Depuis quelques années, les industriels du verre et de la menuiserie s?intéressent aux flux logistiques et rationalisent leur production
Durant des dizaines d’années, les industriels du verre approvisionnaient leurs vitrages, de la partie stock à la partie découpe, grâce à des palonniers à ventouses ou à des balancelles qui plaçaient le verre sur des pupitres, de façon plus ou moins artisanale. C’est alors que des fabricants ont souhaité automatiser ces processus. Pionnière dans ce domaine, la société allemande Hegla est aujourd’hui le leader en France du stockage et du dépilage automatique du verre.
D’autres fabricants lui ont emboîté le pas, à l’image de Leadec, Macotec, Bottero ou Movetro… tous étant de grands acteurs en termes de conception de ponts de sélection pour le verre, ce type d’activité nécessitant une ingénierie, des structures industrielles solides et des capacités à installer des machines chez les clients, puis à assurer leur maintenance. Chacun a donc imaginé ses solutions afin d’automatiser et de rationaliser les encombrements entre le stock et la découpe des verriers. À l’origine, ces installations étaient "réservées" aux grands acteurs de l’industrie, à l’image des "Business Units" de Saint- Gobain ou des gros faiseurs comme Soveriso, Caloriver... Au fil du temps, les prix des machines ayant diminué, l’automatisation s’est démocratisée au profit de miroiteries plus modestes pouvant désormais investir. Aujourd’hui, s’équiper d’un pont aérien coûte de l’ordre de 180 000€, en fonction de la portée et des options de l’équipement. Mais à ce pont seul, il faut lui adjoindre des classeurs de verre et des tables de découpe, le tout étant connecté à un pilotage centralisé capable d’interpréter les ordres envoyés aux machines. On parle aujourd’hui de "solutions intégrées".
Solutions sur mesure
© Bottero
Dernièrement, la représentation française du groupe italienBottero a pourvu la miroiterie Deschanet SA, implantée au sud de Metz (57) de 100 classeurs, répartis en deux rangées. « Ces classeurs, reliés entre eux pour s’ouvrir en même temps, ont été conçus par notre partenaire transalpin Mistrello. Il nous a apporté son savoirfaire sur la partie mécanique des classeurs, ainsi que toutes les informations informatiques nécessaires. Bottero a ensuite intégré tous ces paramètres dans son système d’information afin que les classeurs puissent communiquer avec le pont roulant développé par nos soins. Bottero s’est également occupé des tables de coupe », illustre Éric Mercier, responsable commercial chez Bottero France.
Éric Mercier identifie la force de Bottero dans sa capacité à trouver des solutions à tous les cahiers des charges : « nous sommes très souples sur le plan de l’adaptabilité aux demandes des clients. Le dernier très gros projet que nous avons gagné nous opposait à un fabricant autrichien qui ne voulait pas aller au-delà d’une certaine limite pour répondre au souhait du client. Nous s o m mes allés jusqu’au bout en jouant la carte de l’adaptable et du sur mesure : nous l’avons ainsi emporté ».
Dalmec a sorti un nouveau manipulateur – Maxipartner – au cours du premier trimestre 2020. Celui-ci est capable de saisir jusqu’ à 1,5 T en bout de crochet. « Auparavant, notre gamme s’arrêtait à 900 kg : nous étendons les possibilités de nos appareils. Nous en avons vendu une dizaine depuis la commercialisation de ce produit sur le marché français, ce qui correspond à nos attentes, sachant que le temps de décision moyen sur un équipement est de l’ordre de six mois », a spécifié la directrice commerciale de Dalmec France, Paola Tullio © Dalmec
Tout dernièrement, Éric Mercier a rendu visite à un client dans le Sud de la France. « Celui-ci souhaite une performance de découpe en verre feuilleté qui n’est pas dans les standards. Je fais travailler mon bureau d’études pour qu’il me dessine sur mesure une solution qui correspond aux besoins du client en termes de cadences, de place dans l’usine et de budget », explique-t-il.
La tendance économique de fond facilite l’accès à des sources de financement pour les donneurs d’ordres : les taux bancaires sont bas et de plus en plus de subventions viennent soutenir le développement des entreprises. Ainsi, de petites entreprises qui, auparavant, ne pouvaient supporter ces investissements peuvent aujourd’hui y prétendre : « elles s’orientent de plus en plus vers l’automatisation.
