Fédération Française du Bâtiment (FFB)
- Hervé DESCREUX, Président, Syndicat National de l’Isolation (SNI)
- Danyel DUBREUIL, Coordinateur d’Initiative Rénovons !
- Jean-Baptiste LEBRUN, Directeur, Réseau pour la transition énergétique (CLER)
- Bruno LACROIX, Président, Collectif Isolons la Terre Contre le CO2 (CILT)
- Edouard BARTHES, Président, SYndicat Multi Branches des Industries et des Opérateurs de la Transition Energétique (Symbiote)
- Maxime JACQUIER, Président, Groupement des Professionnels des Certificats d’Economies d’Energie (GPCEE)
- Pierre-Emmanuel THIARD, syndicat national des Fabricants d'Isolants en Laines Minérales Manufacturées (FILMM)
- Charles KIRIE, Président, European Cellulose Insulation Manufacturers Association (ECIMA)
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Source : verre-menuiserie.com