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Le scénario, prévu fin 2018, pour 2019 est en cours de réalisation. L?activité immédiate des entreprises de bâtiment ressort à haut niveau sur le début de l?année, avec des carnets de commande à 6,5 mois
Dans le même temps, les signes avant-coureurs d’un dénouement moins plaisant sur la fin 2019 se confirment côté logement neuf.
Sur ce segment, les mises en chantier, qui affichaient -3,9 % sur 2018, ressortent à -11,1 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2019. Elles suivent ainsi les permis, en baisse de 6,1 % en 2018 et de 6,9 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2019. Il faut toutefois signaler que le recul des ventes de logement dans l’individuel diffus a cessé de s’accentuer depuis la fin de l’automne 2018. On relève même une très légère hausse de 1,1 % toujours en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2019, après une chute de 11,1 % en 2018. Le rabotage du PTZ a donc bien conduit à descendre d’un palier. Nous y sommes côté ventes, mais cela pèsera sur l’activité en 2019. Sur l’ensemble du logement neuf, la FFB conserve donc sa prévision d’une baisse d’environ 30 000 mises en chantier pour atteindre 392 000 unités, ce qui reste encore un score honorable au regard des 360 000 de la moyenne de long terme (1980-2017).
Sur le non résidentiel neuf, après les hésitations de la fin 2018, le redressement attendu se dessine effectivement. Certes, hors bâtiments agricoles, en glissement annuel sur trois mois à fin janvier, les surfaces commencées abandonnent encore 4,5 %, mais les surfaces autorisées progressent de 6,5 %. Ce double mouvement s’avère notamment porté par les locaux industriels et assimilés, ainsi que par les bâtiments administratifs. En revanche, la crise sur le marché des locaux commerciaux s’approfondit. Reste qu’au global, 2019 devrait s’avérer une bonne année pour le non résidentiel neuf.
Sur le marché de l’amélioration-entretien, qui représente 56 % de l’activité des entreprises, une relative stabilisation prévaut, malgré un choc sur le segment de la rénovation énergétique du logement fin 2018. Il s’explique très probablement par les modifications du CITE et, plus globalement, par les atermoiements sur les dispositifs en faveur de ce segment lors des débats de la loi de Finances pour 2019.
Les éléments de l’intrigue se mettent donc tous en place, fidèles au scénario. Alors que la croissance économique faiblira en 2020 et que les élections municipales provoqueront un repli de la commande publique, la baisse de la commande en logement neuf se traduirait par l’amorce d’une nouvelle crise du secteur.
Cependant, nous travaillons activement à un renversement de situation qui permettrait un happy end demeure possible. Les marchés financiers restant favorablement orientés, il ne peut venir que de l’environnement institutionnel. À cette fin, la FFB milite pour un retour du PTZ dans son calibrage d’avant 2018, c’est-à-dire avec une quotité ramenée à 40 % en zones B2 et C, jusqu’à la fin 2021. Elle souhaite aussi que, la piste du « zonage de projet » pour l’éligibilité au dispositif « Pinel » soit mise à l’étude au plus vite par les pouvoirs publics. À noter qu’une expérimentation de ce type est prévue dans le cadre du Contrat d'action publique pour la Bretagne, signé en février dernier. De plus, la FFB souhaite la mise en œuvre rapide du Plan d’investissement volontaire d’Action logement. La FFB demande encore que l’avenir du CITE soit clarifiée sans attendre. En la matière, les allers-retours de 2018 ont eu des effets catastrophiques, comme déjà signalé. Or, la réussite de la transition énergétique, exigence incontournable, passe nécessairement par la rénovation du parc bâti. Enfin, la question de l’avenir de la RLS (réduction de loyer de solidarité) doit être tranchée au plus vite, à l’aune des premiers retours d’expérience et avec le souci d’éviter un choc d’offre négatif.
Par ailleurs, les bouleversements intervenus dans les pays de l’Union et chez ses partenaires appellent à recentrer le débat, à l’occasion des élections européennes, vers les attentes immédiates de nos concitoyens. Des avancées en ce sens s’observent déjà. Il en va ainsi du Plan Juncker, qui a notamment permis de financer des opérations de rénovation énergétique d’envergure en France. De même, le durcissement des règles de détachement devrait permettre d’assurer une concurrence plus équitable, sous réserve que les gouvernements nationaux se saisissent des possibilités offertes. On peut encore citer les négociations visant à renforcer les capacités de surveillance du régulateur européen des assurances, notamment suite aux alertes de la FFB sur les risques liés aux défaillances de plusieurs assureurs intervenant en libre prestation de service sur le sol français.