On le voit clairement dans le domaine des tables de découpe qui comportent de plus en plus d’automatismes : cela permet d’améliorer l’ergonomie des postes de travail, de lutter contre la pénibilité des tâches et d’améliorer le rendement et la productivité. Les prix du marché sont serrés et il faut être performant. Depuis trois ans, on nous le demande de plus en plus », note Éric Mercier.
MZR s’est fixée pour ambition de rendre l’ergonomie accessible au plus grand nombre d’entreprises, lesquelles font une demande accrue d’engins de levage pour augmenter les gains de production et surtout éviter les accidents de travail consécutifs aux ports de charges © MZR
Directrice commerciale de Dalmec France, Paola Tullio constate pour sa part, que de plus en plus d'entreprises vont chercher des alternatives à la manutention manuelle : « c’est une véritable tendance car c’est une préoccupation première dans l’entreprise de préserver la santé des opérateurs en supprimant le port des charges avec des solutions et des outils permettant d’assurer une sécurité totale sur les postes de travail ». Chez Dalmec, chaque manipulateur est développé aux mesures d’un poste de travail donné. « En effet, nous tenons compte des caractéristiques des produits, des contraintes de l’environnement de travail, de la gamme opératoire et des exigences du poste en termes d’ergonomie de manière à apporter le confort dans les gestes attendus par l’opérateur », détaille Paola Tullio. Dalmec a mis au point et commercialise le manipulateur de vitres Maxipartner pour répondre à l’exigence d’un client, qui « souhaitait assurer la manipulation de tous les formats traités par sa cellule robotisée d’encollage et d’assemblage au moyen d’un seul et même palonnier. Il voulait en effet éviter à la fois des opérations de montage et de démontage, mais aussi de stockage des palonniers. Le système de réglage par vérin pneumatique que nous avons proposé permet un mouvement en "croix" et "autocentré" des ventouses, ce qui a permis d’atteindre l’objectif », révèle la directrice commerciale de Dalmec France.
TBMB (Tables Basculantes Monte et Baisse) développées par MZR © MZR
Ergonomie et productivité, même levier
Fondateur de la société vendéenne MZR qui s’est donné pour but de rendre l’ergonomie accessible aux entreprises, Frédéric Mazoyer et son équipe font face à une demande de plus en plus soutenue de tables d’emballage. « Les opérateurs ont besoin d’enrubanner les montants des fenêtres, produits délicats à manipuler car lourds et encombrants, mais fragiles. Ce genre de projet est l’objet d’une demande récurrente, marquée et urgente depuis six mois », note-t-il. Est-ce lié à la pandémie ? Frédéric Mazoyer ne le pense pas : « nous sommes plutôt face à une demande pour obtenir des gains de production et surtout éviter les accidents de travail consécutifs aux ports de charges. Les industriels améliorent les postes "parents pauvres" accidentogènes mais qui se révèlent également essentiels pour préserver le produit fini en phase d’emballage. Il faut donc prendre à la fois soin des opérateurs et des produits ». En réponse à la demande du fabricant de portails DC Production/Océane de serrurerie, MZR a mis au point un module d’usine complet avec 15 postes de travail et des chemins de roulement.
Capable d’effectuer une rotation à 360° et de s’incliner à 90°, Le Liftmaster B1 de Bohle emporte une charge maximale de 180 kg. Conçu pour passer par les portes de maison et circuler dans des pièces étroites tout en restant stable, l’équipement inclut également le palonnier BO B18DM4 © Bohle
« Nous sommes clairement dans l’univers de la transitique », souligne Frédéric Mazoyer. Le portail arrive dans l’atelier en morceaux. Il est monté et assemblé sur des tables Monte et Baisse fabriquées par MZR.
