Châssis, portail, oeil de boeuf.
.. le cintrage, exercice de haute précision, nécessite un véritable savoir-faire, détenu dans quelques ateliers spécialisés... qui répondent aux demandes les plus spécifiques.
" Le cintrage est une tâche complexe qui fait appel à plusieurs compétences ; il faut à la fois, maîtriser la technique afin de déformer le profilé le moins possible, et l'assemblage, pour garantir l'étanchéité de la menuiserie " explique Christine Stein, co-Gérante d'Alco Cintrage, spécialiste des menuiseries aluminium. Un avis que partage Arnaud Jaubert, Gérant de Lorraine Cintrage Services, qui ne cintre que du PVC. " Les matériaux font appel à des techniques différentes, alors que l'aluminium subit une déformation mécanique, le PVC est traité en deux étapes, la chauffe (120°) puis la mise en forme après ramollissement " ajoute-t-il.
Le métier innove, suivant l'évolution des gammes, et traite des profils de plus en plus épais. L'activité, de niche, est portée par la rénovation. Sur le marché, trois solutions s'offrent aux fabricants de menuiserie : s'équiper et investir dans une machine, externaliser la fonction et la sous-traiter à façon, c'est-à-dire en fournissant la barre droite au prestataire et en la récupérant pour la monter, et enfin, sous-traiter la totalité de la fabrication du profilé qui sort de l'atelier du prestataire, cintré, laqué et monté. Le choix dépend des volumes à cintrer, du type de fabrication (fenêtre, porte-fenêtre ou éléments de façade) et de la nature de la production (en série ou diffus). En cas d'acquisition d'une cintreuse, il faut prévoir " un atelier spécifique et le confier à un spécialiste " affirme Jean- Christophe Colombo, Gérant de JC Colombo, fournisseur de machine, " mais le fabricant peut alors devenir lui-même prestataire de service pour ses confrères ".
Externaliser la fonction
Une poignée d'acteurs se dispute ce marché. Les uns cintrent au cas par cas les barres fournies par leurs clients, d'autres ne cintrent que certaines gammes, pour lesquelles ils disposent d'un outillage spécifique, parfois d'un stock. STMO a fait du cintrage à façon sa spécialité. " Nous cintrons à froid des profilés en acier, en aluminium et en inox pour la menuiserie, à partir d'un plan ou d'un gabarit, y compris les barres déjà laquées " précise Eliane Delaistre, Gérante de STMO. Un nouveau venu depuis trois ans, MSM Aluminium propose des prestations de cintrage de profilés aluminium à la demande, avec deux types de finition : prêt-à-poser ou prêt-à-vitrer, alors que ses concurrents fournissent du prêt-à-monter. " Nous estimons que ce positionnement simplifie la tâche de nos clients qui n'ont plus besoin de monter les menuiseries dans leur propre atelier " glisse Gwenaël Malarde, Président de MSM aluminium. Suivant une stratégie différente, Alco Cintrage travaille quatre gammes issues de chez Sapa, Schu?co, Sepalumic et Technal. " Nous cintrons certains profilés suivant une technique à froid, mais pas l'ensemble de leurs offres " déclare Christine Stein. Même stratégie chez Ouest Cintrage qui travaille essentiellement les profilés PVC de Deceuninck, mais aussi ceux de Profex, Veka et Kawneer pour l'aluminium. " Deceuninck nous a accompagné au démarrage de l'activité de cintreur il y a une vingtaine d'années, nous sommes leur plus gros acheteur sur ce segment, c'est pourquoi nous affichons des prix compétitifs " affirme Pascal Gérault, Pdg. " Néanmoins ", explique-t-il, " le prix n'est pas le critère de choix numéro 1, le service est plus important, nous devons être réactifs en termes de délais et d'imprévus ". Lorraine Cintrage Services traite, entre autres, les profilés de Rehau, Schu?co, Deceuninck, Veka, Kömmerling, Profialis, etc. Au total, 12 gammes. " Nous avons élargi les gammes et nous gérons les stocks afin de réduire les temps de fabrication " commente Arnaud Jaubert.
Intégrer un atelier
Profils Systèmes a intégré un atelier de cintrage dans son usine. " Nous ne sommes pas des spécialistes, mais nous cintrons les principaux profilés de nos gammes pour des produits standards comme les fenêtres à la française " indique Aymeric Reinert, Directeur général adjoint. " Il s'agit d'un service proposé à nos clients pour leur éviter de traiter des problématiques logistiques supplémentaires liées à la multiplication de sous-traitants. Les profils peuvent donc être cintrés et laqués sur un même site " ajoute-t-il. Outre ce gammiste, une poignée de fabricants en font autant. C'est le cas de Maugin. " Nous cintrons uniquement nos propres produits en PVC, mais nous intègrerons le cintrage aluminium dès la fin de l'année ou tout début 2016, car nos clients ont de réels besoins " annonce Philippe Catel, Directeur de production et de maintenance chez Maugin. Tellier a un double positionnement, avec Tellier Menuiserie pour la production de menuiserie cintrée suivant le cahier des charges de ses clients, et Formes-Alu (entreprise intégrée fin 2014) qui assure la prestation à façon. " Notre objectif est de créer des synergies entre les deux structures afin d'augmenter nos capacités techniques ; d'ailleurs, nous présenterons des innovations lors du prochain salon Batimat " promet Alban Neveu, Directeur général de Tellier. Une bonne nouvelle dans un secteur resté assez secret et qui fait perdurer un savoir-faire artisanal.
Zoom sur la 3C, une cintreuse acier, alu et PVC
La machine 3C, fabriquée conjointement par Clomea et JC Colombo, cintre désormais les profilés aluminium en plus des profilés en acier et PVC. Différents modèles répondent aux différents besoins, selon le type de profilé à sertir. " Nos cintreuses sont équipées de trois galets en acier pour un maintien et un entraînement parfait du profilé pendant le cycle de cintrage " commente Jean-Christophe Colombo, Gérant de JC Colombo. Prix : entre 35 000 Euro(s) et 60 000 Euro(s).