Roger Fauroux, ancien PDG du groupe Saint-Gobain et ministre de l?industrie sous François Mitterrand, est décédé le 16 juillet à l?âge de 94 ans, ont annoncé samedi l?un de ses fils ainsi que le groupe Saint-Gobain.
Il avait été nommé ministre de l’industrie et de l’aménagement du territoire dans les deux gouvernements Rocard, de 1988 à 1991 et fait grand officier de la Légion d’honneur par le président François Hollande le 18 septembre 2012 à l’Elysée, Roger Fauroux, grand capitaine d’industrie de la France des Trente Glorieuses, était un humaniste au riche curriculum vitae. « Ce n’était pas seulement un homme tourné vers les affaires, mais aussi un amoureux des lettres », a souligné son fils, Nicolas Fauroux. Expert de grandes causes sociétales comme l’éducation, l’intégration ou le logement, il a œuvré inlassablement à la recherche de consensus. Une vocation, disait-il, liée autant à sa passion pour « le service de l’intérêt général » qu’à une incurable « curiosité » héritée de l’enfance.
Né le 21 novembre 1926 à Montpellier (Hérault), normalien, licencié en théologie, agrégé d’allemand (reçu premier) et énarque, Roger Fauroux avait rejoint au début des années 1960 l’un des fleurons de l’industrie française, l’usine métallurgique de Pont-à-Mousson.
Il en gravit tous les échelons, jusqu’à prendre en 1980 la présidence du groupe devenu Saint-Gobain (production, distribution de matériaux). Il conservera son poste après la nationalisation de l’entreprise, en 1982, par le gouvernement socialiste, et en sera, bien plus tard, président d’honneur.
En 1986, Roger Fauroux était devenu le premier industriel à diriger l’Ecole nationale d’administration, dont il aura travaillé à réformer le statut. Puis, après avoir présidé les éditions du Cerf, il fut nommé ministre de l’industrie et de l’aménagement du territoire dans les deux gouvernements Rocard (1988-1991). De 1997 à 2001, succédant à Simone Veil, Roger Fauroux avait présidé le Haut Conseil de l’intégration, l’instance fondée par Michel Rocard en 1990 après les premières affaires de voile porté à l’école.
Roger Fauroux consacra ensuite son temps à ses mandats d’administrateur de société ainsi qu’à la rédaction de différents rapports, notamment sur l’école et la lutte contre les discriminations ethniques dans le domaine de l’emploi. En 1999, il s’était vu confier une mission interministérielle sur les Balkans.
Cofondateur de la Fondation Saint-Simon
Passionné de langues étrangères, il avait présidé pendant plusieurs années l’Institut catholique, et fut un des cofondateurs, avec François Furet entre autres, de la Fondation Saint-Simon. Ce club de réflexion (1982-1999) qui regroupait universitaires et dirigeants d’entreprises fut pendant ses années d’existence une référence au sein des mondes politique et intellectuel.
« Comme Saint-Simon, je crois au progrès, à l’action humaine et à la raison, à l’éducation et à la morale, à l’esprit d’entreprise et à l’Etat. Je crois au marché, mais pas à ses miracles. Bref, je crois à l’industrie des hommes », déclarait ainsi Roger Fauroux au Monde en 1990.
En 2001, il avait publié Notre Etat, avec Bernard Spitz, un essai sur la réforme de l’Etat français, et qui avait remporté un grand succès. Roger Fauroux avait récidivé en 2004 avec Etat d’urgence, toujours avec Bernard Spitz. Sous leur houlette, plusieurs experts portaient alors un diagnostic sur l’Etat en France et proposaient un ensemble de réformes.
En 1981, ce père de six enfants était revenu sur les terres familiales en achetant une ferme dans l’Ariège, près de Saint-Girons, commune dont il aura été le maire divers gauche de 1989 à 1995.
Roger Fauroux, élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur en 2016, s’était retiré des affaires publiques depuis plusieurs années déjà. Son épouse, Marie, historienne, morte en avril, était la sœur du grand historien Emmanuel Le Roy Ladurie.
© Saint-Gobain
Source : Le Monde avec AFP