« À partir du moment où il est assemblé, et jusqu’à son emballage, le portail passe devant des opérateurs qui n’ont aucune charge à porter, sans non plus de transfert à réaliser dans des chariots. C’est un gros sujet que nous avons traité et livré en décembre dernier. Nous estimons que le passage en ligne et la suppression des manipulations permettent un gain de temps d’environ 15 % pour notre client : le produit ne revient jamais en arrière et il n’y a plus de ports de charges jusqu’à l’entrée du portail dans le camion d’expédition ». Dans cette même optique, MZR avait aménagé plus d’une vingtaine de postes de travail chez SIB ; cet acteur majeur français du portail avait aussi constaté un gain de productivité et un retour favorable sur les accidents de travail. « La posture des opérateurs se trouve également améliorée. Le fait d’être à hauteur gomme la différence de taille des personnes, ce qui élude une grosse problématique. La suppression des ports de charge permet ainsi aux femmes d’être davantage présentes dans les ateliers et d’occuper des postes jusque-là réservés aux hommes », se réjouit Frédéric Mazoyer, fervent défenseur de la féminisation dans les ateliers.
Le BD 400 de Kem.Tech est un lève-vitre électrique portable universel. Pesant 100 kg pour une capacité de charge de 250 kg, deux utilisations sont possibles : avec les pieds devant les mâts ou bien avec les pieds derrière les mâts pour le travail en façade © Kem Tech
Pour Jean-Marc Auger, directeur commercial France de Bohle, « la tendance qu’ont les architectes à privilégier des vitrages de plus en plus grands et la production croissante des triple vitrages placent les fabricants, les monteurs et les installateurs devant de nouveaux défis. Ces éléments devenus tellement lourds sont difficilement transportables à la main, tant à l’atelier que sur un chantier ». Une réalité à laquelle sont également confrontés Arnaud Schaff, directeur de la société IBH et Dominique Bossu, gérant de Kem.Tech. Pour aider à la manutention et au montage, chacun a ses solutions. Ainsi, Bohle a développé le Liftmaster B1 qui permet à une seule personne de déplacer facilement du verre et des fenêtres jusqu’à 180 kg. Ce produit, conçu à la fois pour faciliter le transport en atelier et les travaux sur chantier, embarque un nouveau palonnier manuel qui n’a pas besoin de pompe électrique. « Ceci le rend opérationnel à tout instant et en tout lieu, idéal pour tous les travaux sur les chantiers. Le palonnier manuel se caractérise par sa construction très compacte et son poids faible. Il est doté d’un double système de vide avec quatre ventouses et d’un affichage de sécurité du vide. Ainsi, une perte de vide est rapidement détectée », détaille Jean-Marc Auger.
Le train de roues avant du GRM 250 est extensible pour renforcer la stabilité lors du transport des vitrages et de leur pose. La machine est aussi munie de contre –poids, amovibles, en fonction de la charge à lever – Kem-Tech © Kem Tech
Ventouses, une nouvelle génération signée BohleLes ventouses sont devenues indispensables pour le transport et l‘alignement de grandes plaques de matériaux étanches aux gaz. Bohle vient de développer une nouvelle génération de ventouses en plastique Veribor® qui affichent de nouvelles couleurs : gris clair pour le corps de l’appareil et bleu éclatant pour les éléments mobiles. Les fonctions de la ventouse sont ainsi plus visibles. Bohle crée ainsi un design uniforme pour toute la famille de produits Veribor® qui revendique un aspect moderne et de haute qualité avec une ergonomie et une durabilité parfaites. |
Porteur de la marque K.Schulten, IBH a imaginé le KS ETH 800, un dispositif de transport d’éléments lourds. Équipé d’un revêtement caoutchouc antidérapant, il est lui aussi capable de transporter des menuiseries dans l’usine et sur le chantier. Doté d’un châssis réalisé en aluminium léger, le KS ETH 800 est conçu pour des charges allant jusqu’à 800 kg. « Il se démonte rapidement car ses supports latéraux – reliés entre eux par trois barres –sont fixés à l’aide de serre-joints : pas besoin d’outils supplémentaires. Il se transporte dans un utilitaire et même dans le coffre d’un combi. Il est équipé en standard de pneus ballons, ce qui le rend particulièrement efficace sur les terrains accidentés », précise Arnaud Schaff, directeur de IBH.