À la lumière de cette exigence, la FFB dévoilera prochainement un manifeste en vue des élections européennes de mai 2019, articulé avec celui de la Fédération de l’industrie européenne de la construction (FIEC). Il porte trois principaux messages à l’attention des futurs parlementaires européens et des institutions européennes :
- premièrement, toute initiative destinée à renforcer la libre circulation au sein du marché intérieur, qu’il s’agisse des entreprises, des services, des travailleurs ou des produits, doit à l’avenir tenir réellement compte des risques de contournements et de fraudes. La mobilisation de l’UE contre la concurrence déloyale est indispensable au retour de la confiance en ses institutions ;
- deuxièmement, il faut alléger les contraintes règlementaires pesant sur les entreprises, notamment les PME. Cela requiert, entre autres, la clarification de certains textes, tels que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) ou le règlement sur les produits de construction ;
- troisièmement, la FFB demande à l’Union européenne de renforcer son accompagnement des marchés du bâtiment, en lien avec les grands enjeux de société que constituent la transition écologique, la transition numérique ou la lutte contre les fractures territoriales.
Ces propositions adressées aux autorités nationales et européennes doivent permettre d’éviter une entrée en crise trop rapide du bâtiment, alors que les entreprises souffrent encore de coûts trop élevés pour dégager des marges et assurer leur avenir. Or, le secteur s’avère l’un des derniers employeurs sur tous les territoires. Il a certes connu un net redressement de 51 000 postes en 2017 et 2018, mais cela ne compense pas les 183 000 emplois perdus entre 2008 et 2016. Quant à 2019, compte tenu d’une activité encore soutenue, mais aussi des difficultés de recrutement qui restent intenses et des incertitudes sur l’avenir, le bâtiment devrait encore créer de l’ordre de 5 000 postes, dont 3 000 salariés. Le tassement ressort donc net.
Autres sujets d’inquiétude, celui de la formation des artisans. Depuis le 15 mars, plus aucune demande de financement n’est honorée, suite aux informations communiquées par le Fonds d’assurance formation des chefs d’entreprise artisanale (FAFCEA). Alors qu’une importante réforme de la formation se met en place, il est incompréhensible qu’une telle impasse soit annoncée si tardivement et sans perspective de solution. Il est primordial de préserver immédiatement l’accès à la formation professionnelle, qui est un enjeu essentiel pour les artisans et les chefs d’entreprises artisanales.
Par ailleurs, le projet de loi Pacte comporte de grands dangers sur la partie artisanale.
D’une part, alors que 65 % des artisans ressortent à la fois des CCI et des CMA, nous avons toujours manifesté notre volonté de réformer les réseaux consulaires afin de garantir aux artisans des services de proximité et de qualité. Le projet de loi Pacte, en instituant la régionalisation obligatoire des CMA, va à l’encontre de cette nécessaire proximité territoriale. La régionalisation à marche forcée ne peut qu’aggraver la tendance à la désaffection croissante des chambres consulaires. C’est pourquoi, nous plaidons pour conserver la proximité territoriale des CMA, tout en réformant leur gouvernance. Nous prônons également la mise en place d’une démarche de mutualisation des services et des moyens entre les CCI et les CMA.
D’autre part, la FFB déplore les nouvelles facilités accordées aux microentrepreneurs : la suppression de l’obligation de comptes bancaires séparés entre les activités professionnelles et personnelles ne concourra pas à assainir ce régime, qui participe déjà largement à blanchir le travail illégal chez les particuliers. C’est pourquoi, la FFB réclame toujours et encore l’exclusion des métiers du bâtiment du champ de la microentreprise ou, a minima, l’interdiction de cumuler l’activité de microentreprise avec celle de salarié dans le même secteur d’activité et de limiter à deux ans le bénéfice du régime.
Ces garde-fous apparaissent indispensables au moment où les plateformes numériques de travaux offrent des potentialités décuplées et favorisent donc des dérives. La FFB a d’ailleurs engagé récemment une action auprès de la direction de la consommation et de la répression des fraudes pour dénoncer plusieurs situations de publicité mensongère véhiculées par certaines plateformes.
Source : verre-menuiserie.com