© IBH
Et pour rendre plus aisé le travail des poseurs de vitrages dans les étages supérieurs, IBH-Schulten a également mis au point le KS Rob 180, un appareil essentiellement conçu pour la rénovation de fenêtres. « Le défi majeur a consisté à utiliser le moins de pièces possible en veillant à ce que tous les composants soient légers et équipés de connecteurs rapides, facilitant le montage et le démontage aisé du dispositif », indique Arnaud Schaff. Le système d’aspiration VacuFlex, nouvellement conçu par KS , garantit une plus grande flexibilité lorsqu’il faut faire face aux différentes configurations du chantier. Le réglage variable des ventouses permet de saisir de petits ou de grands éléments de fenêtre, qu’ils soient de plein-cintres ou à petit-bois, à petits ou à grands carreaux...
Le KS Rob 180 est pourvu de trois moteurs pour un plus grand confort d’utilisation : télescopage électrique, levage et abaissement électriques, inclinaison électrique des fenêtres. La machine est équipée d’une télécommande filaire pour une plus grande liberté de mouvement © Kem.Tech
Spécialiste des élévateurs "spécial verre", Kem.Tech, marque du groupe KSF Europe, s’est également montrée soucieuse de la bonne santé des opérateurs et des poseurs. Elle a ainsi élaboré le GRM 250 (en référence à sa capacité d’emport de 250 kg) qui est à la fois un manipulateur, un transporteur, un élévateur et un robot de vitrage compact pour la mise en place de fenêtres et vitrage lourds. « Il est démontable pour un transport aisé sur chantier », pointe Dominique Bossu, gérant de Kem.Tech. Avec ses quatre roues gonflables tout terrain et son train avant extensible, le GRM 250 s’adapte aux sols inégaux. Et grâce à une articulation spécifique de son bras coulissant, il peut saisir la charge directement au niveau du sol. Il dispose d’un palonnier rotatif à 360° et de ventouses de sécurité à pompe de 100 kg. Muni d’un treuil et d’un volant pour le levage, le GRM 250 peut aussi transporter la charge latéralement.
Parmi les autres innovations signées Kem.Tech, figure le lève-vitre électrique portable universel BD 400. Sa spécialité ? La mise en hauteur, jusqu’à 4,1 m, de charges lourdes. « Grâce à sa construction unique, le BD 400 pratique le levage de charge au plus près possible d’un mur. Son très faible encombrement et son poids le rendent aisément transportable », assure Dominique Bossu.
Pour sa part, Palvac, distributeur de matériel – dont le client type est menuisier poseur – concurrence les concepteurs de machines sur mesure. « Dans le cas du sur mesure, nous écoutons nous aussi le besoin spécifique du client que nous faisons correspondre à un produit standard, déjà disponible sur le marché. Notre point fort est de pouvoir présenter une gamme très étendue. Par exemple, celle de nos palonniers verre renferme des modèles dont l’emport va de 200 à 3 200 kg. De ce fait, nous sommes capables de répondre beaucoup plus rapidement à une demande. Lorsque la vente est réalisée, nous remettons la fiche technique et les plans du produit au client », explique Jonathan Guérin, directeur général de Palvac.
© Palvac
Les palonniers à ventouses représentent environ 30 % du CA, au coude à coude avec les tables élévatrices. « Ce que nous vendons le plus, pour le chantier, c’est le palonnier autonome qui fonctionne sur batterie. Nous disposons d’une belle gamme, bien construite, pensée en termes de dimensions, de modularité et de répartition des masses. L’approche est différente de celle d’un outil d’atelier converti pour le chantier qui peut parfois être plus lourd et pourvu de grosses batteries moins pratiques », spécifie Jonathan Guérin. De mars 2019 à fin février 2020, Palvac, qui a fait progresser son CA de 23 % versus 2018, et malgré une croissance ralentie en 2020 dans le contexte sanitaire, l’entrepreneur compte un nouveau technicien d’ici à 6 mois, « car nous allons intégrer de nouveaux locaux à Avrillé (49) en juin 2021, avec une parcelle de 3 000 m² et un bâtiment de 650 m². Nous allons ainsi disposer de l’espace nécessaire pour créer un showroom et stocker davantage de matériel en stock permettant de rendre un équipement immédiatement disponible et d’accélérer l’achat », se félicite Jonathan Guérin.
Disposant de certaines exclusivités avec des fabricants, notamment italiens, sur des produits à ventouses, Palvac est toujours en quête de produits innovants à l’international. L’entreprise vient ainsi de commercialiser une ventouse électroportative nommée Grabo. Ce produit américain, mais néanmoins fabriqué en Asie, a fait l’objet d’un dépôt de brevet. Équipé d’un joint mousse et d’une pompe à vide qui tourne en continu, l’outil permet de saisir des surfaces planes ou striées. Palvac va également commercialiser un manipulateur mobile de vitrages de faible charge avec une capacité tout terrain. « Nous allons nous mesurer avec l’un de nos principaux concurrents. Nous réfléchissons à de nouveaux produits, actuellement en cours de développement. L’un d’eux va arriver cette année 2021. Un autre a été mis à l’étude avec un partenaire italien et le prototype a été assemblé en décembre 2020. L’objectif est de toujours améliorer l’existant sur le marché, en privilégiant la qualité de fabrication », s’enthousiasme le jeune directeur.
Trois questions à… Xavier Le Lay, responsable du département Manutention chez GK Techniques
La mini-grue C6 de GK Techniques est alimentée par une batterie lithium-ion : elle ne génère ni gaz d’échappement, ni pollution sonore, ce qui améliore les conditions de travail des opérateurs © GK Techniques
« Comment le marché se présente-t-il aujourd’hui, selon vous ? »
Le marché demeure porteur, malgré la crise sanitaire actuelle. La demande reste forte, mais il est nécessaire de disposer du matériel disponible pratiquement immédiatement, afin de pouvoir le livrer dans les meilleurs délais. En effet, nos clients ont une visibilité à court terme et il est difficile de les faire patienter un an pour répondre à leur demande, à cause de délais de fabrication qui se sont allongés.
« Quelles sont les tendances du moment ? Qu’attendent vos clients ? »
Le multi-élévateur forte charge de GK Techniques emporte des vitrages de grandes dimensions avec une sécurité accrue © GK Techniques
Les entreprises aspirent à soulager leurs salariés de la manutention des vitrages qui sont de plus en plus lourds, et ainsi limiter les risques lors de la pose de ces ensembles. Les mini-grues et les robots de pose répondent très bien à ces demandes. Ces matériels bénéficient de très fortes capacités de charge, tout en restant compacts. Par exemple, les mini-grues Hoeflon peuvent monter une charge jusqu’à 21 m tout en bénéficiant de chenilles rétractables pour passer à 75 cm de largeur, et ainsi pouvoir accéder aux chantiers en intérieur par de simples portes. Tous équipés d’une motorisation électrique, ces engins ne génèrent ni gaz d’échappement, ni pollution sonore. Les opérateurs bénéficient donc d’un confort de travail indiscutable, tant en intérieur qu’en extérieur.
« Quelles sont les nouveautés ou améliorations produits de GK Techniques pour 2021 ? »
GK Techniques se démarque en proposant toujours plus de matériel dédié à l’aide à la pose des produits verriers. Nous sommes ainsi capables de répondre à toutes les demandes, qu’il s’agisse d’un palonnier à ventouses –d’atelier ou de chantier – de nouvelle génération avec écran Leds de contrôle, d’un chariot manuel de pose, d’un robot de pose ou encore d’une minigrue, etc. L’aspect le plus innovant des équipements que nous présentons réside dans la généralisation des motorisations alimentées par des batteries lithium-ion sur les mini-grues araignées. Les questions environnementales poussent les fabricants de machines à développer leur gamme en "tout électrique". Cela nous permet de mieux répondre aux besoins des chantiers et de limiter les pollutions, en travail intérieur comme extérieur.
Evolution de l’ergonomie et état des lieux avec Catherine Crestey, gérante de Comall France
la Linea complète de Comall © Comall
Depuis deux ans, la filiale hexagonale du groupe italien Comall perçoit une volonté des entreprises d’améliorer l’ergonomie des postes de travail et des flux de production. Depuis 25 ans (janvier 1996), implantée à Ancenis (44), elle fabrique et fournit uniquement des machines de production aux entreprises de France métropolitaine et des DOM-TOM, auxquelles elle propose aussi des solutions logistiques. Comall France rayonne aussi en Belgique, commercialise, installe et assure également le service après-vente des machines et équipements produits par la maison-mère.
« Mais quelles sont donc les actuelles tendances du marché ? »
Nous recevons toujours la même quantité de demandes, mais c’est le produit qui change. Depuis deux ans, nous constatons que les entreprises sont plutôt bien équipées en termes de machines de production liées au débit et à l’usinage. Elles se tournent à présent vers les chariots et la manutention qui permettent d’améliorer l’ergonomie et les flux. Cette demande est constante. Elle s’accroît dans les domaines de la logistique et de la transitique, pour d’une part, améliorer la productivité de l’entreprise. Une barre qui tombe, c’est une barre rayée ou tordue, donc de la rentabilité en moins, d’autant plus si cette barre a déjà été sciée et travaillée. Autant investir dans un chariot de qualité pour la transporter et la préserver durant le flux. Et puis d’autre part, il y a la volonté d’éviter les accidents du travail et de renforcer l’ergonomie des postes.
« Quelles évolutions des conditions de travail constatez-vous ? »
Les responsables d’entreprise sont de plus en plus sensibilisés à l’ergonomie et à la prévention des Troubles Musculo- Squelettiques (TMS) notamment. L’organisation de l’atelier revêt aujourd’hui une importance primordiale par rapport à la qualité de fabrication, à la sécurité des opérateurs et à la rentabilité de l’entreprise. L’organisation du flux permet de gagner du temps et de faire reculer les opérations de maintenance qui peuvent occasionner des accidents.
Aujourd’hui, les très grosses entreprises sont très attirées par le 4.0 qui comprend la logistique automatisée. C’est une tendance de fond européenne et pas seulement française. Et les artisans et petites structures se sont à leur tour emparés du sujet.
« Comment vivez-vous les impacts du contexte actuel ? »
La conjoncture économique est favorable à Comall malgré la crise sanitaire. Le secteur de la menuiserie reste actif grâce à la demande des particuliers. Ne pouvant partir en voyage ou profiter à plein des loisirs en raison du Covid, ils s’occupent d’améliorer leur logement et font refaire leur portail, leur porte d’entrée, changent leurs fenêtres… Cette activité soutenue permet aux entreprises de maintenir des projets qui se traduisent par des améliorations de produits. Par ricochet, nous recueillons des demandes.
« Quels sont les avantages à investir dans des chariots et tables de montage ? »
C’est un double investissement gagnant. Certains clients changent leurs tréteaux pour passer sur une table de montage rotative et inclinable. C’est certes un investissement de l’ordre de quelques milliers d’euros mais qui permet à un opérateur de travailler tout seul. Outre les fleurons déjà très engagés en termes de logistique automatisée, d’autres acteurs, plus petits, s’y intéressent à leur niveau et investissent dans des chariots et des tables de montage car ils ont à y gagner, en termes d’ergonomie, de sécurité et de rentabilité.
ATN Platforms : des engins agiles pour éviter la corvée du transport du verre à la main
Créée en 2000 par le fondateur de la société de location Accès Industrie, la société ATN conçoit et fabrique des plateformes élévatrices dans le Lot-et-Garonne depuis plus de 20 ans. Rachetée par la filiale française du groupe italien Fassi, devenue ATN Platforms, elle fait désormais partie de la holding CTELM que préside Roger Boutonnet et qui englobe trois entités distinctes : Fassi France qui distribue les grues Fassi dans l’Hexagone ; Marrel qui fabrique des bras de levage et ATN, spécialiste de la nacelle élévatrice.
Directeur d’ATN Platforms, Gilles Cheval revient sur les fondamentaux de ses équipements.
« Comment s’inscrit actuellement le positionnement d’ATN Platforms sur son marché et ses évolutions? »
Aujourd’hui, nous employons 60 personnes et réalisons 10 M€ de chiffre d’affaires. Depuis l’origine, la conception des machines d’ATN a toujours tenu compte des exigences des loueurs de nacelles. Aux yeux des utilisateurs, nos machines possèdent de réels atouts. Pour exemple, certains clients avaient passé des commandes en 2017. Malgré les difficultés, ils les ont maintenues : les dernières machines ont été livrées début 2020. Cette confiance fait la force d’ATN. C’est aussi pour cela que le groupe Fassi a racheté l’entreprise.
Présenté par ATN Platforms lors du salon Bâtimat 2019, le mini picker Jekko MPK06 avait suscité la très grande curiosité des menuisiers. Il peut manutentionner jusqu’à 600 kg de verre plus rapidement qu’une mini-grue dont il est le complément. Il est particulièrement adapté à la pose de verre dans une galerie marchande ou dans les étages d’un bâtiment. Une nouvelle version, d’une capacité d’emport supérieure, est à l’étude. © ATN Platforms
Actuellement, ATN Platforms poursuit son activité d’origine et, depuis un peu plus d’un an, elle en a ajouté une nouvelle : la distribution en France de machines complémentaires à celles qu’elle fabrique. C’est le cas des mini-grues araignées Jekko – dont Fassi France a décidé de confier la commercialisation à ATN – et des nacelles électriques à ciseaux Sinoboom. Nous avons signé notre partenariat avec Sinoboom en septembre 2020, lors des JDL. Nous livrons nos premières machines en ce mois de février 2021. Si les grues Fassi et les bras Marrel se déplacent grâce à des camions, les grues Jekko et les plateformes ATN sont automotrices, ce qui intéresse les mêmes clients, désireux de mettre en oeuvre des solutions agiles sur les chantiers difficiles d’accès, notamment dans les centres-villes.
« Quel matériel spécifique proposez-vous pour la pose du verre ? »
S’agissant de la pose du verre – l’une des activités importantes de Jekko – la compacité des machines est un atout pour se faufiler dans les centres commerciaux ou sur les chantiers de rénovation. Nos machines interviennent sur les tours du quartier de la Défense aussi bien que dans des églises. Elles parviennent à se stabiliser, même dans des espaces contraints pour opérer en toute sécurité. Les minigrues Jekko peuvent être biénergies (diesel et électrique) ou entièrement électriques.
Chenillée, la mini-grue araignée Jekko SPX 424 et son robot de vitrage proposés par ATN Platforms, peuvent intervenir sur des sols meubles ou secs. Ses stabilisateurs lui permettent de travailler en milieu contraint tout en restant stable. Tractable sur une remorque, elle peut être laissée sur place lors d’un chantier long © ATN Platforms
Dans le premier cas, l’approche du chantier s’effectue en mode diesel et, une fois sur place, on passe en mode électrique, mais cela suppose d’être branché au secteur. Dans le second cas, la machine est autonome, avec son chargeur et sa batterie et travaille sans pollution sonore et sans rejeter de gaz d’échappement, ce qui la rend apte aux travaux à l’intérieur des bâtiments. Le marché est favorable à ce type de machine dont on parle beaucoup en ce moment. Il y a une vraie accélération de la demande. Mais je suis convaincu qu’il faut aussi préserver les machines plus polyvalentes car il n’y a pas toujours de courant sur les chantiers. Et quand tout le monde sera équipé et qu’il y aura 25 nacelles et trois minipelles électriques à l’oeuvre, cela risque d’être la guerre des rallonges et des prises. Reste que la différence de prix est significative entre les deux types de machines et selon leur technicité, en raison des équipements et des batteries. Elle peut atteindre une fourchette comprise entre +50 et +80 %. Certaines machines tout électriques embarquent une génératrice, comparable à un groupe électrogène, qui permet de recharger la batterie de manière autonome. Il est aussi possible de recharger la machine à vitesse réduite sur une ligne de 220 volts mais elle ne délivrera sa force de manoeuvre que sur une installation de 380 volts.
Si le poids du verre est immuable – soit 2,5 kg par millimètre et par mètre carré – la mode est à l’emploi de vitrages de plus en plus grands. Il devient donc difficile de trouver la main-d’oeuvre désireuse de manipuler, à longueur de journée et sans outil de manutention, ces charges de plus en plus lourdes. Dans une dizaine d’années, je pense que les manutentions humaines auront disparu dans les usines de fabrication de double vitrage. Elles se raréfieront aussi sur les chantiers car les poseurs peinent à transporter des vitrages de 50, 60 ou 100 kg, surtout dans des positions peu ergonomiques. Les mini pickers spécialisés dans le transport du verre permettent de gagner du temps. Ils sécurisent le transport et la pose : il y a moins de risque de casse, donc moins d’aléas sur le chantier. Et ils épargnent les accidents du travail. Ils ont donc un bel avenir…
Photo d'ouverture : © Palvac
Source : verre-menuiserie.com